Ancien fan absolu de
l'écrivain américain Stephen King, j'ai pourtant abandonné la
lecture de son œuvre après la sortie en France de La petite
fille qui aimait Tom Gordon.
Trahissant ainsi ma fidélité à celui qui me fit rêver durant tant
d'années en le trompant avec Graham Masterton...
Côté cinéma, l'adaptation de ses romans et de ses nouvelles
n'étant que trop rarement dignes de son travail de romancier
essentiellement spécialisé dans les domaines de l'horreur, du
fantastique et de l'épouvante, je ne m'attendais à rien de
spécifique en me lançant dans la projection de The
Monkey
d'Oz Perkins. Cinéaste dont il me semble avoir tout vu. Ou du moins,
l'essentiel. Comme le récent Longlegs
qui malgré mes attentes me laissa pourtant sur ma faim ! Alors
que l'on pourrait s'attendre à ce que la photographie soit une
nouvelle fois confiée à Andres Arochi, c'est pourtant cette fois-ci
Nico Aguilar qui est aux commandes. Le mimétisme étant repoussé
dans ses derniers retranchements, l'on retrouve l'esthétique si
particulière de l'avant dernier long-métrage du cinéaste américain
à travers une œuvre dont la teinte semble la plupart du temps
avoir été traitée à l'aide de filtres verdâtres. À dire vrai,
l'on pourrait même remonter à quelques années en arrière,
jusqu'en 2019 avec Doctor Sleep,
la séquelle tardive de The Shining
signée en 2019 par Mike Flanagan dont quelques années plus tard, le
cinéma d'Oz Perkins allait s'inscrire dans une même veine
artistique. N'ayant pas spécialement apprécié cette suite que je
n'ai de toute manière jamais réussi à voir jusqu'au bout, la
fugace impression de revivre cette même pénible et rédhibitoire
expérience m'a tout de suite pris à la gorge lors du lancement de
The Monkey. La
nouvelle d'origine, traduite chez nous sous le titre Le
singe
et disponible dans l'excellent recueil de nouvelles Brume
au
milieu des années quatre-vingt, me laissa d'excellents souvenirs.
Contrairement à l'adaptation d'Oz Perkins qui coche quasiment toutes
les cases de l’œuvre comico-horrifique ratée ! Car le
long-métrage, oui, se veut amusante et terrifiante. Quoique
concernant la terreur que son auteur semble vouloir nous infliger,
celle-ci semble finalement avoir été oubliée du cahier des charges
tant l'on attend encore et encore que le moindre signe d'effroi ne
nous fasse hérisser le poil. Les fans de l'auteur américain se
rassureront en se disant qu'au pire, le cinéaste ne parviendra
jamais à faire pire que l'ignoble adaptation sur grand écran de la
pantagruélique saga en huit volumes constitués en tout de plusieurs
milliers de pages, La
tour sombre.
Le
réalisateur Nikolaj Arcel signant ainsi l'une des plus infâmes
purges adaptées d'un roman de fantasy ! En comparaison, The
Monkey
s'en tire avec un moindre mal même si l'expérience peut être
parfois considérée d'éprouvante. Car derrière ce titre et cette
affiche qui sans ambages renvoient à ce sinistre automate qui déjà
dans la nouvelle était la cause d'une série de meurtres violents,
Oz Perkins semble d'abord vouloir s'amuser avec le contexte de ces
deux frères aux tempéraments bien différents et que l'on pourrait
l'espace d'un instant comparer au binôme fantasmagorique d'un autre
ouvrage de Stephen King, La
Part des ténèbres. Trop
long, The Monkey l'est
assurément. Car outre le désir de signer une œuvre ambitieuse à
partir d'un matériau de base peut-être trop léger pour en faire un
LONG-métrage, le cinéaste se disperse en conjectures en abandonnant
des thématiques dont il aurait pu approfondir les concepts, certes
déjà traités sur grand et petit écran (comme l'évoque le
harcèlement scolaire que subit lors de son adolescence le jeune
Hal). Interprétés par Theo James, les jumeaux Shelburn (Hal et
Bill) se retrouvent séparés dès lors que le film change d'époque
pour plonger ses protagonistes dans le présent. Succédant ainsi à
une première partie pauvrement mise en scène. À tel point que The
Monkey
ressemble tout d'abord à un vieux téléfilm des années
quatre-vingt qu'aurait retrouvé dans un grenier un dénicheur de
vieilles bobines. Le reste étant à l'aune du préambule, le film
d'Oz Perkins aura beau satisfaire les amateurs de gore pas très
regardant sur la qualité de ses effets-spéciaux (qui cachent très
mal leur technique à base de CGI),
côté humour, l'on est au niveau d'un encéphalogramme plat. Parfois
proches du malaise (les grossières références du révérend vis à
vis de la morte qui s'apprête à rejoindre ses ancêtres au
cimetière), il est difficile de passer derrière les grands
classiques de la parodie d'horreur ou de la comédie horrifique et de
prétendre inscrire son œuvre dans l'un ou l'autre de ces registres.
Oz Perkins a beau insister sur la dualité entre les deux frères et
sur les scènes d'exposition consacrées à leur horrible
''marionnette'', le film ne fonctionne pourtant absolument pas. Une
œuvre totalement stérile dont on retiendra quelques plans sanglants
inventifs. Pas de quoi en faire un classique du genre ni l'une des
bonnes adaptations cinématographiques de Stephen King...
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