En un quart d'heure, pas
davantage, Neil Breen a tout dit de son art. Une épouse éplorée
qui devant le lit d’hôpital de son époux s'effondre dans les bras
de son ami. Et qui le plan suivant arbore un visage inexpressif,
dénué d'émotion, et qui, tel un poteau électrique, s'affiche
raide immobile jusqu'à ce que le réalisateur, scénariste,
compositeur, monteur (etc...) termine l'action comme il est d'usage
au cinéma en entonnant, comme on le devine, le célèbre
''Coupez !''. Neil
Breen, c'est tout le plaisir de prendre la plume puis la caméra sans
pour autant avoir la moindre connaissance technique en matière
d'écriture, de mise en scène, de direction d'acteur, de montage et
de post-production. Et c'est bien pour ça qu'on l'aime notre Maître
ès Nanars, indétrônable gourou du septième art, indestructible
lorsqu'il affronte des dizaines de malfaiteurs à la manière de
Keanu Reeves dans Matrix,
lorsqu'il combat un tigre blanc pixelisé, qu'il sème la bonne
parole sur fond vert, se prenant ainsi carrément pour le fils de
Dieu ! Mégalo, Neil ? Meuh naaaaaan. Juste un nombril
légèrement plus proéminent que celui de ses semblables. On ne lui
reprochera pas cet authentique appétit de reconnaissance qui le
pousse malgré lui à opter pour des choix artistiques
irrésistiblement drôles. Imaginez : alors que le héros de
Fateful Findings
traverse la rue en téléphonant à son épouse, une Rolls-Royce le
renverse. Des badauds affluent lorsque l'un d'eux se propose comme
témoin de l'accident. Ouais, sauf que sans témoins, la
responsabilité du chauffeur conduisant la voiture de luxe saute aux
yeux. L'avant du véhicule étant abusivement maculé de sang,
difficile d'envisager une autre hypothèse ! Un détail....
Surtout comparé à ce qui va suivre. Le bonhomme se réveille à
l’hôpital où il fut transporté dans le coma. Retrouvant son
costume de ''Man
in Black'',
il retourne chez lui, bien tranquillement (parce que faut surtout pas
cogner dans le décor en fond vert, hein?), pour prendre une douche
dans la salle de bain où le rejoint sa femme, laquelle ne se pose
aucune question au sujet de la présence de celui qui était censé
être allongé sur son lit d’hôpital quelques instants auparavant
! Neil Breen étant la vedette de son propre film, n'imaginez
pas un seul instant qu'il puisse incarner le rôle d'un pompiste ou
d'un livreur de pizzas, non, sûrement pas. Lui, est détenteur d'un
Master (on s'en tape!) et écrit désormais des romans. Enfin, UN
roman puisque le second semble avoir un mal fou à venir au monde. De
source sûre, il y a un fait que certains cinéphiles auront beaucoup
de mal a accepter : David Lynch et Stephen King ont
objectivement tout piqué à Neil Breen. La complexité narrative de
l'un et l'interconnexion qui existe entre une grande partie des
ouvrages littéraires de l'autre !
Neil
Breen se joue ici à nouveau des repères à travers un montage qui
fait fi de toute vraisemblance. Tournant ainsi certaines séquences
dans certains des cadres qui servirent de lieu d'action trois ans
auparavant dans I Am Here... Now,
en 2009. Doté de séquences d'une fulgurante ampleur dramatique,
l'on assiste lors de la projection de Fateful
Findings
à une dispute entre notre héros et son épouse, laquelle a osé
accepter que la fille de sa meilleure amie vienne prendre un bain
dans leur baignoire. Ouais, je sais, c'est choquant, révoltant,
inadmissible. Mais avec tout le charisme qui le caractérise, le
personnage incarné par Neil Breen parviendra sans mal à remettre de
l'ordre lors de cette scène extraordinairement chargée en émotion !
Bon, c'est vrai, j'ai un peu l'air de me foutre de sa gueule. Alors
on va plutôt évoquer l'intrigue. Dylan (Neil Breen) et Leah
(Jennifer Autry) ne se sont donc plus jamais revus depuis leurs huit
ans. C'est donc par un étonnant fruit du hasard qu'ils se retrouvent
plusieurs décennies après leur séparation. Lui noircissant les
pages numériques d'un ordinateur portable éteint (véridique) et
elle étant devenue depuis un grand médecin travaillant à l’hôpital
même où fut transporté Dylan à la suite de son accident. Sa
survie, le quadragénaire la doit à une mystérieuse pierre noire
qu'il découvrit des années en arrière en compagnie de Leah
(laquelle s'est fabriqué un bracelet à partir d'une collection de
perles découvertes dans une petite boite enterrée dans les bois au
même moment). En habituel pourfendeur des inégalités, Neil Breen,
enfin, son personnage, avoue à sa femme qu'il ne travaille pas
vraiment sur son second roman mais qu'en tant que hacker (pirate
informatique), il est parvenu à rassembler une importante somme
d'informations concernant des documents secrets détenus par le
Gouvernement et par de grosses entreprises. Thème d'usage courant
chez un cinéaste que l'on finirait presque par considérer de
complotiste paranoïaque ! Entre les époux, rien ne va plus.
Tout comme entre leurs meilleurs amis Jim et Amy (David Silva et
Victoria Viveiros). L'occasion pour ce cochon... Oups, ce brave Neil
Breen, caché derrière le rôle de Dylan, de coucher avec Leah. Et
bien sûr, son interprète Jennifer Autry, ben comment l'exprimer
simplement... C'est pas la plus moche, si vous voyez ce que je veux
dire. Pendant ce temps là, entre Jim et Amy, rien ne va plus non
plus. Le premier reproche à la seconde de se refuser à lui, lequel
passe alors tout son temps à réparer une très belle voiture dans
leur garage alors qu'elle n'en a visiblement pas besoin. C'est
ensuite au tour d'Amy de se plaindre de l'indifférence de Jim, qui
en outre, et un alcoolique notoire dont l'addiction apparaît
curieusement timide à l'écran (l'acteur sirote à peine le verre
qu'il a entre les mains!). Film sur les ravages de l'alcool, la
consommation de médicaments, la corruption, le harcèlement,
l'adultère et la duplicité, Fateful Findings
est sans doute parmi les œuvres signée de Neil Breen, l'une des
plus cultes.
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