Le génie des
distributeurs lors de l'exportation d'une œuvre cinématographique
étrangère repose tout d'abord dans la traduction du film en
question. De son titre, s'entend ! Il arrive cependant que la
chose s'avère plus facile que de coutume, surtout lorsqu'à
l'origine l’œuvre en question porte un titre d'emblée aussi
séduisant que le long-métrage dont il s'agit de causer ici. Premier
des deux seuls films réalisés par l'américain Joseph Green en 1962
(le second, la comédie The Perils of P.K.,
ne verra le jour qu'en 1986), The Brain That
Wouldn't Die n'a
donc connu qu'une très légère modification, devenant ainsi chez
nous Le cerveau qui ne voulait pas mourir.
Avec un titre pareil, forcément, à quoi s'attendre d'autre qu'à un
film d'horreur ? Mélangeant les célèbres mythes de
Frankenstein ou le Prométhée moderne de
Mary Shelley et Herbert
West - Reanimator
de
Howard Phillips Lovecraft, le long-métrage de Joseph Green présente
un médecin apparemment sain de corps et d'esprit étudiant
l'hypothèse selon laquelle il est possible de greffer des parties de
corps humain entre elles (une théorie déjà vérifiée depuis
longtemps à l'époque du film puisque la première greffe d'organes
fut effectuée vers 1906 par le chirurgien français Mathieu
Jaboulay
et son assistant, le biologiste et écrivain scientifique Alexis
Carrel). Critiqué par son père, le docteur William Corner (l'acteur
Bruce Brighton), Bill Cortner (Jason Evers) effectue en effet des
expériences non pas sur des animaux mais directement sur des
patients humains. Lorsqu'un jour, à la suite d'un grave accident de
voiture il cause le décès de sa fiancée Jan Compton (Virginia
Leith), laquelle est décapitée, Bill Cortner décide d'emporter
avec lui la tête de la jeune femme jusqu'à son laboratoire afin de
la maintenir en vie jusqu'à ce qu'il puisse trouver un corps auquel
la greffer !
Il
s'agit donc là d'un récit qui trouve donc ses origines dans les
deux œuvres littéraires citées plus haut et donc d'un sujet fort
passionnant auquel, malheureusement, le réalisateur ne parviendra
jamais à offrir ses lettres de noblesse. Bien que le concept soit
alléchant tout en étant peu original puisque nombreux sont passés
par ces sujets bien avant lui (au hasard, Frankenstein
et La Fiancée de
Frankenstein de
James Whale en 1931 et 1935, la série de films estampillés
Universal
Monsters ou
Hammer
Films
s'étant régulièrement emparés du sujet durant plusieurs
décennies), Le cerveau
qui ne voulait pas mourir
s'avère décevant. Voire, ridicule. Et même, très ennuyeux pour
cause de redondance... Pauvre Virginia Leith qui passera le plus
clair de son temps la tête reposant sur une table et le reste du
corps en dessous, branchée à un système de survie et le visage
recouvert d'une épaisse couche de bandages. Son personnage ne
conservera pas ses charmes bien longtemps puisque le réalisateur
choisit de la transformer en un être passablement démoniaque (on le
serait à moins vu les intentions de son futur époux) et pourquoi
pas (tant qu'on y est), capable de prendre le contrôle mental d'une
''créature'' enfermée dans un placard...
Un
homme monstrueux qui fut victime des expériences de Bill Cortner
mais que l'on ne verra que dans les tous derniers instants. Et là...
ben préparez-vous à vous gausser. Mais d'ici à ce que la scène
finale vienne apporter un tout petit peu de rythme, d'humour
(involontaire) et d'hémoglobine à une œuvre qui en manque
cruellement, il va falloir faire preuve d'une très grande patience.
Le film observe donc deux principaux individus. D'un côté, Jan qui
sous forme de tête vivante mûri sa vengeance et de l'autre Bill qui
part à la chasse de celle dont il prélèvera le corps pour y
greffer la tête de celle qu'il aime. Mon Dieu ce que les séquences
mettant en scène Patrick D.Green dans des cabarets et autres bars
peuvent être ennuyeuses. Et mon Dieu ce que celles avec Virginia
Leith peuvent se montrer longues et répétitives. D'un matériau de
base fascinant, Joseph Green ne parvient jamais à rendre
intéressante la tragédie de ce médecin devenu fou après
l'accident. Quant à Jason Evers, jamais il ne parvient à rendre
compte de la folie qui s'empare de son personnage même si l'on peut
concéder qu'un chirurgien est en mesure de garder la tête froide.
Bref, Le cerveau qui ne
voulait pas mourir
est sans intérêt. On notera d'ailleurs une traduction qui
contrairement au titre original n'est pas compatible avec l'état
d'esprit de Jan qui d'entrée de jeu exprime son désir de mourir...
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