Acteur, scénariste et
réalisateur, Emmanuel Courcol est revenu l'année dernière avec En
Fanfare,
quatre ans après avoir mis en scène la sympathique comédie
dramatique Un triomphe
dans laquelle le personnage d'Etienne Carboni qu'interprétait Kad
Merad animait un atelier de théâtre dans l'objectif de faire
participer plusieurs détenus afin de monter la pièce En
attendant Godot
de Samuel Beckett. Autre lieu, autres personnages, autre intrigue, En
fanfare n'en
est pas moins le ''frère jumeau'' de cette comédie carcérale
situant cependant cette fois-ci la majeure partie de son intrigue
dans la ville de Walincourt située dans les Hauts de France. C'est
là-bas que vit Jimmy Lecocq, employé dans les cuisines d'une
entreprise vouée à la fermeture malgré les protestations des
employés qui y siègent afin d'empêcher la direction de faire vider
les locaux de leurs outils de travail. Jimmy, c'est Pierre Lottin,
acteur originaire d'Issy-les-Moulineaux dans les Hauts-de-Seine qui
s'est surtout fait remarquer du grand public grâce à son
interprétation de Wilfrid, le fils de la famille Tuche dans la série
de films éponymes créés et adaptés par Philippe Mechelen et
Chantal Lauby et mis en scène sur grand écran par Olivier Baroux,
l'ancien partenaire de Kad Merad dans le duo Kad
et Olivier.
Autre interprète principal d'En fanfare,
Benjamin Lavernhe incarne le rôle de Thibaut Desormeaux. Un chef
d'orchestre et compositeur de renommée internationale qui pendant
une répétition fait un malaise. Lors d'un examen médical, le jeune
homme apprend qu'il est atteint d'une leucémie et qu'il doit
impérativement trouver un donneur de moelle osseuse afin de guérir
de la maladie. Thibaut apprend en outre qu'il a un frère qu'il n'a
jamais connu et qui potentiellement pourrait lui venir en aide. Ce
frère, c'est justement Jimmy ! La rencontre entre les deux
hommes ne se fait pas sans heurts. Jimmy accepte mal l'existence d'un
frère qu'il juge d'emblée avoir été privilégié tandis que lui a
été élevé dans des conditions nettement plus... ''laborieuses'' !
Reprenant vaguement l'idée du protagoniste découvrant qu'il a un
frère qu'il n'a jamais connu, le long-métrage d'Emmanuel Courcol
évoque sensiblement Jumeaux mais pas trop
d'Olivier Ducray et Wilfried Méance qui deux ans avant la sortie
d'En fanfare
mettait en scène Ahmed Sylla et Bertrand Usclat dans les rôles de
deux frères improbables (l'un étant noir et l'autre blanc) issus en
outre de milieu diamétralement opposés. À la seule différence que
le long-métrage d'Emmanuel Courcol lui demeure éminemment supérieur
tout en étant parfois d'une gravité accrue.
Le
duo que forment Benjamin Lavernhe et Pierre Lottin fonctionne à
merveille et à plein régime. Accompagnés par une troupe
d'interprètes du cru formant la fanfare du titre, Thibaut va
apporter son aide aux musiciens tout en essayant de convaincre son
frère Jimmy qu'il est capable de diriger lui-même la fanfare. Si En
Fanfare
offre parfois la sensation de se complaire dans une certaine
caricature du monde ouvrier du nord de notre pays avec ses figures
imposées, socialement ''instables'' d'un point de vue intime et
comportemental et où le chômage semble toucher ses habitants plus
que partout ailleurs dans l'hexagone, Emmanuel Courcol offre en
réalité à ses personnages et par contraction à ses interprètes,
un véritable écrin ou altruisme et humanisme côtoient les dures
réalités de la vie. Et où, semble-t-il deux mondes, deux univers
peuvent se télescoper pour n'en faire plus qu'un. Sans jamais
s’apitoyer sur l'un ou l'autre de ses deux personnages principaux,
le réalisateur et les scénaristes Khaled Amara, Oriane Bonduel,
Irène Muscari et Marianne Tomersy, nous offrent l'un de ces rares
moments de magie qui tantôt font rire aux éclats et parfois
touchent au cœur. En outre, le récit prend des chemins de travers
tout à fait inattendus alors que tout semblait plié d'avance. Drôle
et émouvant, En fanfare
est surtout magistralement interprété par Benjamin Lavernhe et
Pierre Lottin mais aussi par Sarah Suco et le reste du casting parmi
lesquels les spectateurs remarqueront notamment l'actrice Ludmila
Mikaël dans le rôle de la mère de Thibault. Malgré ses sept
nominations aux Césars
2024
dont celle du meilleur film, meilleur acteur et révélation
masculine (pour, respectivement, Benjamin Lavernhe et Pierre Lottin)
ou meilleur scénario, le film d'Emmanuel Courcol n'a remporté aucun
prix. Il aura fallut attendre le mois de septembre pour voir cette
comédie dramatique remporter le prix du meilleur film de la part du
public au Festival
international du film de Saint-Sébastien...
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