Amateurs de séries Z
invraisemblables, ce film est fait pour vous. Réalisé avec le
professionnalisme d'un instituteur préparant un spectacle de fin
d'année avec ses élèves de CM2, écrit avec les moignons d'un
''enfant de l'atome'' et interprétés avec le même engouement
qu'une poignée de machos se rendant à une manifestation autour de
l'égalité hommes-femmes, The Gingerdead Man
est ''l’œuvre'' de Charles Band. Et pour ceux qui ne connaissent
pas le bonhomme, disons qu'en cinquante ans, ce producteur,
réalisateur et scénariste est devenu l'un des spécialistes du
cinéma d'horreur fauché dont certain longs-métrages, malgré leurs
piètres qualités, sont entrés au Panthéon du cinéma horrifique
nanardesque. Jeu de mot provenant du terme Gingerbread
qui en anglais signifie Pain
d'épices,
on aura compris que cette purge qu'est The
Gingerdead Man
met en scène une créature fantastique constituée de farine, de
miel, de sucre, de levure chimique, d’œufs, de lait, de plusieurs
épices et dans le cas présent, de quelques gouttes de sang
provenant d'un boulanger décidément maladroit et des cendres d'un
tueur de masse ! Charles Band tente de s'acheter pour l'occasion une
légitimité en conviant l'acteur Gary Busey qui dans le rôle du
tueur fou Millard Findlemeyer n’apparaîtra pourtant à l'image que
durant les deux-cent vingt-cinq premières secondes. Son
personnage tue les clients d'un restaurant dont plusieurs membres
d'une même famille. Seule survivante du carnage, Sarah Leigh dont le
père et le frère ont perdu la vie. Désormais, Gary Busey ne
participera plus au projet qu'à travers sa voix. Celle qu'il affuble
à ce curieux bonhomme en pain d'épices qui au sortir du four où
Sarah l'avait mis à cuir va se muer en un tueur cynique pas plus
grand (et même beaucoup plus petit) qu'André Bouchet dit
''Passe-Partout''. Les objets qui tuent, au cinéma, sont légion.
De la voiture (Christine de
John Carpenter) jusqu'au pneu (Rubber
de Quentin Dupieux) et passant par le réfrigérateur (L'attaque
du Frigo Tueur
de Nicholas Jacobs) ou le yaourt (The Stuff
de Larry Cohen), les films mettant en scène des tueurs d'origine
improbables sont effectivement très nombreux...
Beaucoup
plus courant qu'on pourrait d'ailleurs le croire. S'il faut parfois
se méfier de ce que l'on mange (L’Attaque des
tomates tueuses de
John De Bello, L'Attaque de la moussaka géante
de Pános Koútras)
ou de ce que l'on porte sur soi (Slaxx
et son pantalon de jean tueur!), l'un des objets les plus usités
dans le cinéma fantastique, d'épouvante ou d'horreur est la poupée.
Et parmi elles, Chucky semble être celle qui a retenu l'attention de
Charles Band puisque d'une manière générale, son homme-pain
d'épices renvoie directement au Jeu d'enfant
(Child's
Play)
que Tom Holland réalisa en 1988. La quasi totalité de l'intrigue
de The Gingerdead Man
se déroule dans l'arrière-salle du commerce tenu par Sarah
(l'actrice Robin Sydney) et par sa mère alcoolique Betty (Margaret
Blye). Complètement con lorsque l'on sait que la poignée de
protagonistes préfère rester enfermée entre les quatre murs de
l'édifice plutôt que de fuir vers l'extérieur... Le film de
Charles Band est définitivement ce que le cinéma Z est capable
d'engendrer de pire. Sans enjeux narratifs, jeu des acteurs tout sauf
crédible, mise en scène mollassonne, un scénario qui tient en une
phrase (et pourtant, William Butler et Domonic Muir s'y sont mis à
deux), des trucages minables renvoyant l'homme-pain d'épices au rang
de marionnette rigide mais surtout, rythme lent, lent, lent... On se
fait chier du début à la fin, avec ces deux donzelles qui se
crêpent le chignon (Sarah et Lorna Dean qu'interprète Alexia
Aleman). Les deux actrices sont accompagnées par Ryan Locke et
Jonathan Chase qui font ce qu'ils peuvent pour remplir les immenses
trous du scénario. The Gingerdead Man
ne dure que soixante-dix minutes auxquelles il faudra ôter trois
minutes de générique de début et dix de générique de fin. Bref,
le récit ne dépasse pas les cinquante-sept minutes et pourtant, le
film est un interminable supplice. Les scènes d'horreur sont rares
tandis que les lignes de dialogue insipides sont à profusion. Bref,
vous l'aurez compris, à moins d'être armé de nerfs solides ou
d'une connaissance accrue et à toutes épreuves du cinéma Z, The
Gingerdead Man
n'a absolument AU-CUN IN-TE-RÊT !!! Notons que trois séquelles
ont par la suite été réalisées entre 2008 et 2013...
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