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vendredi 18 mai 2018

Sorgoï Prakov, my European Dream de Rafaël Cherkaski (2013) - ★★★★★★★★☆☆


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On sait peu de choses sur l'acteur et réalisateur français Rafaël Cherkaski si ce n'est qu'il est originaire de Lyon, qu'il est parti vivre dans les DOM-TOM durant son enfance et qu'il reviendra dans l'hexagone afin d'y suivre des courts aux Beaux-Arts de Paris. Sorgoï Prakov, my European Dream est le premier et actuellement, seul long-métrage de ce jeune français qui pour ainsi dire, redéfini les codes du found-footage dans ce qui demeurera sans doute longtemps comme un choc visuel et sensitif. D'une durée n'excédant pas les quatre-vingt cinq minutes, le cinéaste nous invite à un voyage dans la capitale française, début de ce qui aurait dû être un long périple pour Sorgoï Prakov, habitant de ce pays imaginaire qu'est la Sdovie, une contrée coincée entre Russie et Biélorussie. Ayant déjà prévu de visiter parmi les plus importantes capitales européennes afin d'y trouver son rêve européen, le voyage de Sorgoï ne va cependant pas se dérouler comme il l'avait prévu.
Si dans un premier temps tout se déroule à merveille, avec la rencontre des habitants de la capitale, et la visite de divers monuments dont l'inévitable Tour Eiffel, peu à peu, une série de circonstances vont plonger le héros de ce voyage filmé en mode found-footage (une caméra fixée sur la tempe droite et une autre à l'extrémité d'une perche selfie), dans un univers en totale opposition avec ce qu'il espérait trouver. Son 'european dream' se mue alors en un cauchemar cruel et dépaysant. Même en étant soit même originaire du pays, les choix du réalisateur en matière de mise en scène font que l'on ressent assez vite le danger d'une cité qui la nuit, livre ses sombres secrets. La faune nocturne ne ressemblant qu'en de très rares occasions à celle que l'on croise de jour, Sorgoï est très vitre confronté à des difficultés qui le dépassent. Invité par de sympathiques autochtones, il se laisse attirer par l'alcool et la drogue, perd ses papiers, et n'a plus les moyens financiers de s'offrir de quoi manger et dormir.

A la rue, le journaliste amateur dont les producteurs semblent se désintéresser, finit par ressembler à certains des 'fantômes' qu'il a l'habitude de croiser la nuit. Une cloche qui de plus en plus, se dégrade aussi bien mentalement que physiquement. Les jours, les semaines passent et Sorgoï semble coincé dans ce pays qui lui est étranger. Buvant de plus en plus de piquette, l'homme perd la tête et ne parvient plus à raisonner convenablement. C'est alors pour Sorgoï et ceux qui ont le malheur de croiser sa route, une véritable descente aux enfers...

Ce que semble avoir parfaitement intégré Rafaël Cherkaski dans son très étonnant long-métrage demeure dans la déchéance psychologique dont le personnage qu'il interprète lui-même à merveille est victime. Proche de la schizophrénie, Sorgoï rappelle quelque part le traumatisant sans-abris schizophrène de l'hallucinant Crazy Murder de Doug Gerger (un patronyme qui colle parfaitement à l'ambiance général de ce film culte, mais dérangé). Si celui-ci est déjà bien atteint du bulbe, ce qui frappe les esprits dans le film du français, c'est la totale transformation d'un touriste bien sous tous rapports (aussi bien physiquement qu'intellectuellement) en animal avide de sang. En différentes étapes, Rafaël Cherkaski démonte la structure mentale d'un homme hors des frontières de son pays, lâché dans un milieu urbain très hostile, et faisant face à certaines carences en employant des moyens que n'importe qui considérera de condamnables. L'acteur-réalisateur donne de sa personne et afin de donner du crédit à ce faux-documentaire incroyablement réaliste, il ira jusqu'à perdre un certain nombre de kilos, allant même jusqu'à se raser le crâne et les sourcils afin d'appuyer davantage encore la thèse de la schizophrénie.

Si Sorgoï Prakov, my European Dream n'est pas véritablement à mettre dans la section films d'horreur, il n'empêche que le portrait saisissant qu'en fait Rafaël Cherkaski est grandement anxiogène. Le cinéaste s'amuse d'abord à nous exhiber un touriste naïf, sur une musique jouée à l'accordéon, LE cliché de rigueur, pour entrer dans la tête d'un homme qui finira par ne plus s'exprimer que par borborygmes. Sorgoï Prakov, my European Dream est une œuvre terrible, sans concessions, un choc visuel comme rarement la France en a proposé à ce jour. Pascal Laugier et son Martyrs peuvent aller se rhabiller. Le vrai grand choc nous vient en réalité de ce tout jeune cinéaste qu'est Rafaël Cherkaski. Un auteur plein de promesses dont on attend la suite avec impatience...

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