Après avoir réalisé la
même année Orgasmo, premier giallo érotique d'une
trilogie sans lien apparent mais à laquelle Così
dolce... così perversa apporte une certaine
continuité, voici donc le retour du cinéaste italien Umberto Lenzi
au giallo. Comme l’œuvre précédente, cette dernière ne risque
pas de faire de l'ombre aux classiques du film policier italiens
rendus célèbres par les romans dont ils s'inspiraient et dont les
couvertures s'ornaient d'une couleur jaune significative qui donne
son nom au genre. Nous retrouvons l'actrice Carroll Baker, plus
séduisante que jamais, en fausse victime et nouvelle locataire d'un
appartement se situant juste au dessus de celui d'un couple bourgeois
qui contrairement aux apparences ne s'aiment plus. Si Douces,
si Perverses, s'il ne nous trompe pas tout à fait sur la
marchandise n'est pas non plus totalement représentatif du contenu
de ce giallo versant dans la pure machination crapuleuse puisqu'ici,
il s'agit encore de mettre la main sur le magot d'un riche
industriel.
Et ce dernier, c'est
l'acteur Jean-Louis Trintignant qui l'incarne. Sans vouloir faire
preuve de chauvinisme envers le fait que l'acteur soit français, sa
seule présence, reconnaissons-le, sauve Così
dolce... così perversa du naufrage le plus complet.
Toutes les attentes des spectateurs sont malheureusement vaines. Le
déroulement de l'intrigue se révèle beaucoup moins ténu qu'on
l'aurait aimé. Sans vouloir rentrer dans les détails et ainsi
éviter de spoiler, on ne peut malgré tout pas faire l'impasse sur
le relatif fil rouge qui accompagne les spectateurs après la mort du
personnage de Jean Reynaud (non, non, rien à voir avec notre
illustre acteur français), l'époux déçu, amant de la belle blonde
Nicole Perrier, et victime d'une manigance terrible fomentée par non
pas une femme, mais deux, et d'un homme également. Parce que
lorsqu'il s'agit de tuer le riche homme d'affaire, c'est à agente
masculine que l'on s'adresse.
Dès lors, Umberto Lenzi
nous pousse à imaginer de nombreuses pistes aussi diverses que
tronquées. Toujours en nous prenant par la main comme si nous,
pauvres spectateurs insensibles aux détails les plus infimes, étions
incapables de cerner les intentions de ses interprètes et donc, de
ses personnages. Pourtant, dans cette façon d'agir se cache quelques
minuscules idées qui auraient pu faire leur petit bonhomme de chemin
si le scénario n'aidait pas à outrance les spectateurs à suivre
une intrigue qui de toute manière demeure au fond, simpliste. L'un
des soucis majeurs et que l'on rencontre couramment chez Lenzi, c'est
la maigreur du scénario. Ce qui pousse le cinéaste à remplir les
vides avec... du néant. Pour autant, il possède tout le talent
qu'il faut pour rendre ses histoires, même les plus ineptes,
suffisamment intrigantes pour que l'on n'aie pas envie de jeter
l'éponge avant la fin. Carroll Baker est toujours aussi délicieuse
et nous ferait presque regretter de ne pas la voir nue plus souvent.
Elle incarne la douceur du titre tandis que l'actrice brune Erika
Blanc (Danielle, l'épouse de Jean) préfigure la perversité. Du
moins dans un premier temps puisque comme dans tout bon (ou mauvais)
giallo, mieux vaut éviter de se faire une idée toute faite avant le
générique de fin.
Œuvre italo-française
réalisée en 1969, le film a été tourné à Paris, ville dont
Umberto Lenzi, malheureusement, n'aura pas su profiter de la
magnificence. Così dolce... così perversa
demeure une semi déception. Ni un chef-d’œuvre, ni un navet.
Plutôt un long-métrage à l'attention des fans du cinéaste plus
que des véritables amateurs de gialli qui ici, risquent de rester
sur leur faim...
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