Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


samedi 17 novembre 2018

T'aime de Patrick Sébastien (1999) - ★★★★★★★☆☆☆



Le voici donc, l'unique long-métrage de l'animateur, humoriste, chanteur et imitateur Patrick Sébastien sur lequel tant d'internautes, de spectateurs et de critique ont déversé leur bile. Sans doute, parmi eux, l'on en trouve qui ne l'ont même pas vu, prenant surtout plaisir à gerber sur l’œuvre de Patrick Sébastien avec un minimum de pudeur mais avec un luxe de cruauté. Cela faisait des années que je rêvais de le revoir. Oui, vous avez bien lu : RE-voir.... Lorsque l'on regarde pour la seconde fois un long-métrage, même bien des années après la première projection, ça veut forcément dire quelque chose. Que l'objet en question n'est pas si mauvais que certains le prétendent. De toute manière, qu'on le considère réussi ou bien mauvais, T'Aime subit les mêmes foudres que n'importe quel film ayant été réalisé depuis les débuts du cinéma. Ou plutôt, depuis que les critiques existent. Mais avec un regain de haine qu'il demeure toujours aussi peu évident à s'expliquer. A moins qu'il ne s'agisse de ce même ressentiment qui anime certains hommes et certaines femmes qui ont décidé depuis maintenant plus de trente ans de faire de Patrick Sébastien leur souffre-douleur.

T'Aime mérite-t-il de se prendre autant d'insultes qu'il existe de mots pour les exprimer? Certainement pas, non. Et son auteur, encore moins. La démarche étant sans doute la même que celle qui fut la sienne lorsqu'il intervint onze ans plus tard sur le plateau de On n'est pas Couché, l'émission de Laurent Ruquier, en prononçant cette phrase : « Ça fait dix minutes que vous parlez et vous n'avez pas dit une seule fois le mot 'amour' », Patrick Sébastien n'a sans doute pas gagné des voix du côté de ses détracteurs. Mais dans quel monde tu vis Patrick ? Les valeurs que tu prônes, si belles et naïves soient-elles, ne sont pas une monnaie d'échange valide dans cette cage dorée que sont les médias. Conserve ton opinion pour toi seul même si certains la partagent, et tu vivras mieux.
Maintenant que cela fait dix-neuf ans qu'on a injustement massacré son œuvre, Patrick Sébastien ne se cache désormais plus derrière la caméra. Tout juste ose-t-il, pour le plus grand plaisir de ses admirateurs, se montrer dans quelques longs-métrages au demeurant forts réussis (Monsieur Max et la Rumeur, L'Affaire de Maître Lefort, Une chance sur Six, tous les trois réalisés par Jacques Malaterre). Quant à sa carrière de réalisateur, elle semble définitivement compromise. C'est dommage, d'autant plus qu'en matière de scénarii, Patrick Sébastien a également fait ses preuves.

Mais revenons sur l'objet du délit qui contrairement à ce que certains incultes ont osé affirmer, ne mérite pas le même sort que les affligeants Le Jour et la Nuit de Bernard Henri Levy, Brillantissime de Michèle Laroque (la pauvre) ou Mme Mills, une Voisine si Parfaite de Sophie Marceau qui, pour le coup sont d'horribles gâchis. D'ailleurs, aux propos que certains ont tenus, nous pourrions les contraindre de changer d'avis s'ils avaient seulement vu le dixième des navets que les vrais cinéphages que nous sommes ont sans doute visionné durant l'exercice de leur passion. T'Aime est donc le seul et unique long-métrage réalisé par Patrick Sébastien. Dans l'hexagone, le film est un bide lors de sa sortie fin avril 2000. Après un tournage de deux mois entre septembre et octobre 1999, le film n'attire finalement qu'un peu plus de 28 300 spectateur. Ce qui, au prix d'une place de ciné ne rembourse par le budget initial de 20 000 000 de francs (3 140 000 euros). Unanimes, les critiques s'empressent de juger T'Aime de naïf, mièvre, grotesque, simpliste, infantile, stéréotypé, ou encore, pathétique. Des termes qui forcément, n'ont pas motivé les foules à se déplacer dans les salles et qui alors préférèrent sans doute rester devant leur petit poste de télévision à regarder cette semaine là l'émission de Julie Snyder (qui ça?), Vendredi, c'est Julie.

L’œuvre de Patrick Sébastien nous conte l'histoire d'un simple d'esprit prénommé Zef qui un jour viole la jeune Marie. Incapable de différencier le bien du mal, le jeune homme de vingt ans est enfermé dans un institut psychiatrique où il reste prostré et mutique. Le docteur Hugues, en charge de guérir Marie du traumatisme qu'elle a subit, tente une méthode innovante en confrontant alors la victime à son « innocent » bourreau... Jusqu'ici tout va bien. L'idée développée par Patrick Sébastien est plutôt encourageante. Mais alors... qu'est-ce qui a bien pu pousser la critique et le public à rejeter T'Aime en masse ? Naïf, son film l'est indéniablement. Mais parce que le film est ainsi fait que si l'existence n'était pas aussi abrupte, et si elle n'était que naïveté, ce mot n'existerait même pas. Patrick Sébastien, l'homme de télévision que l'on jugeait de vulgaire fut un temps, n'aurait-il pas le droit d'exprimer simplement ses sentiments à travers une œuvre qui au delà d'une certaine puérilité se révèle être en réalité un message d'espoir et d'amour ? Un peu vain, certes, mais j'en suis certain, profondément sincère. Tout comme ce personnage qu'il incarne. Un poète, idéaliste et optimiste qui, comme le souligne le titre du film qui n'est pas que le seul hommage rendu au personnage de Zef, prône l'amour comme unique traitement capable de sortir le jeune homme et la délicieuse Marie de leur torpeur. Dommage que derrière l'écriture et la mise en scène de Patrick Sébastien certains n'aient rien vu d'autre que de la vacuité. Jean-François Balmer, Annie Girardot, Michel Duchaussoy, Miriam Boyer, Jean-François Derec, ou bien deux des principaux interprètes, Samuel Dupuy et Marie Denarnaud ont fait confiance à Patrick Sébastien et lui ont confié leur talent. Alors pourquoi pas nous ? Pourquoi ne pas se laisser glisser, se laisser happer par une histoire toute simple, mais belle et généreuse ? Signé par un autre, T'Aime aurait sans doute connu un sort plus enviable. En réalité, le film est loin d'être cette chose que les critiques d'un jour s'amusèrent à noter ironiquement de plusieurs étoiles avant de se foutre de sa gueule. Pourtant, il serait indécent de n'y voir que des bons côtés. Indécent, et passionné (partial?). Car oui, T'Aime est miné par quelques défauts qui forcent la comparaison avec tout ce qu'on a pu dire sur lui. Esthétiquement, l’œuvre de Patrick Sébastien a suivit la mauvaise voie en choisissant de le projeter sur grand écran alors qu'il aurait dû n'être destiné qu'au petit. Quant à la partition musicale, elle oscille entre comptines déviantes plutôt convaincantes et mélodies surannées parfois imbitables.

Tourné à Martel, petite commune du Sud-Ouest de la France où a élu domicile l'acteur-réalisateur scénariste, Patrick Sébastien s'offre un cadre magnifique et des interprètes de talent (Annie Girardot y est, à l'occasion, bouleversante). Un récit qui presque vingt ans après sa sortie continuera à émerveiller ceux qui l'ont aimé à l'époque, et que d'autres perpétueront à dénigrer. Choisissez votre camp...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...