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jeudi 18 mai 2017

Calvaire de Fabrice du Welz (2004) - ★★★★★★★★☆☆



 
Pour son premier long-métrage, le cinéaste belge Fabrice Du Welz n'a pas choisi de nous raconter un conte de fée. Plutôt le calvaire d'un artiste itinérant qui pour gagner du temps sur la route du sud, décide de prendre un raccourci qui va le mener jusqu'à l'auberge de Bartel. Un homme se définissant lui-même comme un ancien artiste et que sa femme a abandonné voici plusieurs années. Le véhicule de Marc Stevens tombé en panne, l'aubergiste lui promet de jeter un œil au moteur. Résultat des courses : la camionnette est devenue inutilisable.
Peu à peu, l'étau se resserre autour du chanteur. Bartel n'a pas l'intention de laisser repartir le jeune homme qu'il confond désormais avec Gloria, son épouse. Séquestré, humilié et vêtu des vêtements de celle-ci, Marc n'a guère l'occasion de pouvoir espérer fuir le piège dans lequel il est tombé. Il ne pourra d'ailleurs pas compter sur l'aide des villageois qui eux-mêmes observent un comportement très étrange vis à vis du jeune artiste et de son bourreau. Les jours et les heures passent. L'aubergiste peut compter sur l'appui de Boris, un adolescent attardé qui passe son temps à la recherche de sa chienne Bella. Un soir, alors que tout semble définitivement perdu pour Marc, l'auberge est attaquée par un meute de villageois surchauffés conduits par un certain Robert Orthon. C'est peut-être alors l'occasion pour Marc de s'enfuir...

Éprouvant. Voici ce qui ressort d'abord du premier long-métrage de Fabrice Du Welz, cinéaste un peu trop sous-estimé (Vinyan, Colt 45), auteur de la meilleure adaptation cinématographique d'un fait divers sordides dont se rendit responsable le couple de tueurs en série américains Raymond Fernandez et Martha Beck avec Alléluia, et dont le dernier film Message from the King est sorti sur nos écrans il y a huit jours. Si Calvaire porte bien son nom, son auteur semble y digérer plusieurs influences majeures du cinéma d'épouvante et notamment de quelques survivals plutôt bien sentis. Massacre à la Tronçonneuse de Tobe Hooper demeurant sans doute l'une des principales sources d'inspiration de Fabrice Du Welz avec, entre autres, La Traque de Serge Leroy.
Dès les premières minutes, le cinéaste belge instaure un climat trouble, et éminemment dérangeant. Entre cette maison de retraite qu'il visite chaque année pour y donner un concert de chansons ringardes au profit de vieillards dont certaines pensionnaires développent un amour morbide pour cet artiste de quarante ou cinquante ans plus jeunes qu'elles, et cette route perdue en pleine campagne et que la brume et l'obscurité enveloppent d'un manteau particulièrement angoissant, il ne fait aucun doute que le sort du personnage incarné par le génial Laurent Lucas (auquel Fabrice Du Welz rendra son honneur en lui faisant cette fois-ci endosser le rôle de bourreau dans l'extraordinaire Alléluia) est déjà scellé.

Outre quelques références, dont une scène de repas qui abouti sur des gros-plans d'yeux similaires à ceux du classique de Tobe hooper cité plus haut, Fabrice Du Welz aborde une déviance sexuelle rarement évoquée dans le septième art : la zoophilie. Car non content d'être de parfaits demeurés, les villageois dont le chef n'est autre que le toujours impeccable Philippe Nahon violent en toute impunité et sous le regard malsain de leurs proches, leur propre bétail.
De quoi vous donner le tournis, en imaginant que vous puissiez ne fusse qu'un instant être à la place du pauvre Marc Stevens dont le pseudo même et le costume de scène définissent à eux seul l'aspect dépassé du personnage qu'il incarne durant sa tournée. Face à lui, un Jacky Berroyer loin du personnage que l'on connaissait dans les années quatre vingt-dix lors de la diffusion de l'émission culte Nulle par Ailleurs. Le pauvre homme a ici littéralement fondu un fusible. Calvaire dresse le portrait d'une civilisation retournée à l'état sauvage. Entre barbarie, rituels ancestraux proprement ignoble, et absence totale de toute forme de morale. La critique d'une société engendrant des créatures ressemblant de moins en moins à des hommes et davantage à des bêtes fauves.
Pour son premier film, Fabrice Du Welz signe une œuvre coup de poing terriblement efficace. La première d'une lignée de longs-métrages forts réussis. A noter la présence au début du film de l’envoûtante actrice Brigitte Lahaie qui n'en était pas ici à son premier coup d'essai en matière de film d'horreur puisqu'elle tourna jadis auprès du cinéaste français Jean Rollin...

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