Le temps passe...
Certains artistes vieillissent, d'autres mûrissent. L'humour reste
et ses exigences également. Ses créateurs évoluent, ses
spectateurs aussi, parfois, mais pas toujours. L'équipe du Splendid,
Les Nuls ou Les Inconnus font partie du passé mais demeurent dans
l'inconscient (presque) collectif comme les parangons d'un humour
décomplexé et ultra productif (en effet, combien de vannes par
minute dans chacun des deux premiers volets de la franchise des
Bronzés ?) qui chaque fois qu'une troupe s'est
séparée, s'est quant à lui délité. Aujourd'hui, que les comiques
ou non se valent, les uns et les autres se croisent et s'accouplent
dans des projets communs. Pour le meilleur mais aussi et surtout pour
le pire. L'un des derniers exemples en date, le couple formé par
Josiane Balasko et Didier Bourdon dans Mes très chers enfants
d'Alexandra Leclère. Laquelle retrouve la première qu'elle avait
mise en scène en 2011 dans Maman et le second sept ans
après Le grand partage et Garde alternée
il y en a cinq...
Le temps passe, oui... Et
l'embonpoint chez certains, se déclare. Chez ce nouveau couple de
fiction, cette apparence qui n'a plus rien de commun avec la
silhouette qui était celle de leurs interprètes au temps de leurs
débuts se combine à une forme de sagesse. Chantal et Christian
Blanc, un couple d'un certain âge, parents de deux enfants dont
l'une à fait carrière dans le secrétariat (Marilou Berry dans le
rôle de Sandrine, compagne du chirurgien-dentiste Régis
qu'interprète Esteban) et le second travaille pour une grosse
entreprise (Ben dans le rôle de Stéphane) dirigée par Édouard de
Castignac qu'incarne Laurent Stocker... Comme tout parent qui se
respecte, Chantal et Christian aimeraient voir leurs enfants plus
souvent. Mais ces deux là ont toujours mieux à faire. C'est alors
que Christian imagine un stratagème pour attirer Sandrine et
Stéphane chez eux, surtout que Noël approche à grand pas. Faire
croire à ces deux ingrats que le couple a gagné dix-huit millions
d'euros à la loterie...
A trois mois
d'intervalle, la comédie d'Alexandra Leclère reprend le principe de
Pourris gâtés de Nicolas Cuche tout en inversant
certaines valeurs. Dans l'un, le principe reposait sur un père
richissime qui faisait croire à ses trois enfants qu'il était
poursuivi par le Fisc et se réfugiait en leur compagnie dans un
Marseille n'ayant rien de commun avec le faste de leur existence
monégasque afin de leur inculquer de vraies valeurs comme celle de
gagner sa vie par soi même. Dans le second, la notion d'argent sert
d'appât aux deux ingrats pour un résultat qui se rapprochera
étonnamment de celui de Pourris gâtés... Si Mes
très chers enfants n'a rien d'une comédie transcendante
dont on prendrait du plaisir à réciter certaines répliques, ou
d'une profondeur telle qu'on la rangerait immédiatement parmi les
meilleures, lorsque l'on est habitué à sortir d'une salle après
avoir subit l'une de ces innombrables purges dont a le secret le
cinéma comique français depuis un certain nombre d'années, Mes
très chers enfants demeure encore tout à fait envisageable
comme première partie de soirée...
Il ne faudra cependant
pas trop se montrer exigeant en terme d'écriture, de mise en scène
ou d'interprétation car le film est léger, sans prises de risques
aucune (osez-donc plutôt découvrir la comédie noire Oranges
sanguines pour comprendre ce que veut dire prendre des
risques). Redécouvrir Balasco et Bourdon sur grand écran et presque
toujours un plaisir même si la comédie n'a depuis quelques années
jamais été aussi jouissive que lorsqu'elle se compromet dans des
projets irrévérencieux. Chose que ne tente jamais vraiment l’œuvre
d'Alexandra Leclère. Si vous aimez vous baigner dans les eaux calme
d'un lac, ce film est fait pour vous. Si par contre l'aventure est
pour vous synonyme de mer déchaînée, peut-être faudra-t-il vous
tourner vers un tout autre projet... Comme le Barbaque
de Fabrice Eboué par exemple...
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