Né au milieu des années soixante et surtout très actif durant la
décennie suivante, le courant cinématographique Blaxploitation
s'est aventuré parfois dans les domaines de la science-fiction et du
fantastique ( The Meteor Man de Robert Towsend ou
Brother from Another Planet de John Sayles), et a
produit quelques longs-métrages essentiellement inspirés des grands
mythes du cinéma d'épouvante. Tels Blacula de William
Crain, Blackenstein de William A. Levey, ou comme ici,
Dr. Black and Mister Hyde, lui aussi réalisé par
William Crain. La spécificité de ces films, on l'aura compris étant
d'avoir comme principaux interprètes, des actrices et acteurs noirs.
Des films qui n'engageaient pour la plupart que des acteurs noirs
bien que quelques blancs étaient « autorisés » à
y participer. Dr. Black and Mister Hyde est
l'adaptation en mode « blaxploitation »
du
célèbre roman de Robert Louis Stevenson, L'Étrange
Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde.
Mais contrairement au docteur Jeckyll, lequel mettait au point une
drogue lui permettant de « distinguer »
son bon côté du mauvais, le Docteur Pride est quant à lui
préoccupé par les troubles hépatiques et par la dégénérations
des cellules du foie auxquels il tente de trouver une solution à
travers la composition d'un sérum déjà testé sur des rats.
N'obtenant que des résultats en dessous de ses attentes, le Docteur
Pride décide de tester le sérum sur les prostituées travaillant en
ville. Le caractère particulier de ce choix renvoie le film de
William Crain à l'univers d'un autre grand mythe du cinéma, lequel
a de surcroît réellement existé, le célèbre tueur en série Jack
l'éventreur (l'un des meurtres étant d'ailleurs commis dans une
ruelle aussi sombre et insalubre que le quartier de Whitechapel de la
fin du dix-neuvième siècle).
L'homme
blanc étant souvent le vilain petit canard du cinéma de
blaxploitation, William Crain use d'une méthode assez particulière
pour confirmer ce choix que certains jugeront sans doute un peu trop
xénophobe à leur goût. Car le sympathique Docteur Pride, celui qui
défend la veuve et l'orphelin, qui prête une attention toute
particulière aux prostituées de la ville, une fois le sérum
injecté dans ses propres veines, perd sa pigmentation. En individu
devenu presque entièrement blanc et au visage déformé par la
haine, il traque ses proies. Toujours les mêmes. Des filles de joie,
et notamment Linda Monte, elle-même prostituée de profession. Une
jeune femme sur laquelle le monstrueux Pride, devenu pour l'occasion,
Mister Hyde, va s'acharner. Dr.
Black and Mister Hyde semble
cacher un message beaucoup plus profond qu'il n'y paraît. Surtout si
on le compare à l'étude clinique de Tuskegee sur la syphilis qui
eut lieu entre 1932 et 1972 et durant laquelle des métayers
afro-américains atteints de syphilis servaient de cobayes sans leur
consentement, sans qu'à aucun moment ne leur furent prodigués les
soins nécessaires à leur guérison. Un scandale qui transparaît
ici à travers l'insistance du Docteur Pride envers la jeune Linda à
laquelle il veut absolument injecter son sérum.
Si
Dr. Black and Mister
Hyde est
loin d'atteindre certains grands classiques basés sur le roman de
Robert Louis Stevenson, le film de William Crain demeure cependant
fort agréable à regarder et reste l'un des rares témoignages d'un
cinéma de blaxploitation ayant choisi d'adapter des œuvres
littéraires fantastiques célèbres. Bernie Casey y est le principal
interprète. L'acteur jouera dans un certain nombre de films et
apparaîtra dans plusieurs longs-métrages « classiques »
tels que L'homme qui
Venait d'Ailleurs de
Nicolas Roeg, le James Bond Jamais
plus Jamais,
48 Heures de Plus,
ou encore L'Antre de la
Folie
de John Carpenter. A ses côtés on retrouve notamment les actrices
Rosalind Cash et Marie O'Henry et au générique, on constatera la
présence dans le domaine des effets-spéciaux, un petit maquilleur
qui deviendra bientôt l'un des géants de la profession, un certain
Stan Winston (Terminator
2,
The Thing,
Aliens, le Retour,
Predator,
etc...)...
Oh mon dieu ! Comment l'as-tu trouvé ? Mon cauchemar d'enfance, ce film, tant et si bien que j'ai l'impression que ça a conditionné ma vie !
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