Aussi invraisemblable que puisse paraître le concept, le thème du
passage d'un corps à un autre est assez courant au cinéma. Surtout
dans la comédie française ou étrangère. Qu'il s'agisse d'une
femme se glissant dans la peau d'un homme ou l'inverse (Si
j'étais un homme
d'Audrey Dana), que tous les membres d'une même famille soient
touchés par le même phénomène (Le sens de la
famille
de Jean-Patrick Benes) ou, plus original, que l'esprit d'un homme
vienne se loger dans le corps d'un inconnu et se confronte ainsi à
celui de son propriétaire (La personnes aux deux
personnes
de Nicolas Charlet et Bruno Lavaine), la thématique est en proie à
toute une série d'événements plus ou moins drôles et incongrus.
Aux États-Unis, on a vu le réalisateur John Woo employer une
alternative nettement plus crédible envisagée à travers une double
intervention chirurgicale dans Volte/face
mais pour rester dans un registre léger, évoquons plutôt
Freaky Friday : Dans la peau de ma mère
de Mark Waters sorti voilà vingt ans sur grand écran. Remake de Un
vendredi dingue, dingue, dingue de
Gary Nelson sorti trente et un ans plus tôt et lui-même adapté du
roman Freaky
Friday
de la romancière Mary Rodgers, l’œuvre de Mark Waters est donc
l'une des variations sur un même thème dont on peut également
noter l'existence de Mon père c'est moi
que réalisa Rod Daniel en 1987 ou Un vendredi de
folie
de Melanie Mayron, un téléfilm qui fut diffusé pour la première
fois sur ABC
en 1995. Freaky Friday : Dans la peau de ma mère
est donc à ce jour la dernière adaptation du roman de Mary
Rodgers. Notamment produit par Walt
Disney Pictures
à hauteur de vingt-six millions de dollars, ce long-métrage aux
allures de téléfilm lisse et sans la moindre aspérité se révèle
au final beaucoup moins dispensable qu'il n'y paraît. Une petite
gourmandise très agréable à regarder, un pécher mignon que l'on
ose à peine divulguer à son entourage de peur d'être raillé. Et
pourtant, l'essentiel est là : le film est drôle, souvent l'on
rit, sans retenue, et même si dans l'ensemble la mise en scène,
l'interprétation et l'ensemble de l'aspect technique n'ont rien de
vertigineux, force est de reconnaître que l'ensemble touche au but.
Sachant que le comique de gestuelle ou de situation ne me touchent
pas vraiment, c'est avec un a priori pourtant très important que je
me suis lancé dans l'aventure de la famille Coleman, de la mère
(Jamie Lee Curtis dans le rôle de Tess) et de la fille ( Lindsay
Lohan dans celui d'Anna) en particulier...
Les
personnalités de l'une et de l'autre ne s'accordant que très
rarement, Mark Waters joue sur les différences de caractère et
d'attitude entre la mère et la fille. Et à ce jeu là, forcément,
Jamie Lee Curtis l'emporte haut la main même si l'interprétation de
Lindsay Lohan demeure brillante et crédible. Anna est un peu
rebelle, guitariste dans un groupe de rock formé autour de plusieurs
camarades de classe et amoureuse du beau Jake (l'acteur Chad Michael
Murray). Tess est psychiatre, un chouïa rigide et s'apprête à
épouser le nouvel homme de sa vie Ryan (Mark Hammon). Les séquences
les plus percutantes demeurent bien entendu celles lors desquelles
Jamie Lee Curtis adopte le comportement de celle qui est censée être
sa fille (refus d'embrasser le futur époux de sa mère, changement
de look, confrontation avec l'infecte professeur d'histoire d'Anna).
Moins drôles mais tout aussi convaincantes demeurent les séquences
lors desquelles Lindsay Lohan se doit d'adopter à son tour
l'attitude de celle qui en théorie est sa mère. Le couple
fonctionne à merveille et cet humour basé sur la gestuelle
consistant à lourdement cabotiner n'est ici en rien une gêne. Bien
au contraire. Jamie Lee Curtis, en adoptant un comportement
d'adolescente est à l'origine de nombreux rires. Production Disney
oblige, Freaky Friday : Dans la peau de ma mère
est
englué de bons sentiments et ne fera de tort ni n'incommodera
personne. Léger et absolument pas subversif, le long-métrage de
Mark Waters est donc un excellent divertissement pour les petits mais
aussi pour les grands, à partager en famille ou entre amis et
pourquoi pas, à découvrir seul chez soi. Une œuvre qui ne bouscule
pas les conventions mais qui s'avère suffisamment fraîche pour que
l'on s'attarde sur le récit et sur ses personnages...
C'est toujours un peu désolant de voir nos "héros/héroïnes" d'antan (années 70-80-90), ici en l'occurrence Jamie Lee Curtis (inoubliable dans "Un poisson nommé Wanda" et "True Lies", pour ma part), se compromettre dans ce genre de pantalonnades...
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