S'il ressemble tout
d'abord à l'excellent Isolation
du réalisateur irlandais Billy O'Brien et s'il est parfois ''vendu''
comme une alternative aux classiques de l'horreur ou de la
science-fiction que sont La mouche
de David Cronenberg, Alien
de Ridley Scott ou encore The Thing
de John Carpenter, ne nous y trompons pas : The
Demon Disorder
(que l'on traduira chez nous sous le titre Le
trouble démoniaque)
n'en a ni la saveur, ni l'aura, ni les qualités artistiques ou
techniques. Du moins accorderons-nous à ce petit Body
Horror
l'avantage de ne pas dépasser les quatre-vingt six minutes. Ce qui
en soit devrait permettre aux amateurs du genre de tenir jusqu'au
terme de cette aventure situant son action en milieu rural, entre
film de possession et délires organiques. Premier long-métrage de
Steven Boyle, il s'agit sans doute avant tout pour ce spécialiste
des effets-spéciaux prosthétiques de donner corps à son métier et
sa passion en passant directement derrière la caméra tout en
offrant à son équipe de concepteurs de donner vie à des créatures
monstrueuses parfois du plus bel effet. Un bon point donc pour ce
film aussi étrange dans son mélange des genres qu'inabouti dans sa
mise en scène et son interprétation. The Demon
Disorder met
en scène deux frères Christian Willis et Dirk Hunter dans les rôles
de Graham et Jake Reilly) qui ne se sont pas revus depuis un certain
temps. Ces deux là ne se parlent plus depuis que le premier a quitté
le cercle familial à la suite d'un drame qui toucha leur propre
père. Un paternel interprété par l'acteur John Noble. Lequel est
notamment apparu dans les volets Les deux tours
et
Le retour du roi
de la franchise Le seigneur des anneaux
du néo-zélandais Peter Jackson en 2002 et 2003 ainsi que dans Le
dernier maître de l'air
de M. Night Shyamalan en 2010. Il incarne donc ici le rôle de George
Reilly, un homme d'âge avancé qui apparaît régulièrement à
l'écran sous forme de flash-back lors desquels il est montré comme
un père aimant, proche de ses deux fils, mais aussi et surtout
victime d'une possession qui le pousse à agir de manière très
agressive. L'on est cependant loin de Regan, jeune héroïne du
chef-d’œuvre de William Friedkin L'exorciste
et plus proche de ces films d'infectés où les victimes d'un virus
se comportent de manière particulièrement belliqueuse ! Pour
autant, le sujet n'entre pas dans cette catégorie mais plutôt dans
celle du drame horrifique, le réalisateur et son scénariste Toby
Osbourne semblant être très attachés à décrire à travers des
images du passé, la lente déliquescence de la cellule familiale.
Transposant
en outre l'idée de l'héritage génétique à travers un quatrième
personnage. Celui incarné par Charles Cottier, qui interprète donc
Philip Reilly, fils de Jake et neveu de Graham. Un jeune homme
directement impliqué dans l'affaire qui va suivre puisqu'il sera
lui-même victime d'une possession liée à celle précédemment
subie par son grand-père George. En la matière, il y avait là de
quoi espérer une œuvre forte et graphiquement impressionnante. De
manière générale, les effets-spéciaux prosthétiques sont plutôt
convaincants et peuvent même parfois engendrer un certain dégoût
mêlé de malaise. Notamment lorsque s'extrait du corps de Phillip,
une hideuse créature à la manière du Chestburster
d'Alien.
Une bestiole presque indescriptible bien qu'humanoïde et que l'on
rapprochera peu ou prou des ''champignonesques'' créatures de la
série The Last of us
de 2003, elles-mêmes ouvertement plagiées sur celles de
l'excellent Matango
du réalisateur japonais Ishiro Honda en 1964. Le corps de plusieurs
protagonistes sera donc attaqué par un virus très virulent, prenant
dans sa forme terminale la silhouette de créatures difformes et
démoniaques. Si le mélange des genres n'est en soit pas une
mauvaise idée, le résultat à l'écran est, au mieux, ridicule. Et
que dire de la mise en scène, du montage et de l'interprétation ?
Steven Boyle aurait sans doute mieux fait de se cantonner au rôle de
concepteur d'effets-spéciaux et confier ainsi la réalisation à un
artiste compétent en la matière. Ensuite, bien que le contexte
étouffant d'un garage délabré tenu par le frangin d'un véritable
Redneck
s'avère intéressant, la quasi totalité des acteurs ne semble
absolument pas à sa place. Si Dirk Hunter en fait des tonnes dans le
genre ''plouc de l'Amérique profonde'' et si John Noble reste plutôt
convaincant, les autres interprètes sont souvent pitoyables. Charles
Cottier et Christian Willis sont assez peu crédibles. Mais ça n'est
rien en regard de la pauvre Tobie Wallace qui dans le rôle de Cole
Nichols se montre désastreuse. Souriant même parfois lors des
séquences parmi les plus effroyables, elle et la plupart des autres
acteurs discréditent le sujet. Et même, si tous avaient fait preuve
de professionnalisme, la mise en scène et surtout le montage du film
terminent d'en faire une série B dont l'intérêt se résume à
quelques passages assez gore. Pour le reste, The
Demon Disorder
est une grosse déception...
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