L'objectif d'une œuvre
cinématographique est parfois dépeint à partir de son affiche.
Parfois, non. Dans le cas de The Crater Lake Monster,
cela dépend de la version que l'on tient entre les mains. Mais en
cherchant bien, en fouillant en profondeur, on peut tomber sur celle
qui définit à merveille le spectacle auquel nous convie le
réalisateur William R. Stromberg. Si le nom du bonhomme ne vous dit
rien, c'est normal puisque à part ce long-métrage de 1977, il n'a
participé à aucun autre projet cinématographique. Concernant
l'affiche à proprement parler, celle qui orne cet article conserve
moins le mystère entourant la présence d'une créature
préhistorique que le ton avec lequel le réalisateur a choisi
d'aborder le récit. The Crater Lake Monster est
le genre de petite production horrifique des années soixante-dix qui
semble pouvoir redonner un peu d'intérêt à une triste soirée de
fin d'hiver ou de début de printemps. À voir la tronche des
interprètes, on se dit que la personne en charge d'établir le
casting est allée se fournir parmi les habitants d'un patelin perdu
au fin fond de l'Amérique profonde. Des femmes et des hommes qui ne
durent pas faire long-feu dans le métier d'actrices et d'acteurs
mais qui pourtant, du moins pour certain(e)s, on continué à côtoyer
les plateaux de tournage. Et pas forcément pour y interpréter tel
ou tel personnage de fiction puisque Mark Siegel (qui joue l'un des
deux bouseux du nom de Mitch Kowalski) s'est ensuite lancé dans une
carrière de concepteur d'effet-spéciaux qui l'a vu notamment
participer aux projets L'empire contre-attaque
de Georges Lucas, S.O.S fantômes
et Retour vers le futur 2 et
3 de
Robert Zemeckis ou beaucoup plus tard, Noé
de Darren Aronofsky et Lucy de
Luc Besson...
Une
passion et un métier que partage d'ailleurs Michael Hoover (qui dans
le cas présent interprète le rôle de Ross Conway), lequel
travaillera sur des œuvres nettement plus anecdotiques parmi
lesquelles l'on retrouve tout de même des œuvres pour lesquelles il
ne sera malheureusement pas crédité comme Abyss
de James Cameron ou Les aventures d'un homme
invisible de
John Carpenter contrairement où son nom sera à l'affiche des
secondes aventures de Spider-Man
de Sam Raimi en 2004. Richard Garrison (qui joue ici le rôle de Dan
Turner) est apparu dans une dizaine de téléfilms ou épisodes de
séries télévisées ainsi que dans le rôle d'un médecin dans Le
cauchemar de Freddy
de Renny Harlin en 1988 tandis que l'actrice Kacey Cobb (ici dans la
peau de Susan Patterson) n'a joué que dans un épisode de la fameuse
série fantastique Superminds
en 1985. Bon, pour en revenir précisément à The
Crater Lake Monster,
le récit débute par la découverte dans une galerie souterraine de
dessins rupestres signifiant la possibilité que l'homme ait pu
entrer en contact avec les dinosaures bien que ceux-ci aient disparu
avant que nos plus lointains ancêtres n'apparaissent sur Terre. Une
découverte incroyable qui, fruit du hasard un peu grossier, va
correspondre avec la chute dans un lac avoisinant d'une météorite.
À ce titre, le visuel démontre d'emblée des moyens relativement
rachitiques en matière d'effets-spéciaux. Pire que ce que l'on
pouvait imaginer, pire que ce qu'étaient en mesure de produire les
deux ou trois décennies précédentes...
Ça
commence donc assez mal et l'on craint déjà que la présence du
dinosaure qui trône sur l'affiche ne soit pas à la hauteur de nos
espérance. Ensuite, quel rapport entre la dite créature
préhistorique et la météorite ? C'est simple. La chaleur du
''bolide'' étant élevée, elle aurait théoriquement permis à
l'eau de monter en température et également permis à un œuf de
Plesiosaurus d'être dans de confortables conditions pour éclore.
William R. Stromberg ne fait pas longtemps mystère de sa créature,
sorte de masse en pâte à modeler qui malgré son apparence peu
effrayante rend tout de même hommage au génie de la Stop-Motion,
Ray Harryhausen. Animée image par image, la créature apparaît
régulièrement pour tuer et dévorer toutes celles et ceux qui
passent sur son chemin. L'intrigue s'intéresse alors à un flic, à
des archéologues, à un bandit, à quelques touristes mais aussi et
surtout à duo de ploucs qui se la joue ''Laurel et Hardy du
pauvre''. Alors qu'une certaine cohérence semble s'installer au cœur
du récit, on se demande si le stylo qui servit à écrire le
scénario n'a pas manqué d'encre en cours de route tant le film se
mue en espace de totale liberté pour Mark Siegel et Glenn Roberts
(dans le rôle d'Arnie Chabot) qui interprètent donc deux rednecks
amateurs de gnôle frelatée et loueurs d'embarcations maritimes. Des
séquences d'une longueur et d'une lourdeur exaspérantes lors
desquelles les deux acteurs tentent de nous faire rire sans même
parvenir à nous soutirer le moindre sourire. Les attaques du monstre
sont molles et généralement filmées hors-champ. Et si son
animation est respectable, sa présence n'engendre aucune peur chez
le spectateur. À dire vrai, William R. Stromberg semble se ficher du
matériau d'origine, ne sait plus comment faire pour étoffer le
récit (que vient faire dans cette histoire ce criminel que le shérif
va bientôt prendre en chasse?) et confie à son duo de ''comiques''
la lourde responsabilité de maintenir un semblant d'intérêt. Au
final, The Crater Lake Monster,
malgré quelques très courtes séquences, est pénible à regarder.
Plus une série Z qu'un bon nanar, le film est ennuyeux, manque
d'épique (le combat final entre le shérif et le dinosaure est
totalement bâclé), est doté d'une bande-musicale au rabais et à
part une tête découverte sur une berge par nos deux gugusses
avinés, l'amateur d'horreur n'aura malheureusement rien d'autre à
se mettre sous la dent...
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