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lundi 15 mai 2017

Alien:Covenant de Ridley Scott (2017) - ★★★★★★★☆☆☆



ATTENTION ! Cet article comporte un ou deux Spoilers !

Cinq ans déjà. Cinq ans qu'est sorti sur les écrans Prometheus de Ridley Scott. Et depuis, cinq années à attendre que nous soient livrées les clés concernant les origines de l'humanité. Celles promises par l'auteur du chef-d’œuvre Alien, le Huitième Passager. Celles que semblaient nous promettre les premières images de cette préquelle inavouée (inavouable) avant qu'elle ne laisse choir son public pour un récit beaucoup plus convenu. Certes, un film pas si mauvais que cela, mais lorsque l'on est en proie à une telle adoration envers l'un des dix plus grands films de science-fiction, on ne peut que se voir offusqué d'être pris pour un imbécile.
Quatorze mai 2017. Alien : Covenant est sorti depuis quatre jours déjà et c'est après avoir refusé de me soumettre au dictât des médias en évitant la moindre image concernant le film que j'emmène ma promise et son neveu au cinéma, un dimanche matin, à onze heures. Presque pas un chat, et une séance qui débute mal. Vingt minutes de pubs au milieu desquelles s'intercalaient quelques sympathiques bande-annonces. Et puis, les premières minutes d'un film qui n'est pas celui que l'on attendait. Après avoir enfin observé que le film qu'il nous projetait n'était pas le bon, le projectionniste interromps la diffusion. Les lumières s'allument et le public, philosophe, patiente... comme Anna, Sacha, et moi.
L'écran s'éteint de nouveau. Cette fois-ci, c'est certain, on y est. Une pièce, immense, blanche et donnant sur une baie vitrée séparant cet univers aseptisé de ce que l'on devine déjà n'être qu'une reproduction numérique d'un paradis terrestre. Un décor vierge que l'on ne rencontrera guère durant le reste de ce long-métrage qui durera un peu plus de deux heures.
Alien : Covenant... Avec un tel titre, Ridley Scott semble renier son Prometheus qui, sans mauvais jeu de mots, n'a tenu qu'une part infinitésimale de ses promesses. Pas de Prometheus 2, donc, mais un générique, une typographie, et une bande originale qui ne laissent aucun doute sur la paternité que le dernier long-métrage de l'auteur du superbe Blade Runner entretient légitimement avec l'Alien cité plus haut et réalisé en 1979. Mais l'existence même de Alien : Covenant peut-être elle être considérée comme légitime lorsque l'on considère que tout était déjà dit à l'époque de la sortie de l’œuvre séminale scénarisée par l'immense (et je pèse mes mots) Dan O'Bannon et Walter Hill d'après une histoire du premier et de Ronald Shusett ? Oui, définitivement, puisque en prenant lui-même les commande de ce nouveau récit, et ce malgré les attentes mitigées qui ont pu découler de ce que j'oserais presque considérer de naufrage cinématographique que fut Prometheus, Ridley Scott demeure le seul à pouvoir remettre sur les rails une saga qui s'est dispersée au grès d'imaginaires ne convergeant pas toujours vers un seul et même but. Après l'épouvante de Scott, James Cameron se sentit investit du pouvoir de mettre en scène un vrai bon film de guerre avec cette touche de testostérones que possèdent toujours ses personnages (Aliens, le Retour). David Fincher, quant à lui, offrit une vision claustrophobe et carcérale tout en sépia du mythe mais qui, malheureusement, ne sembla pas émouvoir ni convaincre tout à fait le public de l’hyper-sexuée créature imaginée par le peintre suisse Hans Ruedi Giger (Alien³). Enfin, le français Jean-Pierre Jeunet réalisa en 1997 un quatrième volet, s'il m'avait convaincu à l'époque de sa sortie, m’apparaît désormais comme le moins bon de la saga, ou du moins, celui qui semble avoir subit les pires outrages du temps. Une œuvre esthétiquement bluffante, proposant des idées neuves, mais trop grand public et divertissante pour être le succédané lui aussi réussi d'une saga presque irréprochable.

C'est curieux, mais lorsque vous découvrirez Alien : Covenant, peut-être aurez-vous l'étrange impression que Ridley Scott a digéré les suites de son chef-d’œuvre tout en s'inspirant de quelques récentes productions de science-fiction. Les militaires armés jusqu'aux dents rappellent forcément Aliens, le Retour mais conservent une certaine humilité digne de ce que l'on peut s'attendre à voir lors d'une expédition spatiale. Et pas le genre de soldats pariant sur la longueur de leur queue et huilant leur biceps avant de foncer tête baissée au milieu du champ de bataille comme ceux de Cameron. Autre point commun entre les deux films : les colons. Si certains rapprocheront plutôt A:C (Alien : Covenant) du récent Passengers (les colons servant ici d'unique point de comparaison), comment ne pas penser au récit du film de Cameron et de sa colonie décimée, et comment ne pas imaginer avec effroi Ridley Scott réalisant ici, une préquelle non pas de son propre classique mais de la suite qui en découla sept ans plus tard en 1986. Non, il n'aurait quand même osé... ?
Bon, pour être clair et faire taire d'hypothétiques rumeurs concernant ce qui nous avait été refusé il y a cinq ans, vous n'en saurez pas davantage sur les origines de l'humanité. D'ailleurs, on se doute assez vite que le récit tourne autour de celles du séduisant alien que l'on découvre désormais sous des formes beaucoup plus étendues qu'auparavant. Si le Facehugger et le Chestburster font toujours partie du catalogue des atrocités (Ridley Scott profitant de l'occasion pour réactualiser le mythe de ces deux créatures protéiformes en reprenant quelques scènes mythiques du premier Alien), nous faisons la connaissance d'une forme primitive de l'alien tel que nous le connaissons sous son apparence définitive. Par primitive, comprenez que la créature, cette fois-ci blanche pour qu'aucune confusion ne puisse être permise, n'est pas encore dotée des quelques armes redoutables qu'on lui connaît sous sa forme ultime : pas de molécules de silicium remplaçant ses cellules, ni de sang acide rendant méfiants ceux qui voudraient s'en approcher d'un peu trop près.
Pour le reste, les habitués demeureront en terrain familier. Alien : Covenant « remake » certains des passages les plus marquants de l'original dont une scène « d'accouchement » dorsal bien plus efficace et éprouvant qu'en 1979. Contrairement à ce que j'affirme plus haut, et en dehors du fait que j'ai choisi de faire abstraction de toute information circulant sur le film en matière journalistique, j'ai tout de même voulu jeter un œil sur la bande-annonce sortie plusieurs mois auparavant. J'avoue qu'elle m'avait laissé perplexe. Un œuf crachant son Facehugger au visage d'un soldat, un vaisseau intergalactique transportant tout le matériel nécessaire à la terraformation (ici le Covenant dont l'apparence rappelle forcément en partie le Nostromo du premier Alien), ou la présence d'un androïde ont failli me convaincre définitivement que Alien : Covenant n'était peut-être finalement qu'un Alien, le Huitième Passager 2.0. Si d'une certaine manière le film s'inspire de son ancêtre, Ridley Scott y injecte suffisamment de nouveautés pour qu'on lui pardonne la faiblesse d'avoir réutilisé de vieilles recettes. Et de toute manière, faisant partie de la légende entourant le mythe Alien, il fallait offrir aux nouvelles générations de cinéphiles une « mise à jour » des quelques moments-clés de l’œuvre originale.

Que l'on soit pour ou contre, s'il y a bien un aspect que l'on ne pourra reprocher au cinéaste d'avoir voulu intégrer une fois encore, c'est la superbe partition musicale du compositeur Jerry Goldsmith. D'ailleurs, si l'on est coutumier de certaines de ses compositions passées pour le premier volet de la saga, on se rendra compte que le nouveau venu, le compositeur australien Jed Kurzel, guitariste et chanteur du groupe The Mess Hall (lequel a remplacé au pied levé Harry Gregson-Williams qui devait se charger de la bande-originale) s'est davantage inspiré de certains thèmes plutôt que d'avoir voulu directement se servir dans le tracklisting de Alien, premier du nom. Ce qui n'aura en outre pas empêché Jed Kurzel de composer quelques thèmes personnels franchement oppressants et tout à fait dans l'air du temps.
Si Alien, le Huitième Passager mêlait avec ingéniosité science-fiction et épouvante, Ridley Scott y intègre désormais une nouvelle donnée : l'horreur. L'original ayant été relativement discret en la matière (les morts intervenants parmi les membres du Nostromo étant généralement filmés hors-champ), cette fois-ci, le cinéaste se lâche. Les effets-spéciaux numériques remplaçant les trucages mécaniques, la créature n'a jamais semblé aussi à l'aise dans son environnement. Bien que l'on puisse généralement leur préférer l'ancienne méthode consistant à gérer des créatures de latex et de silicone à l'aide de câbles, les images de synthèses ne sont jamais « visibles ». Affirmer l'inverse serait de la mauvaise foi et l'on ne pourra pas reprocher au cinéaste d'avoir eu envie d'en faire trop à part, oui, peut-être, lors d'une scène de sauvetage manquant de crédibilité.
L'inconvénient des scènes d'actions formidablement mises en scène est que leur succède un certain nombre de passages relativement lents. Si dans la majeure partie des cas, l'ambivalence ne nuit pas à l'ensemble du projet, j'avoue m'être ennuyé à deux reprises.
Marqué par les heures les plus sombres de notre humanité, Ridley Scott explore également avec Alien : Covenant l'un des aspects les plus terrifiants de la seconde guerre mondiale avec son clone de Josef mengele, cet officier allemand de la Schutzstaffel qui pratiquait des expériences médicales abominables sur les prisonniers du camp d'Auschwitz. Le rapport entre l'androïde David et le médecin-nazi est indéniable.

Alien : Covenant aurait tout aussi bien pu être titré Alien 5 si l'absence de l'actrice Sigourney Weaver ne s'était faite ressentir. Une absence pas si cruelle que cela tant elle avait déçu dans le quatrième volet des aventures de Ripley et tant l'actrice Katherine Waterston a su la faire oublier. Un personnage moins viril sans doute, mais tout aussi charismatique. A ses côtés, un Michael Fassbender bicéphale (vous comprendrez pourquoi en découvrant le film) et des seconds rôles très attachants (Danny McBride dans le rôle de Tennessee, le pilote du Covenant, demeurant sans doute l'un des personnages les plus marquants).
Mon verdict : contre toute attente, j'ai vraiment bien aimé cette suite ? Préquelle ? Du premier Alien ? De Prometheus ? qui contrairement à ce que l'on pouvait supposer redonne un sens à une saga qui était devenue au fil des décennies quelque peu désordonnée, le comble demeurant la sortie de l'improbable Prometheus il y a cinq ans. Fan absolu du tout premier volet sorti en 1979, et appréciant plutôt bien la suite de l'insupportable et mégalomane James Cameron, Alien : Covenant m'apparait comme une très bonne surprise. Qui n'étonnera sans doute pas les vieux briscards mais contentera très largement un public plus jeune. A savoir qu'en théorie Ridley Scott devrait réaliser d'ici deux ans la suite directe de Alien : Covenant...

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