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samedi 15 janvier 2022

The Babadook de Jennifer Kent (2014) - ★★★★★★★★☆☆




Il aura fallut huit ans et une critique plutôt élogieuse dénichée sur Youtube pour que je me décide à visionner enfin The Babadook, premier long-métrage de la réalisatrice et scénariste australienne Jennifer Kent, ''nouvelle'' venue dans le monde de l'épouvante et du fantastique avec ce qui demeurera sans doute comme l'un des plus brillants exercices de style en la matière à avoir vu le jour en 2014. Pourquoi tant d'années ? Parce qu''avec son titre et son affiche, allez savoir pourquoi, je m'étais mis en tête que The Babadook ne devait être rien de plus qu'un ersatz de Candyman, voire du personnage imaginaire Zé do Caixão, un individu parcourant une quinzaine de longs-métrages brésiliens réalisés entre 1963 et 2008 par le réalisateur José Mojica Marins et dont À minuit je posséderais ton âme et Cette nuit je m'incarnerai dans ton cadavre demeurent très objectivement considérés comme cultes par les amateurs de fantastique dans le monde entier. Sauf que The Babadook n'a lui, aucun rapport. Ou si peu. À dire vrai, tout ici découle de la relation qu'entretiennent une mère et son fils ainsi que de la découverte d'un ouvrage renfermant des contes fantastiques nommés sous le titre de Mister Babadook. Réalisé par une femme, avec sans doute, sa propre sensibilité de mère, ce premier long-métrage est une œuvre horrifique brillante mêlant avec justesse le drame et l'épouvante. Le contexte est en effet très particulier puisque Amelia (époustouflante Essie Davis) élève seule son fils Samuel (excellent Noah Wiseman), âgé de sept ans et né le jour où son père est mort (celui-ci perdit en effet la vie en accompagnant son épouse à l’hôpital). D'où une relation particulièrement délicate entre l'enfant et sa mère, celle-ci n'ayant jamais vraiment fait preuve d'amour envers celui qui causa indirectement la mort de celui qu'elle aimait...


The Babadook joue d'ailleurs sur le double tableau de la relation entre la mère et le fils (que l'on décriera instantanément d'un ''tantinet'' turbulent... pour rester poli !) et la présence d'une entité hostile qui s'est invitée chez eux le jour où découvrant l'ouvrage en question, Samuel demande à sa mère de lui en raconter une histoire. Débute alors une œuvre profondément émouvante décrivant l'incapacité d'une mère à gérer ses propres sentiments ainsi que les crises intempestives de son fils qui peu à peu, les éloigne tous les deux de toute vie sociale (leurs proches ne veulent plus les côtoyer tandis que le jeune garçon est renvoyé de son école). Vivant quasiment reclus à l'intérieur de leur maison, ils reçoivent régulièrement les visites nocturnes d'une ''créature'' de nature particulièrement belliqueuse qui, apparemment, désir jouer avec la mère et son enfant. Plutôt que de jouer sur l'unique schéma de la maison hantée ou de l'esprit de l'un de ses occupants possédé par un démon, la réalisatrice australienne confond l'approche fantastique avec l'élément psychologique et nous perd ainsi dans un labyrinthe de questionnements. Un peu à la manière du Locataire de Roman Polanski où l'enfermement était le signe d'une psychose profonde de la part du petit émigré polonais interprété par le réalisateur lui-même presque quarante-ans en arrière. Les limites entre le réel et l'imaginaire sont ici parfois difficiles à cerner et il faudra attendre bien plus tard pour que s'affiche à l'image une séquence répondant à nos attentes.


Mais d'ici là, Jennifer Kent signe une œuvre esthétiquement magistrale. Entre l’expressionnisme allemand qui ne s'affiche pas qu'en fond d'écran mais aussi devant les yeux ébahis de nos deux héros à travers cet ouvrage que l'on considérera immédiatement de maléfique. À ce titre, les quelques séquences ''animées'' en noir et blanc s'avèrent remarquables et s'intègrent parfaitement à l'intrigue. Les deux principaux interprètes sont plus que convaincants mais n'effacent cependant pas quelques seconds rôles. Comme la voisine atteinte de la maladie de Parkinson (l'actrice Barbara West dont les débuts de carrière remontent tout de même à 1955 avec sa participation à la série télévisée Medic diffusée à l'époque sur le groupe audiovisuel américain NBC). En jouant sur les deux tableaux évoqués plus haut, la réalisatrice opère en outre comme une sorte d'effet miroir horrifique dans lequel la présence supposée du Babadook sert de catalyseur aux angoisses de la mère et de son fils. Véritable film de peur, s'il n'est pas assuré que l'on hurle devant son poste de télévision, le film est cependant d'une qualité visuelle mémorable. D'une noirceur presque insondable si l'on omet le fait que Jennifer Kent ait tout de même choisi une fin plus ou moins heureuse. Parmi les nominations et les récompenses que le film obtint l'année de sa sortie, il remporta quatre prix au Festival international du film fantastique de Gérardmer 2014 : celui du jury, du jury jeune, du public ainsi que celui de la critique...

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