Le cas du réalisateur français originaire de Paris et mort à
Boulogne-Billancourt Jean-Étienne Siry est assez particulier. Une
filmographie relativement restreinte mais une première œuvre qui en
1976 marqua visiblement celles et surtout ceux qui eurent la
''chance'' de la découvrir. En effet, l'auteur du long-métrage qui
nous intéresse dans cet article a débuté puis prolongé sa
carrière dans le domaine quasi exclusif du porno-gay hardcore. Avec
comme point d'orgue son premier court-métrage Poing de force
dont l'affiche et le titre laissent rapidement envisager l'un de ses
plus scabreux passages lors duquel, semble-t-il, un double fist anal
était pratiqué ! Autant dire que le non initié a dû, à
l'époque, serrer les fesses bien fort lors de cette séquence, avec
la même détermination auto-protectrice que celui qui se plia en
deux en découvrant l'abominable émasculation finale du Cannibal
Holocaust
de Ruggero Deodato quelques années plus tard, en 1980 !
Suivront alors deux autres courts-métrages intitulés Erotic
Hands
et Entrepôt 026
précédant deux longs, Mâles Hard Corps
ainsi que Et... Dieu créa les hommes.
Le tout entre 1976 et 1978. Puis en 1979, c'est le silence radio.
Notons au passage que Jean-Étienne Siry aura fait partie de diverses
équipes de renforts en tant que créateur d'affiches entre le tout
début des années soixante et 1981 dans des œuvres telles que
Robinson et le triporteur
de Jacques Pinoteau avec Darry Cowl, Les tontons
flingueurs de
Georges Lautner, La cuisine au beurre
de Gilles Grangier, ou encore La carapate
de Gérard Oury. Le français mettra cependant un terme à sa
carrière de réalisateur en 1980 avec une dernière œuvre qui
contre toute attente n'appartiendra pas à son genre de prédilection
mais plutôt au drame. Mais pas que puisque l'étrange récit au fil
duquel il convie le spectateur invoque également la thématique de
l'épouvante lors d'un voyage ou passion amoureuse rime étrangement
avec mort et folie ! Une œuvre interprétée par une poignée
d'acteurs dont Jean-Claude Bouillon reste le plus célèbre pour
avoir incarné dès le 21 décembre 1974 à la télévision française
le personnage du commissaire Paul Valentin dans la série policière,
Les brigades du tigre.
Sa popularité n'en font pourtant pas ici le personnage principal
puisque Un escargot dans la tête
est d'abord et avant tout interprété par Florence Giorgetti et
Renaud Verley qui incarnent respectivement les rôles de Hélène et
d'Edouard, deux patients d'un hôpital psychiatrique qui vont faire
connaissance l'un avec l'autre avant de se revoir une fois arrivé à
on terme leur séjour entre les quatre murs de l'établissement.
Si
Hélène a mal vécu sa rupture d'avec son mari, est dépressive et a
contracté une étonnante phobie concernant les escargots, Édouard a
plongé dans l'alcool à la suite d'un accident de voiture qui a
coûté la vie à sa femme et son fils. Pourtant, tout semble
désormais aller pour le mieux pour ces nouveaux amants qui s'aiment
et se retrouvent dans une ferme à l'écart de la capitale et que
possède le jeune homme. Du moins, jusqu'au jour où Hélène reçoit
la visite d'Antoine (Jean-Claude Bouillon, donc) qui lui annonce le
décès de son ancien mari... Un escargot dans
la tête
est un bien curieux long-métrage où la rencontre entre deux
patients d'un même institut psychiatrique paraît tout d'abord être
positive. Pourtant s'installent durant le récit des zones d'ombre
particulièrement inquiétantes. Comme la récurrence des cauchemars
d'Hélène dans lesquels elle se sent agressée par des hordes de
gastéropodes gluants ou cette étrange mise en scène se situant
dans la ferme d’Édouard où le jeune artiste-peintre a installé
des mannequins à l'effigie de ses défunts fils et épouse afin de
ne pas les oublier. Une vision macabre comme Jean-Étienne Siry
semble ici vouloir la cultiver à travers une focale déformée
durant les divers cauchemars d'Hélène ou lorsque la caméra filme
de manière subjective le déplacement des escargots lors du délirant
final. Le réalisateur entremêle rêve et réalité dans une œuvre
profondément pessimiste malgré une première partie qui l'est
beaucoup moins. Notons que parmi les rares seconds rôles l'on
retrouve l'actrice Jeanne Allard dans le rôle un brin glaçant de
Madame Servier, femme qui s'occupe de la ferme durant l'absence de
son propriétaire. Jean-Étienne Siry ne ménage absolument pas son
spectateur et si le charme de sa principale interprète constitue une
donnée suffisante pour retenir le spectateur, l'ambiance générale
empreinte d'une profonde morosité risque d'en rebuter certain. Sans
effets réellement spectaculaires, le film n'en reste pas moins
potentiellement envoûtant. Et même s'il n'est pas dénué de
quelques défauts propres à la mise en scène, c'est pourtant bien
grâce à l'originalité du script et l'agréable silhouette parfois
dénudée de Florence Giorgetti que le spectateur y trouvera
certainement son compte. Surprenant...
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