La série britannico-américaine Chernobyl créée et
écrite par Craig Mazin semble avoir inspiré d'autres créateurs qui
depuis sa diffusion se sont lancés dans des projets personnels. Et
comme il fallait bien que l'ex-Union Soviétique apporte sa pierre à
l'édifice glacial témoignant de la tragédie qui survint le 26
avril 1986 sur le site de la centrale nucléaire V.I. Lénine de
Tchernobyl, l'acteur et réalisateur russe Danila Kozlovski s'est
chargé lui-même de mettre en scène Чернобыль
ou, Chernobyl Under Fire
à l'internationale... D'emblée, le spectateur est prévenu que les
différents personnages sont fictifs. Le pompier Alexeï Karpouchine,
son épouse Olga et leur fils ainsi que tous les protagonistes qui
évoluent au sein du récit demeurent imaginaires bien qu'une grande
partie d'entre eux soient le reflet très précis des véritables
''héros'' de cette tragédie qui fit de très nombreux morts. Et
parmi ces derniers, les fameux ''liquidateurs'' auxquels le
long-métrage rend bien évidemment et principalement hommage.
Danila Kozlovski incarne lui-même le rôle d'Alexeï Karpouchine. Un
personnage relativement complexe de part sa désinvolture lorsqu'il
s'agit d'assumer son rôle de père et d'époux tandis qu'il démontre
continuellement son courage en se lançant auprès de ses anciens
collègues pompiers, au cœur de l'action. Tout comme bon nombre de
films catastrophes, Chernobyl Under Fire démarre
par de longues séquences d'exposition qui s'attachent moins au site
où va se dérouler le drame ainsi qu'aux employés qui y travaillent
qu'à Alexeï, justement, lequel fête son départ de la caserne de
pompiers. S'ensuit une variation sur le thème de l'explosion de la
centrale avec en point de mire, trois gamins dont le fils d'Alexeï
en lieu et place des pécheurs qui à l'époque devinrent les témoins
extérieurs de la catastrophe. L'acteur-réalisateur ayant justement
trop tendance à vouloir s’appesantir sur le personnage qu'il
interprète lui-même, l'hommage supposé rendre hommage à des
milliers d'hommes courageux semble vouloir surtout se concentrer sur
un seul d'entre eux. Ou du moins, pas davantage qu'une poignée
d'individus, lesquels parcourent un site étrangement vide alors que
l'on vient de voir des camions chargés de ''volontaires'' se diriger
vers leur ''mission suicide''.
C'est
là l'un des défauts majeurs du long-métrage de Danila Kozlovski
qui avec sont petit budget n'excédant pas les neuf millions de
dollars fait ce qu'il peut pour immerger ses personnages au cœur de
l'action. Chernobyl Under Fire
n'en demeure cependant pas moins saisissant. Surtout lorsque notre
héros combat au sein de nombreux foyers d'incendies, monte sur le
toit du réacteur éventré afin de sauver un homme demeuré sur
place, se porte volontaire pour remettre le courant ou pour ouvrir
manuellement une vanne alors que les sous-sols de la centrale sont
inondés sous une eau à soixante degrés. Increvable diront certains
d'autant que les rares protagonistes qui le suivront dans cet enfer
périront tous dans d'atroces souffrances rappelant les pires
stigmates liés aux effets des radiations. Alexeï Karpouchine
rallonge la durée de son long-métrage en y ajoutant plusieurs
séquences auprès de l'actrice Oksana Akinshina qui dans le rôle de
sa compagne n'est malheureusement pas très expressive et donc assez
peu convaincante. En totale opposition avec le caractère parfois
éminemment irritant du protagoniste principal, la jeune actrice sert
de faire-valoir à une œuvre qui se veut émotionnellement touchante
mais qui n'y parvient malheureusement pas. À titre d'exemple, cette
séquence lors de laquelle l'acteur-réalisateur tente de reproduire
l'une des plus effroyables scène de la série Chernobyl
sans
malheureusement y parvenir un seul instant. D'une durée assez longue
puisque dépassant de peu les cent-trente cinq minutes, Chernobyl
Under Fire
n'octroie que peu de séquence révélant le sort des habitants de
Pripyat, ville devenue alors mondialement célèbre en raison de la
tragédie et qui pourtant n'est jamais citée au profit de la
capitale du pays, Kiev ! Si l'on peut comprendre son point de
vue, Alexeï Karpouchine se concentre un peu trop exclusivement sur
son propre personnage. Reste quelques saisissantes séquences. Comme
le passage sur le toit de la centrale ou dans les sous-sols inondés,
bruits inquiétants à l'appui. Au final, Chernobyl
Under Fire n'est
pas un mauvais film mais pour une œuvre qui se veut un hommage aux
liquidateurs, sans doute aurait-il été plus judicieux de voir des
dizaines, voire des centaines de figurants à l'action plutôt qu'une
poignée d'interprètes perdus dans les méandres d'un projet sans
doute trop lourd pour leurs épaules...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire