Les films se déroulant
sur ou sous les océans sont légions. Mais avec The Boat
du réalisateur italien Alessio Liguori nous tenons l'un de ces
grands moments de cinéma qui n'arrivent plus guère de nos jours.
Avec ce film l'on atteint un tel niveau d'exigence en matière
d'invraisemblances que l'ensemble force le respect.
The Boat
est donc un cas d'école qu'il faudrait permettre aux futurs
aspirants réalisateurs et interprètes d'étudier dans ses moindres
recoins. Chaque repli du scénario, de la mise en scène et de
l'interprétation est propice à des moments de franche rigolade qui
font de cette œuvre, un authentique nanar. Pas un navet, non. Un
NANAR ! L'une des principales différences entre le film
d'Alessio Liguori et la plupart des purges qui inondent les
plate-formes de streaming et qui s'estiment faire partie de ce type
d’œuvres apparemment très recherchées est le sérieux avec
lequel le réalisateur italien et ses interprètes ont choisi
d'aborder le récit à l'origine duquel se trouvent les scénaristes
Gianluca Ansanelli, Nicola Salerno et Ciro Zecca qui s'y sont attelés
à trois ! Histoire de vengeance emplie de twists complètement
foireux, The Boat
vaut tout d'abord dans notre pays pour son infâme doublage dont
l'actrice Marina Rocco et le personnage de Claudia qu'elle incarne
seront les premières victimes. Ce long-métrage qui se veut être un
thriller mais qui a plutôt l'air d'en être une parodie involontaire
débute par une fête entre amis lors de laquelle les uns et les
autres boivent et fument de l'herbe sans savoir qu'ils vont être
drogués à leur insu. Se réveillant à bord d'un luxueux bateau de
croisière, Elena, Claudia, Martina accompagnées de leurs compagnons
parmi lesquels Flavio ou encore Federico vont être pris au piège en
plein milieu de l'océan, sans eau, sans nourriture, sans carburant,
sans radeau de sauvetage, sans système de commande et sans radio.
Seul a été mis à leur disposition un Talkie-Walkie
''gracieusement'' abandonné sur place par un mystérieux individu
afin qu'il puisse communiquer avec eux et faire part de certaines
exigences. Parti de ce principe ô combien rabâché, on se dit que
l'idée, à défaut d'être originale, maintiendra malgré tout le
suspens jusqu'à la révélation finale quant à l'identité de leur
geôlier... Tu parles...
La
moitié de l'intrigue à peine engagée, voilà que l'on apprend déjà
l'identité de l'homme en question (Marco Bocci dans le rôle
d'Enrico). Autant dire que le pourcentage d'intérêt du long-métrage
passe de 50 à 20% en un instant. Mais attendez les amis. Car tout
n'a pas encore été dit et le pourcentage en question ne cessera
d'augmenter pour aller jusqu'à dépasser le nombre que je lui avais
accordé dès le départ. Dès lors que l'identité du type est
révélée, c'est la foire d'empoigne pour savoir qui interprétera
la séquence la plus abracadabrantesque. Et à ce jeu, les actrices
féminines s'offrent la part du lion. Ou plutôt de la lionne.
Quelques exemples ? En découvrant que son compagnon Flavio
(Filippo Nigro) l'a trompée avec sa meilleure amie Claudia, Elena
(l'actrice Diane Fleri) s'empare d'un harpon avec l'intention
évidente de se suicider (la pointe étant directement dirigée vers
sa propre gorge) avant que la jeune femme ne décide finalement de
l'enfoncer dans le bide de celle qui désormais est devenue son
ex-meilleure amie ! Un peu violente comme réaction, non ?
Mais le pire étant que la jeune femme est persuadée que leur
bourreau ne cessera jamais de s'en prendre à elle et ses amis, la
voilà qui préfère ensuite se suicider en se jetant dans l'océan.
Ouais... Je sais ce que vous vous dites puisque je me suis fais la
même réflexion. Plus absurde encore est la réaction des mâles en
présence qui assistent de loin en spectateurs à ces deux séquences
hautement dramatiques sans même se donner la peine d'aider ni l'une
ni l'autre des victimes. Et je ne parle même pas de celle durant
laquelle nous est révélée la véritable identité de la dernière
femme vivante du groupe. Alors, pourquoi The
Boat
ne pourrait-il pas être traité comme un simple et vulgaire navet ?
Parce qu'à force d'accumuler invraisemblance après invraisemblance,
le film d'Alessio Liguori parvient involontairement à totalement
renverser ce qui était sans doute attendu du réalisateur, de son
équipe technique et de ses interprètes comme un thriller
angoissant mais qui au final est un condensé irrésistiblement drôle
de tout ce qu'il est déconseillé de faire dans un film. Bref, on
passe nettement plus de temps à rire qu'à se morfondre d'inquiétude
pour nos malheureux protagonistes. J'en veux pour preuve de terribles
crampes au ventre mais pas une seule rognure d'ongle sur le canapé...
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