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dimanche 16 janvier 2022

The Lighthouse de Robert Eggers (2019) - ★★★★★★★★★☆

 


 

Quatre années après avoir signé le remarquable The Witch, le réalisateur et scénariste américain Robert Eggers revenait en 2019 avec son second long-métrage The Lighthouse. Une œuvre différente, moins portée sur le fantastique et qui outre plusieurs nominations remporta notamment la même année, le prix FIPRESCI (prix de la critique internationale) au festival de Cannes. N'abandonnant pas pour autant son style visuel et narratif, Robert Eggers plonge avec The Lighthouse ses deux principaux interprètes (auxquels s'ajoute l'actrice Valeriia Karaman) au cœur d'une œuvre troublante, fantomatique et terriblement anxiogène filmée en noir et blanc et au format 4/3 dont l'usage remonte au tout début du vingtième siècle. Un choix relativement étonnant mais encore utilisé avec parcimonie de nos jours. Si ce choix peut sembler curieux, son utilisation s'avère en revanche tout à fait appropriée puisque resserrant autour des deux personnages, une intrigue déjà fortement emprunte d'anxiété. Celle qui dans le cas présent concerne deux gardiens de phares qui vont non seulement devoir se confronter à une tempête à venir mais aussi et surtout à des secrets que chacun d'eux semble vouloir préserver. Situant son action sur un îlot, loin des terres habitées, The Lighthouse saisit presque immédiatement par son ambiance. Le noir et blanc et le format jouant un rôle prépondérant dans l'évolution du récit, du caractère des personnages qu'interprètent admirablement Willem Dafoe, fidèle collaborateur du réalisateur Abel Ferrara ainsi que Robert Pattinson dont la carrière a véritablement explosée dès l'année 2008 avec la franchise Twilight)...


Ici, les deux acteurs s'affrontent lors d'un véritable duel de caractères. Le premier figurant un ancien capitaine au long cours, ayant tout vu, tout vécu, transformé en gardien de phare bourru jusqu'à la moelle face à une nouvelle recrue ayant quitté son pays d'origine, le Canada, où il exerça le métier de bûcheron avant d'être transporté jusqu'à cette île afin de changer d'existence. Robert Eggers imprime à son second long-métrage une atmosphère sombre, étouffante et putride. Un caillou balayé par les vents, humide, glissant, plongé le plus souvent dans une obscurité que seule la lanterne du phare semble encore capable d'illuminer. Un objet de convoitise pour le jeune Ephraim Winslow mais que compte bien conserver comme privilège personnel, le bougon Thomas Wake. Drame au cœur duquel les légendes maritimes (celle de la sirène, notamment, qu'interprète donc Valeriia Karaman, ou les récits de capitaine de navire que conte à la jeune recrue, le vieux Thomas Wake) s’amoncellent en couches successives pour arriver à un point de non retour où ces récits fantastiques (au sens propre comme au figuré) prennent forme. L’œuvre n'est pas très éloignée de l'univers d'un certain Howard Phillips Lovecraft, écrivain dont l'approche romancée de l'indicible explose ici à diverses occasions. Le film de Robert Eggers nous happe par son incroyable ambiance faite d'images en noir et blanc sombres et mortifères. Une carte postale de fin du monde à l'échelle d'un îlot où les vagues, menaçantes, ne cessent de grandir jusqu'à nous donner l'impression que celui-ci sera prochainement englouti sous des eaux tempétueuses...


Légende encore lorsqu'est évoqué le mythe selon lequel tuer une mouette pourrait porter malheur. Un signe qui ne trompe pas et qui dans le cas présent fait sans doute porter à Ephraim Winslow une part de responsabilité dans les événements qui vont se produire. La notion du temps perdant ici de sa valeur, nos deux gardiens vont souffrir de manques importants. Isolement, solitude, appétit sexuel, remords, et si l'on tient compte du réalisateur lui-même qui évoquait que ''Rien de bon ne peut arriver quand deux hommes sont isolés dans un phallus géant'', les rapports de maître à... ''esclave'' que porte en lui le long-métrage ne peuvent engendrer que désordre moral et désobéissance. Il serait facile d'encourager celles et ceux qui n'ont toujours pas découvert ce joyau en exposant les nombreuses fulgurances visuelles dont est doté The Lighthouse. Mais ce serait sans doute prendre le risque de faire perdre un peu d'intérêt à une œuvre qui mérite que l'on en conserve tout ou partie de ses secrets. Un long-métrage véritablement envoûtant, porté par deux très grands interprètes. Un cauchemar sublimé par la photographie de Jarin Blaschke et par l'exceptionnelle bande-son de Mark Korven qui en outre collabora déjà avec Robert Eggers sur son premier long-métrage. Après deux longs-métrages plus que convaincants, nul doute que l'on attende son prochain film intitulé The Northman actuellement en post-production...

 

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