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vendredi 11 avril 2025

Un escargot dans la tête de Jean-Étienne Siry (1980) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Le cas du réalisateur français originaire de Paris et mort à Boulogne-Billancourt Jean-Étienne Siry est assez particulier. Une filmographie relativement restreinte mais une première œuvre qui en 1976 marqua visiblement celles et surtout ceux qui eurent la ''chance'' de la découvrir. En effet, l'auteur du long-métrage qui nous intéresse dans cet article a débuté puis prolongé sa carrière dans le domaine quasi exclusif du porno-gay hardcore. Avec comme point d'orgue son premier court-métrage Poing de force dont l'affiche et le titre laissent rapidement envisager l'un de ses plus scabreux passages lors duquel, semble-t-il, un double fist anal était pratiqué ! Autant dire que le non initié a dû, à l'époque, serrer les fesses bien fort lors de cette séquence, avec la même détermination auto-protectrice que celui qui se plia en deux en découvrant l'abominable émasculation finale du Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato quelques années plus tard, en 1980 ! Suivront alors deux autres courts-métrages intitulés Erotic Hands et Entrepôt 026 précédant deux longs, Mâles Hard Corps ainsi que Et... Dieu créa les hommes. Le tout entre 1976 et 1978. Puis en 1979, c'est le silence radio. Notons au passage que Jean-Étienne Siry aura fait partie de diverses équipes de renforts en tant que créateur d'affiches entre le tout début des années soixante et 1981 dans des œuvres telles que Robinson et le triporteur de Jacques Pinoteau avec Darry Cowl, Les tontons flingueurs de Georges Lautner, La cuisine au beurre de Gilles Grangier, ou encore La carapate de Gérard Oury. Le français mettra cependant un terme à sa carrière de réalisateur en 1980 avec une dernière œuvre qui contre toute attente n'appartiendra pas à son genre de prédilection mais plutôt au drame. Mais pas que puisque l'étrange récit au fil duquel il convie le spectateur invoque également la thématique de l'épouvante lors d'un voyage ou passion amoureuse rime étrangement avec mort et folie ! Une œuvre interprétée par une poignée d'acteurs dont Jean-Claude Bouillon reste le plus célèbre pour avoir incarné dès le 21 décembre 1974 à la télévision française le personnage du commissaire Paul Valentin dans la série policière, Les brigades du tigre. Sa popularité n'en font pourtant pas ici le personnage principal puisque Un escargot dans la tête est d'abord et avant tout interprété par Florence Giorgetti et Renaud Verley qui incarnent respectivement les rôles de Hélène et d'Edouard, deux patients d'un hôpital psychiatrique qui vont faire connaissance l'un avec l'autre avant de se revoir une fois arrivé à on terme leur séjour entre les quatre murs de l'établissement.


Si Hélène a mal vécu sa rupture d'avec son mari, est dépressive et a contracté une étonnante phobie concernant les escargots, Édouard a plongé dans l'alcool à la suite d'un accident de voiture qui a coûté la vie à sa femme et son fils. Pourtant, tout semble désormais aller pour le mieux pour ces nouveaux amants qui s'aiment et se retrouvent dans une ferme à l'écart de la capitale et que possède le jeune homme. Du moins, jusqu'au jour où Hélène reçoit la visite d'Antoine (Jean-Claude Bouillon, donc) qui lui annonce le décès de son ancien mari... Un escargot dans la tête est un bien curieux long-métrage où la rencontre entre deux patients d'un même institut psychiatrique paraît tout d'abord être positive. Pourtant s'installent durant le récit des zones d'ombre particulièrement inquiétantes. Comme la récurrence des cauchemars d'Hélène dans lesquels elle se sent agressée par des hordes de gastéropodes gluants ou cette étrange mise en scène se situant dans la ferme d’Édouard où le jeune artiste-peintre a installé des mannequins à l'effigie de ses défunts fils et épouse afin de ne pas les oublier. Une vision macabre comme Jean-Étienne Siry semble ici vouloir la cultiver à travers une focale déformée durant les divers cauchemars d'Hélène ou lorsque la caméra filme de manière subjective le déplacement des escargots lors du délirant final. Le réalisateur entremêle rêve et réalité dans une œuvre profondément pessimiste malgré une première partie qui l'est beaucoup moins. Notons que parmi les rares seconds rôles l'on retrouve l'actrice Jeanne Allard dans le rôle un brin glaçant de Madame Servier, femme qui s'occupe de la ferme durant l'absence de son propriétaire. Jean-Étienne Siry ne ménage absolument pas son spectateur et si le charme de sa principale interprète constitue une donnée suffisante pour retenir le spectateur, l'ambiance générale empreinte d'une profonde morosité risque d'en rebuter certain. Sans effets réellement spectaculaires, le film n'en reste pas moins potentiellement envoûtant. Et même s'il n'est pas dénué de quelques défauts propres à la mise en scène, c'est pourtant bien grâce à l'originalité du script et l'agréable silhouette parfois dénudée de Florence Giorgetti que le spectateur y trouvera certainement son compte. Surprenant...

 

samedi 8 septembre 2018

La Campana del Infierno de Claudio Guerin (1974) - ★★★★★★★☆☆☆



Étrange cas que La Campana del Infierno du cinéaste espagnol Claudio Guerin, œuvre d’épouvante connue chez nous sous le titre La Cloche de l'Enfer (dont certaines affiches mettent la dite cloche au pluriel). Son déroulement y est inhabituel, nous perdant dans un puzzle dont les pièces éparses s'imbriquent de manière non linéaire comme pour nous perdre dans l'esprit malfaisant de ses différents personnages. L'une des composante étant largement représentée ici, c'est la folie. Celle de Juan, qui après avoir passé de longs mois dans un institut psychiatrique retourne enfin chez lui, dans la demeure de sa mère défunte. Celle ensuite, de Don Pedro, un entrepreneur louche qui parcourra la pellicule de sa maléfique présence. Et puis, il y a la tante Marta, et ses trois filles Teresa, Esther et Maria. La vieille femme clouée sur un fauteuil roulant redoute le retour de son neveu, tout comme Teresa qui a pour habitude d’adhérer aux idées de sa mère. Elle aussi ne veut pas du retour de son cousin, tandis qu'Esther, elle, est impatiente de le revoir. Reste Maria, coincée entre le désir de revoir Juan et sa méfiance.

Le long-métrage de Claudio Guerin se traîne une curieuse réputation d’œuvre maudite. Et pas simplement parce qu'il est revêtu d'une ambiance fantomatique et d'un mystère s'épaississant au fil de l'intrigue, mais parce qu'à l'issue du tournage, le réalisateur a perdu la vie en chutant du haut du clocher de l'église de Noia, en Galice. Une coïncidence ? Oui, très certainement. Mais une correspondance qui cultive forcément le fantasme tournant autour d'un film déjà très spécial dans sa construction. Le spectateur s'emmêle les pieds dans un montage constitué parfois de flash-back dont on ne sait plus si certaines séquences font partie du passé ou du présent. Toujours est-il que La Campana del Infierno fait l'objet d'une multitude de machinations. D'abord, celle mise en place par Juan qui n'a pas pu supporter d'être enfermé dans un hôpital psychiatrique par sa tante pour des raisons vénales. En effet, cette dernière, à l'origine elle aussi d'une machination, refuse d'imaginer son neveu mettre la main sur la fortune de sa mère, justifiant son acte à travers l'hypothèse que le jeune homme la dilapiderait très rapidement.et puis, il y a ce personnage de Don Pedro dont nous parlions un peu plus haut. Un type louche qui en compagnie de ses camarades de chasse se serait bien laissé aller à un viol sur l'une des cousines de Juan si ce dernier n'avait pas été là pour intervenir.

Excellant dans le maquillage, Juan est un très étrange personnage (comme le seront d'ailleurs la majorité des individus) incarné à l'écran par un acteur... français. Renaud Verley interprète en effet le rôle du jeune homme aux prises avec sa famille et un envahissant promoteur. Face à lui, l'actrice américano-suédoise Viveca Lindfors en tante effrayante, clouée dans son fauteuil roulant. Maribel Martin, Nuria Gimeno et Christina von Blanc composent le charmant trio de sœurs, du moins, charmantes de par leur apparence car comme tous ceux que croisera le jeune Juan, aucune d'elles ne semble tout à fait saine d'esprit. Les décors de La Campana del Infierno font partie intégrante de l'histoire. Tourné dans un petit village espagnol, le cadre est visuellement saisissant. C'est là qu'est hissée jusqu'au sommet du clocher de l'église, la fameuse cloche d'un titre qui prendra tout son sens lorsque viendra le moment pour les différents personnages, de se débarrasser d'un Juan devenu gênant. Rien n'est vraiment très clair dans ce récit d'épouvante empruntant quelque peu au thriller. Et pourtant, on s'y laisse facilement happer grâce au jeu impeccable de ses différents interprètes, et à l'étrange jeu auquel s'adonnent leurs personnages respectifs. Et puis, il y a ce final de toute beauté empruntant une esthétique gothique remarquable se rapprochant très curieusement de l'excellent Les Innocents aux Mains Sales du cinéaste français Claude Chabrol, sorti la même année, en 1974. La Campana del Infierno risque d'en déconcerter plus d'un, mais il mérite toute l'attention des amateurs de pellicules horrifiques hispaniques...
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