1963 : Shock Corridor
de Samuel Fuller. Un journaliste (Peter Breck dans le rôle de Johnny
Barett) se fait volontairement enfermer dans un hôpital
psychiatrique afin d'enquêter sur un meurtre mais finit par y perdre
la raison. 1975 : Vol au-dessus d'un nid de
coucou
de Miloš Forman. R.P. Le sociopathe McMurphy (Jack Nicholson)
choisit de simuler la folie afin d'éviter la prison mais termine
lobotomisé. 2008 : L'Échange de
Clint Eastwood. À force d'affirmer que l'enfant qui lui a été
remis après sa disparition n'est pas le sien., enfermée au
département psychiatrique de l'hôpital du comté de Los Angeles,
Christine Collins (Angelina Jolie) va y être victime de
manipulations mentales avant de pouvoir recouvrer la liberté. 2025 :
The Rule of Jenny Pen
de James Ashcroft. Second long-métrage du réalisateur originaire de
Paraparaumu en Nouvelle-Zélande après Coming
Home in the Dark
en 2021, The Rule of Jenny Pen
met en scène l'acteur américain John Lithgow et l'australien
Geoffrey Rush dans un thriller psychologique proche du cinéma
d'horreur s'inscrivant dans un contexte hospitalier très particulier
regroupant des vieillards tous plus ou moins séniles. Trente-cinq
ans après avoir incarné le quintuple rôle d'un individu atteint de
schizophrénie dans le génial L'esprit de Caïn
de
Brian De Palma, John Lithgow interprète celui de Dave Crealy, un
étrange pensionnaire qui semble avoir toujours vécu entre les murs
de l'établissement. Ce qui paraît souvent durant le récit lui
octroyer un inconcevable passe-droit, même lorsque d'autres
pensionnaires se plaignent de son attitude. Au titre desquels l'on
retrouve donc le principal interprète du mémorable Shine
de Scott Hicks en 1996. Alors qu'à l'époque Geoffrey Rush y
incarnait le rôle authentique de David Helfgott, un pianiste de
génie atteint de graves troubles psychiatriques, le voici désormais
dans le rôle du juge Stefan Mortensen qui lors d'un procès est
victime d'un arrêt vasculaire cérébral. Faisant désormais partie
d'un institut gériatrique le temps de se remettre de sa paraplégie,
il fait notamment connaissance avec Tony Garfield (George Henare), un
autre patient qui s'avère en outre partager la même chambre que
lui. Lorsque la nuit tombe et que les lumières s'éteignent, les
deux hommes sont régulièrement rejoints par Dave Crealy, lequel les
torture aussi bien physiquement que psychologiquement.
Une
situation intenable dont pâtit d'ailleurs la totalité des
pensionnaires. Sourde à toute protestation de la part de Stefan
Mortensen, la direction met au contraire les affirmations de leur
nouveau pensionnaire sur le compte d'un début de démence. Ce
dernier ne peut alors que subir les attaques permanentes de cet
individu dangereux éternellement accompagné d'une marionnette à
l'effigie d'un bébé. Il n'en faut pas davantage à James Ashcroft
pour instaurer un contexte véritablement anxiogène. Jouant ainsi
avec la perspective des murs intérieurs de l'institut et des
différents éclairages opérés lors de la mise en scène, The
Rule of Jenny Pen
fait figure de purgatoire pour des pensionnaires avant leur accession
au paradis. Un éden précédé, donc, par un passage en un enfer
mené par cet être imposant qu'est Dave Crealy (John Lithgow dépasse
d'une tête au moins la totalité des figurants qui ''décorent''
l'institut). La marionnette que ce sinistre individu porte comme une
extension de son bras est un personnage à part entière. Au point
que l'on en viendrait presque à se demander s'il n'est pas lui-même
contrôlé par ce bout de plastique énucléé. Mais la vérité,
partiellement cachée pour ne pas dire dans son entièreté, semble
bien plus sinistre. Comme l'évoque la découverte par le juge d'une
galerie de photos tirées de différentes époques sur lesquelles
apparaît à chaque fois ce Boogeyman
du troisième âge ! Si Geoffrey Rush est impeccable dans le
rôle du patient dont la santé mentale semble, de l'avis général,
se dégrader au fil de l'histoire, John Lithgow fait montre de son
immense talent en incarnant un vieillard monstrueusement pervers,
sociopathe, manipulateur, capable de la plus grande cruauté vis à
vis de celles et ceux qu'il côtoie ! L'acteur américain porte
littéralement le film sur ses épaules et transforme chaque
apparition de son personnage en authentique instant de cauchemar.
Cheveux ébouriffés, sourire sinistre et imagination débordante
lorsqu'il s'agit de semer la ''zizanie'' parmi les autres
pensionnaire de l'institut qui l'abrite lui-même depuis des temps
immémoriaux, sa seule interprétation vaut toutes les critiques que
l'on pourrait éventuellement formuler autour de la mise en scène ou
de l'écriture. The Rule of Jenny Pen
est un festival presque entièrement voué à la prestation de cet
immense acteur. Et rien que pour cela, le film de James Ashcroft vaut
le détour...
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