Après avoir passé deux
années entières enfermé dans une prison au Malagawi pour avoir
tenté de tuer le président N'Jala, l'agent des services secrets
français Josselin Beaumont parvient à prendre la fuite et, de
retour en France, a bien l'intention d'honorer le contrat pour lequel
il avait été envoyé par ses services en Afrique. Mais en deux ans,
tout à changé, et alors que N'Jala doit passer trois jours dans
l'hexagone, les autorités sont sur les dents. Avertis de la présence
de « Joss » dans les parages et de son intention de tuer
le président africain, ils vont tout mettre en œuvre pour arrêter
leur agent avant qu'il ne mettre son plan à exécution...
Réalisé par Georges
Lautner sur un scénario écrit par ce dernier et par Jacques Audiard
également (adaptation tirée du roman Mort d'une bête à la peau
fragile de Patrick Alexander), Le Professionnel se
situe très exactement entre deux séries de films mettant en scène
l'acteur français Jean-Paul Belmondo dans des rôles de personnages
exubérants. Qu'il soit flic ou voyou, c'est un peu le même type
d'emploi que lui accordent les différents cinéastes qui le prennent
comme principal interprète de leurs œuvres.
C'est pourquoi Le
Professionnel peut
être considéré comme une incartade dans la carrière de l'acteur.
Du moins, en ce qui concerne sa filmographie entre le milieu des
années soixante-dix et la fin des années quatre-vingt. Tout
d'abord, il y a cette musique, sublime, émouvante et obsédante du
compositeur italien Ennio Morricone. Un air qui parcourt le film de
la première à la dernière seconde. Une œuvre nostalgique,
emprunte d'une émotion vive qui laisse un troublant sentiment de
solitude. Celle de ce personnage admirablement campé par Jean-Paul
Belmondo qui n'était à l'époque, rien de moins que l'une des plus
grandes star du cinéma français.
Comme
Louis de Funès était à la comédie, Jean-Paul Belmondo était le
grand rendez-vous du dimanche soir dans le domaine du film d'action.
Alors,
revoir aujourd'hui son œuvre, et donc, notamment, Le
Professionnel revêt,
ici aussi, une forme de nostalgie. Un personnage beaucoup plus
sombre, désespérément seul malgré une épouse, une ancienne
maîtresse, et un ami (le toujours exceptionnel Michel Beaune) tous
proches de lui dans l'âme mais tellement éloignés de ses
principales préoccupations. « Donné »
par sa patrie, sa hiérarchie, drogué, forcé à faire des aveux
lors d'un pastiche de procès en Afrique, torturé puis contraint aux
travaux forcés, l'homme à de quoi en vouloir à la France. Mais
plus qu'un « soldat »
Jean-Paul
Belmondo campe un homme à la ruse et à l'intelligence
exceptionnelles. Avec beaucoup de pudeur et de retenue, il joue un
Joss tout en retenue, mais sans jamais être véritablement avare en
matière de répliques. De celles dont il nous a habitué tout au
long de sa carrière. Une fois encore, l'acteur assure lui-même les
cascades.
Face
à lui, un casting solide, fait d’interprètes aux caractères bien
trempés. Jean Desailly, Cyrielle Clair, Jean-Louis Richard, Michel
Beaune donc, mais également Bernard-Pierre Donnadieu (excellent
comme toujours) et surtout Robert Hossein. Blafard, sinistre,
incapable d'exprimer le moindre sentiment. A part peut-être
lorsqu'il exprime la pitié qu'il ressent vis à vis d'Edouard
Valéras qu'il a pourtant lui-même contraint à trahir son ami Joss.
Ce dernier justement, et le Commissaire Rosen, l'un se cachant
toujours derrière l'autre, jusqu'à ce duel ultime entre les deux
hommes renvoyant aux westerns-spaghettis chers au cinéaste italien
Sergio Leone. Trente-cinq ans plus tard, Le
Professionnel n'a
pas pris une ride et demeure comme faisant partie des plus belles
réussites de la star Belmondo...
Pas pris une ride ? Une légère patte d'oie peut-être. Contrairement à Peur Sur la Ville, peut-être, moins bien ficelé que "Le Professionnel". Mais "Peur sur la ville", c'est un peu comme certains épisodes de Columbo, dont Fred et Moi venons de voir le premier "pilote" (excellent téléfilm malgré les grosses ficelles de la fin) : on trouve parfois les ficelles trop visibles.
RépondreSupprimerIl y a que Le Professionnel n'est ni un polar, ni un film d'action mais un drame... qui en dit bien plus sur l'"incommunicabilité" et la "solitude de l'être" que certains films prétentieux de la Nouvelle Vague (française ou italienne). J'avais offert à mon père un livre sur Belmondo, qui reprenait sa filmographie film après film et je n'ai pas compris la raison pour laquelle l'auteur s'acharnait sur Le Professionnel, comme si Belmondo s'était vendu !
Le Solitaire en plus d'être un ratage ne rend pas aussi bien ce sentiment de solitude.