Plus connu pour avoir
réalisé Sette orchidee macchiate di rosso,
c'est pourtant trois ans plus tôt en 1969 que le cinéaste italien
Umberto Lenzi a ouvert les hostilités en tournant son premier
giallo, Orgasmo,
créant d'ailleurs pour l'occasion un sous-genre érotique dont les
scènes de nu sont beaucoup plus prononcées dans la version
américain du titre, ce qui lui vaudra d'ailleurs là-bas une
classification X, le reléguant ainsi dans la même catégorie que
les films pornographiques ou certains films ultra-violents. La
version ayant ici servi de support à cet article est celle qui fut
proposée en vidéo et classé R. Peu de nudité et surtout, un type
de giallo qui change radicalement des habitudes puisqu'ici l'intrigue
ne tourne pas autour d'une série de meurtres mais plutôt autour
d'une riche veuve tombée dans un piège fomentée par le jeune homme
qu'elle a eu la courtoisie d'accueillir chez elle alors qu'il est
tombé en panne de voiture. Tombant follement amoureuse de ce bel
étalon prénommé Peter, le couple nouvellement formé reçoit
bientôt la visite d'Eva, la sœur de celui-ci.
Vous
ne trouverez pas de tueur masqué, pas de meurtres à l'arme blanche,
mais un huis-clos infernal et parfois nauséeux (la troublante
relation que vivent Eva et Peter dont on ne saura finalement jamais
s'ils sont frère et sœur malgré leur apparente ressemblance).
Umberto Lenzi confie à l'actrice américaine Carroll Baker le rôle
de Kathryn West, la riche veuve en question, proie d'un couple
diabolique qui va, en l'espace de quelques semaines, la détruire
physiquement et psychologiquement, l'enfermant ainsi dans sa propre
demeure. Le but ultime du duo étant de la pousser au suicide. Pour
mener à bien son projet Lenzi n'hésite pas à créer un climat
trouble. Des premiers émois sexuels entre son héroïne et son amant
jusqu'au dernier acte, ignoble, mais dont l'écho résonne jusqu'aux
faits-divers réels les plus sordides.
Orgasmo développe
le thème de la dépendance, et ce, sous toutes ses formes. Du sexe
aux somnifères en passant par l'alcool. On le devine assez vite, le
but d'Eva et Peter est lucratif. Mais au delà de l’appât du gain,
les deux amants diaboliques font preuve d'une très grande
perversité. Cela se voit dans le regard de leurs interprètes
respectifs (Lou Castel et Colette Descombes), et même dans les
sourires qu'ils échangent. On assiste à la lente dégradation
physique et psychologique d'une Kathryn d'abord magnifique mais qui
au contact de ses hôtes dépérit à vue d'oeil. Un destin tragique
qu'Umberto Lenzi mènera à son terme.
Plus
proche du thriller que spécifiquement du giallo, Orgasmo
offre
une violence psychologique à laquelle il est parfois difficile
d'assister en tant que simple spectateur témoin du naufrage dont est
victime l'héroïne. En choisissant de ne jamais évoquer l'hypothèse
de la paranoïa (terme que la version américaine a choisi de donner
au titre du film), Umberto Lenzi choisi au contraire de nous montrer
la monstruosité dans toute sa cruauté. On a beau espérer voir son
héroïne parvenir à reprendre le dessus et vaincre ses bourreaux,
Lenzi pousse le vice à toujours rééquilibrer l'intrigue au profit
de ceux-ci et ce, jusqu'à ce que surgissent deux événements
post-mortem dont je terrai le contenu pour n'en point dévoiler
l'intérêt. Si au final Orgasmo n'arbore
pas les atours du giallo tel qu'on à l'habitude d'en voir, il
demeure un excellent thriller. Dérangeant, épidermique, et
diablement pervers. A noter que sa principale interprète Carroll
Baker redonnera de sa personne dans les deux autres Gialli érotiques
qu'Umberto Lenzi tournera respectivement la même année en 1969
(Così dolce... così perversa ),
ainsi que l'année suivante en 1970 (Paranoïa)...
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