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samedi 8 septembre 2018

La Campana del Infierno de Claudio Guerin (1974) - ★★★★★★★☆☆☆



Étrange cas que La Campana del Infierno du cinéaste espagnol Claudio Guerin, œuvre d’épouvante connue chez nous sous le titre La Cloche de l'Enfer (dont certaines affiches mettent la dite cloche au pluriel). Son déroulement y est inhabituel, nous perdant dans un puzzle dont les pièces éparses s'imbriquent de manière non linéaire comme pour nous perdre dans l'esprit malfaisant de ses différents personnages. L'une des composante étant largement représentée ici, c'est la folie. Celle de Juan, qui après avoir passé de longs mois dans un institut psychiatrique retourne enfin chez lui, dans la demeure de sa mère défunte. Celle ensuite, de Don Pedro, un entrepreneur louche qui parcourra la pellicule de sa maléfique présence. Et puis, il y a la tante Marta, et ses trois filles Teresa, Esther et Maria. La vieille femme clouée sur un fauteuil roulant redoute le retour de son neveu, tout comme Teresa qui a pour habitude d’adhérer aux idées de sa mère. Elle aussi ne veut pas du retour de son cousin, tandis qu'Esther, elle, est impatiente de le revoir. Reste Maria, coincée entre le désir de revoir Juan et sa méfiance.

Le long-métrage de Claudio Guerin se traîne une curieuse réputation d’œuvre maudite. Et pas simplement parce qu'il est revêtu d'une ambiance fantomatique et d'un mystère s'épaississant au fil de l'intrigue, mais parce qu'à l'issue du tournage, le réalisateur a perdu la vie en chutant du haut du clocher de l'église de Noia, en Galice. Une coïncidence ? Oui, très certainement. Mais une correspondance qui cultive forcément le fantasme tournant autour d'un film déjà très spécial dans sa construction. Le spectateur s'emmêle les pieds dans un montage constitué parfois de flash-back dont on ne sait plus si certaines séquences font partie du passé ou du présent. Toujours est-il que La Campana del Infierno fait l'objet d'une multitude de machinations. D'abord, celle mise en place par Juan qui n'a pas pu supporter d'être enfermé dans un hôpital psychiatrique par sa tante pour des raisons vénales. En effet, cette dernière, à l'origine elle aussi d'une machination, refuse d'imaginer son neveu mettre la main sur la fortune de sa mère, justifiant son acte à travers l'hypothèse que le jeune homme la dilapiderait très rapidement.et puis, il y a ce personnage de Don Pedro dont nous parlions un peu plus haut. Un type louche qui en compagnie de ses camarades de chasse se serait bien laissé aller à un viol sur l'une des cousines de Juan si ce dernier n'avait pas été là pour intervenir.

Excellant dans le maquillage, Juan est un très étrange personnage (comme le seront d'ailleurs la majorité des individus) incarné à l'écran par un acteur... français. Renaud Verley interprète en effet le rôle du jeune homme aux prises avec sa famille et un envahissant promoteur. Face à lui, l'actrice américano-suédoise Viveca Lindfors en tante effrayante, clouée dans son fauteuil roulant. Maribel Martin, Nuria Gimeno et Christina von Blanc composent le charmant trio de sœurs, du moins, charmantes de par leur apparence car comme tous ceux que croisera le jeune Juan, aucune d'elles ne semble tout à fait saine d'esprit. Les décors de La Campana del Infierno font partie intégrante de l'histoire. Tourné dans un petit village espagnol, le cadre est visuellement saisissant. C'est là qu'est hissée jusqu'au sommet du clocher de l'église, la fameuse cloche d'un titre qui prendra tout son sens lorsque viendra le moment pour les différents personnages, de se débarrasser d'un Juan devenu gênant. Rien n'est vraiment très clair dans ce récit d'épouvante empruntant quelque peu au thriller. Et pourtant, on s'y laisse facilement happer grâce au jeu impeccable de ses différents interprètes, et à l'étrange jeu auquel s'adonnent leurs personnages respectifs. Et puis, il y a ce final de toute beauté empruntant une esthétique gothique remarquable se rapprochant très curieusement de l'excellent Les Innocents aux Mains Sales du cinéaste français Claude Chabrol, sorti la même année, en 1974. La Campana del Infierno risque d'en déconcerter plus d'un, mais il mérite toute l'attention des amateurs de pellicules horrifiques hispaniques...

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