Outre ses longs-métrages,
outre des courts réalisés entre 1962 et 1969 et outre quelques
clips musicaux, John Carpenter réalisa en 2006 et 2007 deux
moyens-métrages au bénéfice de l'anthologie Masters of
Horror.
Le premier, intitulé Cigarette Burns,
met en scène l'acteur Norman Reedus, plus connu pour avoir endossé
le costume relativement crasseux du biker spécialiste de l'arbalète
Daryl Dixon dans la série d'horreur The Walking
Dead.
Dans ce moyen-métrage d'une durée de cinquante minutes, il incarne
Kirby Sweetman dont la spécialité est de dénicher des films rares
et donc relativement difficiles à trouver. Et parmi ceux-ci, La
Fin absolue du monde
(qui donne son nom à la version française) dont la réputation lui
a valu de disparaître des radars puisque tous ceux qui ont eu
l'occasion de le découvrir se sont entre-tués. Chargé par le
collectionneur Bellinger (l'acteur allemand Udo Kier) de mettre la
main sur le film dont les bobines furent très officiellement
détruites, Kirby voyage à travers le monde afin de rencontrer
celles et ceux qui pourraient l'aiguiller dans ses recherches.
Difficile de retrouver la patte de l'auteur de Christine,
de The Thing
ou de New York 1997
dans cet épisode de l'anthologie. Œuvre marquée par la présence
de Norman Reedus qui quelques années avant de se laisser aller (son
personnage de Daryl dans la série The Walking
Dead
s'avère frileux à l'idée de se laver) apparaît étonnamment
propre sur lui, Cigarette Burns
offre une mise en abyme du cinéma avec cette histoire un peu folle
de film devenu maudit après qu'un ange ait été tué lors de son
tournage. Le moyen-métrage évoque l'emprise d’une œuvre sur ceux
qui ont eu les honneurs d'une projection. Avec tout ce que cela
évoque comme inconvénients. De là à fantasmer sur les
répercussions que purent avoir dans la vie réelle certaines
créations sur des individus perturbés et d'y voir une certaine
corrélation avec le récit, il n'y a qu'un pas que John Carpenter
franchi plus ou moins timidement. Pas de débordements sanglants,
mais une ambiance parfois volontairement poisseuse bien que son
statut de simple épisode d'anthologie horrifique ne permet pas à
Cigarette Burns
d'offrir aux spectateurs une esthétique à la hauteur de ce que ce
maître incontesté de l'horreur qu'est John Carpenter fut
généralement capable de nous livrer...
L'année
suivante, Big John offrait à nouveau ses services à Masters
of Horror avec
Pro-Life
(ou Piégée à l'intérieur
dans l'hexagone). Dans ce moyen-métrage d'une durée de
cinquante-sept minutes, le réalisateur confronte l'actrice Caitlin
Wachs, qui interprète ici la jeune Angélique, à Ron Perlman qui
dans le rôle de son père Dwayne, refuse que sa fille avorte de
l'enfant qu'elle attend. Œuvre horrifique aux multiples facettes,
Pro-Life évoque
le fanatisme religieux d'un père de famille qui à cette occasion
enrôle ses trois fils afin de pénétrer la clinique où attend sa
fille d'être débarrassée du bébé qu'elle porte. Le moyen-métrage
en profite bien évidemment pour évoquer le sujet de l'avortement.
Mais John Carpenter n'étant pas du genre à se contenter de la
basse-besogne consistant à simplement évoquer un fait de société,
le Mal s'insinue donc forcément au cœur de l'établissement et
donc, de l'intrigue. MIEUX ! C'est bien dans le ventre de
l'adolescente elle-même qu'il se niche puisque l'on découvrira
qu'Angélique porte l'enfant du Diable qui la viola peu de temps
auparavant. Débarquant le ventre à peine rebondit, la grossesse
prend rapidement des proportions démesurées tandis que dehors,
Dwayne et ses trois rejetons se lancent dans un raid meurtrier. John
Carpenter semble emprunter l'idée au chef-d’œuvre de Roman
Polanski Rosemary's Baby
même si la finesse est ici aux abonnés absents. Exit l'horreur
psychologique et les tensions qui en découlent. On retrouve le
versant gore qui tâche (à la manière d'un Vampires
à l'ambition revue nettement à la baisse). Avec sa gueule et sa
manière de soliloquer, Ron Perlman incarne un père de famille
acceptable même si son attitude fait généralement sourire.
Imaginez, le type explose la tête d'un agent de sécurité (à
grands renforts de CGI)
avant de demander des comptes au directeur de l'établissement sur
lequel il pratiquera un avortement (une séquence qui n'est,
malheureusement, pas jusqu’au-boutiste puisque filmée dans le dos
de Ron Perlman). Si le maquillage du Diable est plutôt convainquant,
le montage de Pro-Life s'avère
assez curieux. Des rencontres inopinées entre le Dieu des Enfers et
d'hypothétiques victimes dont la mort ne s'affichera malheureusement
pas à l'écran. À ce titre, le récit comporte une coquille de
taille puisque Dwayne ''devine'' la mort de l'un de ses fils alors
même que ce dernier meurt sans que son père ait assisté à son
décès ! Trop long malgré son format, les quelques séquences
gore ou encore le bébé (pâle copie de la tête/araignée de The
Thing)
se traînant au sol avant de se prendre une balle en pleine tête ne
suffisent pas à faire de Pro-Life une
œuvre digne de son auteur...
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