Alors que je sors de la
toute récente projection du dernier représentant de la franchise
Scream
visible dans les salles depuis mercredi dernier, je me demande
comment vont percevoir le film celles et ceux qui sont nés après
1996 ou qui furent trop jeunes pour découvrir le volet original
réalisé par l'immense Wes Craven à l'époque de sa sortie. Ne
parlons même pas de celles et ceux qui depuis furent plongés dans
un profond coma ou qui ignorèrent avec un luxe de précaution les
second, troisième et quatrième volets sortis respectivement sur les
écrans en 1997, 2000 et 2011. Visiblement traité comme s'il
s'agissait d'un énième reboot d'une franchise lucrative vue
l'absence de chiffre suivant le titre, Scream
s'avère pourtant bien la suite non pas du quatrième opus mais
plutôt du second puisqu'y est évoqué l'un des personnages
principaux en la personne de Billy Loomis (l'acteur Skeet Ulrich) qui
fut, on le sait, l'un des deux serial killer du premier volet. Ne
changeant pas une règle qui fit le succès de Scream
version 1996, le cinquième opus démarre de façon similaire avec le
personnage de Tara Carpenter (l'actrice Jenna Ortega) qui, seule chez elle, reçoit un appel
téléphonique de la part d'un inconnu qui très rapidement va
changer de ton et se montrer menaçant. Après plusieurs échanges
téléphoniques sous forme de jeu macabre, l'individu s'introduit
chez la jeune femme et la tue sur le carrelage de sa cuisine. Du
moins, c'est ce qu'il semble vu l'arme blanche employée et la
longueur de sa lame ainsi que les blessures qui lui sont infligées...
Sauf
que, ô miracle du septième art, la fille survit à ses blessure et
se retrouve alitée dans une chambre d’hôpital. Commence alors un
long-métrage multipliant les jeux de pistes et des meurtres plutôt
timides et généralement répétitifs. Si les anciens parviendront
sans doute à démêler le fil de l'intrigue, celles et ceux qui
justement découvrent ici pour la première fois l'univers de Scream
risquent d'être quelque peu déboussolés. Non pas que le scénario
soit d'une complexité insurmontable mais bon, à trop multiplier les
tentatives de brouiller les pistes à renforts de séquences
faussement explicatives et en faisant appel à une armada de
personnages parfois ambigus, la mayonnaise a de temps en temps du mal
à prendre. Et je ne parle pas là des invraisemblances du scénario
dont la séquence de l’hôpital opposant le personnage de Dewey
Rile à l'un des deux tueurs est proprement ridicule. Comparé à
l''œuvre de Wes Craven, que je ne porte pourtant pas spécialement
dans mon cœur même si elle possède d'indéniables qualités, ce
Scream
version 2022 a autant d'utilité que la plupart des reboots, remakes
ou plagiats des meilleurs films du genre. C'est peut-être la larme à
l’œil de nostalgie que retrouveront les fans de Dewey Riley, Gale
Weathers et Sidney Prescott, les acteurs David Arquette, Courteney
Cox et Neve Campbell...
La
recette étant quasiment identique à quelques exceptions près,
Scream (5)
n'apporte rien de vraiment neuf à une franchise qui aurait dû
s'arrêter bien avant que l'on change de siècle. Pour un film
d'épouvante, il est relativement dommageable de constater que le
long-métrage de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett manque de
véritables sensations fortes. Les deux réalisateurs ont beau
multiplier les tentatives, enchaînant des meurtres finalement peu
sanglants (la lame s'enfonçant régulièrement hors-champ de la
caméra) et majoritairement représentés par de larges flaque de
sang, on reste pourtant insensible aux événements. Comme
lobotomisés à force d'avoir vu tant d'horreur étalées sur les
écrans de cinéma ces dernières années pour que les quelques
meurtres (pourtant sauvages) commis par ce nouveau couple de tueurs
(comme le veut le cahier des charges mais aussi et surtout, la
légende) aient un quelconque impact sur notre résistance aux
émotions fortes. Trop long (presque deux heures), manquant de
cynisme et de séquence véritablement gore ou terrifiantes, Scream
version 2022 sonne probablement comme le chant du cygne de la
franchise. Une bonne nouvelle qui poussera espérons-le les deux
réalisateurs à étudier d'autres alternatives que de ponctionner
jusqu'à la moelle un concept dorénavant éprouvé...
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