En passant outre la
désastreuse adaptation de Steven Spielberg en 2005, Le roman de
science-fiction La Guerre des Monde de H.G.Wells publié en
1898 a d'abord inspiré une série de feuilletons radiophoniques dont
le plus célèbre demeure celui défraya la chronique en 1938. Conté
par le réalisateur, acteur, producteur et scénariste Orson Wells
et interprété par la troupe du Mercury Theatre, l'émission
radiophonique provoqua, selon la légende, un vent de panique sans
précédent, convaincant ainsi des milliers d'américains que notre
planète était attaquée par des extraterrestres. Une légende, oui,
car en réalité, peu d'individus furent véritablement emportés par
la peur d'être les victimes d'êtres venus d'ailleurs. En 1958, le
cinéaste Byron Haskin réalisera la première adaptation
cinématographique du roman de H.G.Wells en se concentrant ainsi fort
logiquement sur l'ouvrage de l'écrivain et non pas sur les
conséquences de son adaptation radiophonique par Orson Wells.
Il faudra donc attendre
2017 et le film Brave New Jersey pour espérer assister
à ce qui aurait pu arriver à une population américaine convaincue
que des petits hommes verts (ou gris) ont envahi leur espace aérien
et terrestre. Tout nos espoirs se fondent donc sur le film de Jody
Lambert, le seul a avoir eu, semble-t-il, la présence d'esprit
d'aborder un sujet en or. Un scénario servi « clés
en main » et
prêt
à nourrir des milliers, voire des millions, de fans de
science-fiction sur un sujet devenu à travers les décennies, un
monument dans le genre « invasion
extraterrestre ».
Et pourtant, de science-fiction, ici, il ne s'agira jamais vraiment.
Car comme le veut le sujet, qui ne fut qu'un immense canular, pas la
peine d'espérer y voir débarquer une armada de dangereuses
créatures aux immenses yeux noirs, au crâne sur-développé et à
la peau grisâtre. Ici, tout n'étant qu'une supercherie, l'événement
qui en apparence va se produire dans la région où sont implantés
les rednecks de la fictive petite localité de Lullaby ne souffrira
d'aucune présence hostile de la part d'êtres venus d'une autre
galaxie. En fait d'individus inamicaux, ce sont surtout contre les
habitants de Lullaby eux-mêmes que devront se défendre ses
principaux interprètes, Tony Hale et Heather Burns, lesquels campent
respectivement les rôles du Maire Clark Hill et de Lorraine Davison,
femme du notable Paul Davison.
Mieux
vaut être prévenus dès le départ, Brave
New Jersey
n'est pas l'excellente surprise à laquelle on pourrait s'attendre.
Le film de Jody Lambert s'emploie à décrire le mal-être de
certains de ses personnages. De l'abandon d'une épouse et mère par
son poltron et adultère de mari jusqu'au maire, un individu aussi
transparent qu'inconsistant, en passant par l'ancien combattant
rêvant de renouer avec son métier d'officier dans l'armée
américaine. Sans oublier le prêtre dont les fondements s'écroulent
l'un après l'autre jusqu'à ce qu'un révélation divine et
extraterrestre le remette sur le droit chemin. Jody Lambert tente de
renouer avec le charme d'antan. Celui des vieilles bandes de
science-fiction des années cinquante tout en y parvenant avec plus
ou moins de succès. Malheureusement, Brave
New Jersey
traîne en longueur. Voir ses personnages s'entredéchirer provoque
le même type d'ennui que celui ressenti devant un épisode de
Derrick
ou des Feux
de l'Amour.
C'est d'autan plus navrant que les acteurs sont plutôt bons et que
la fin relève le niveau alors même que l’encéphalogramme
demeurait jusque là, dramatiquement plat.
On
s'ennuie parfois tellement que l'on se prend à espérer que l'auteur
de Brave
New Jersey
va s'employer à modifier le cours des événements pour nous
montrer, contrairement à la réalité des événements qui se sont
produits en 1938, de véritables envahisseurs, transgressant ainsi
l'histoire du canular orchestré par Orson Welles. Mais non, ici,
rien de tout ceci. En fait, tout ce que l'on pouvait espérer de
Brave
New Jersey
fut abordé cinquante-sept ans plus tôt dans l'excellent épisode de
la quatrième dimension, Les
Monstres de Maple Street.
A voir pour ceux qui ne connaîtraient pas encore ce monument de
paranoïa qui renvoie directement au sujet incarné par le canular
radiophonique datant de 1938...
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