Sacré Jean-Pierre Mocky, capable du ''meilleur'' (Un drôle de
paroissien
en 1963, La Cité de l'indicible peur
en 1964, La Grande lessive (!)
en 1968) comme du pire (Dossier Toroto
en 2011 ou Agafia
en 2015) et qui signait avec Le deal,
l'un de ses plus mauvais films. Et donc, l'un de ses plus essentiels.
Du moins, parmi ceux qui sont marqués de l'empreinte du Z (des
séries, s'entend, et non pas du célèbre Zorro) et du nanar ou bien
encore du sceau de l’inénarrable amateurisme (malgré une carrière
longue de dizaines d'années et d'autant de longs-métrages). Le
genre de film que l'on n'oserait pas offrir à son pire ennemi ou
montrer à celui ou celle que l'on aimerait convaincre du bien fondé
de l'entreprise ''Jean-Pierre
Mocky''.
Nombreuses sont les fin de carrières chez les cinéastes qui se
terminent dans des conditions quasi désastreuses tandis que chez
notre réalisateur français, c'est presque une marque de fabrique.
Un coup de tampon sur toute une partie défaillante de l'aspect
technique qui se retrouve généralement dans son œuvre. Que ses
fidèles interprètes soient toujours aussi mauvais est un fait.
S'acharnant à recourir aux mêmes gueules cassées, difformes et
plus généralement admises comme détonnant avec l'image que l'on
peut se faire d'une vedette ou d'une star du cinéma, Jean-Pierre
Mocky convoque à nouveau Jean Abeillé, Dominique Zardi, Christian
Chauvaud ou l'ancienne reine de beauté Patricia Barzyk (et sa fille
Sarah). Qu'importe que sa troupe hésite entre deux phrases puisqu'en
post-synchronisation, les interprètes de ce Deal
commettent de toute manière une véritable boucherie en accordant
mal leur doublage avec les images d'origine. C'est aussi ça la
''Jean-Pierre
Mocky's touch !''.
Même lorsque l'un ou l'autre de ses interprètes bafouille, le
réalisateur et scénariste (ici aux côtés du romancier André
Ruellan) ne se pose pas la question de savoir si retourner tel ou
tel plan serait une idée judicieuse. Que ça passe ou que ça casse,
entre les mains d'un autre la chose aurait été impardonnable mais
chez notre trublion du cinéma indépendant hexagonal, ça passe
crème...
Le deal
met notamment en scène quelques vedettes toutes plus bigarrées les
unes que les autres mais se revendiquant malgré tout de par leur jeu
ou par leur attitude de ce cinéma transgenres. Visionnaire et
précédant sans doute bien involontairement l'avenir du cinéma,
Jean-Pierre Mocky convoque un couple de lesbiennes, histoire plus
d'une décennie en avance sur la concurrence de se conformer à ce
que nous dictera la bien-pensance dans le courant des années 2010 et
2020 ! D'autres fidèles du réalisateur aux carrières
nettement plus confortables répondent à l'appel. Jean-Claude
Dreyfus, Jean-François Stévenin, Jackie Berroyer et, plus étonnant,
l'actrice américaine Alison Arngrim qui, comme son nom ne l'indique
peut-être pas, interpréta la peste Nellie Oleson dans la série
culte La petite maison dans la prairie
entre 1974 et 1981. Dans la langue de Molière qu'elle ne maîtrise
pas forcément, Alison et son immense regard happent tout d'abord
l'objectif de la caméra, nous ensorcelle, avant d'agacer nos
oreilles, de nous vriller les tympans d'un rire qui ne s’asséchera
que dans les derniers instants. Il faudra d'ailleurs sans doute se
munir d'un décodeur, surtout dans la première partie durant
laquelle il sera difficile de déchiffrer des lignes de dialogues
étouffées sous l'accent fort prononcé de l'actrice américaine.
Elle incarne Édith, l'épouse de Victor Anselme (Jean-François
Stévenin), lequel se la joue John Travolta période Blow
Out
de Brian de Palma en photographiant une altercation entre le député
Hervé Radius (Jean-Claude Dreyfus) et sa maîtresse Priscilla
(Patricia Barzyk) se terminant par la mort de celle-ci. Tout d'abord
victime d'un chantage de la part du photographe, radius se retrouve
avec sur les bras, le cadavre de Victor après que celui-ci se soit
électrocuté dans la baignoire du député ! S'ensuit un
imbroglio lors duquel Radius tente de se constituer un alibi pour le
jour de la disparition de sa maîtresse tandis que l'inspecteur
Castang (Jackie Berroyer dans l'un de ses meilleurs rôles) enquête
auprès de lui et de son entourage. Malgré le concept, Le
deal
est terriblement raté. Mal joué, mal dirigé, techniquement et
artistiquement à la ramasse, le film est typique de ce cinéma
''Mockyéen'' qui se la joue un peu trop modeste et foutraques dans
ses aptitudes. Les fans seront ravis. Les autres pourront passer leur
chemin...
Franchement, tourner en dérision l'Eglise en 2006 (!) et se croire subversif...
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