Le réalisateur américain
Brian de Palma s'est essayé à à peu près à tous types de genres
cinématographiques. Thriller, comédie, fantastique, musical, drame,
film policier, de gangsters et biopic, guerre, espionnage,
science-fiction et ce, avec une quasi constance dans la qualité, du
moins jusqu'au tout début des années 2000. Jusque là, trente
années d'une carrière émaillée de chefs-d’œuvre, qui pour
Phantom of the Paradise,
qui pour Pulsions
ou qui pour encore, Blow Out ou
Scareface.
Mais encore faudrait-il citer au moins dix films supplémentaires
pour rendre grâce à cette faculté si particulière que le
réalisateur eut à mettre au monde d'authentiques classiques du
septième art. Un genre auquel Brian De Palma s'intéressa également,
c'est l'horreur et l'épouvante. À travers une toute petite poignée
de longs-métrages même si dans d'autres circonstances on pouvait en
trouver ça et là quelques bribes. D'abord, Carrie
au bal du diable,
adaptation du roman éponyme qui rendit célèbre son auteur Stephen
King. Mais aussi, le moins connu Furie
qu'il réalisa deux ans plus tard, en 1978, soit trois ans avant que
David Cronenberg ne réalise de son côté Scanners
dont le sujet de la télépathie est proche de celui de Furie
qui en outre, se penche également sur le cas de jeunes adultes dotés
du pouvoir de télékinésie...
En
vedette, nous retrouvons le célèbre Kirk Douglas dont nous ne
citerons ni ne compterons le nombre de chefs-d’œuvre dans lesquels
il tourna durant sa longue carrière d'acteur. Il interprète ici le
rôle de Peter Sandza, le père du jeune Robin, trahi par son ami Ben
Childress qui l'a laissé pour mort et s'est emparé de son fils afin
d'exploiter ses dons de télékinésie. Kirk Douglas qui retrouvera
Brian De Palma deux ans plus tard sur le tournage de Home
Movies
y joue un père décidé à retrouver son fils et à se venger de son
ancien meilleur ami. Un traître incarné par l'excellent John
Cassavetes, acteur, réalisateur et scénariste américain connu pour
avoir été notamment très proche de Peter Falk ou de Ben Gazzara et
surtout pour avoir été l'époux de l'actrice Gena Rowlands. John
Cassavetes interprète un Ben Childress absolument infâme, un être
opportuniste capable de marcher sur ses propres principes par
ambition. Ancienne compagne du chanteur de folk et de country Neil
Young, l'actrice Carrie Snodgress interprète le touchant personnage
de Hester, laquelle travaille aux côtés du docteur Jim McKeever
qu'incarne l'acteur Charles Durning (qui fut déjà le détective
Joseph Larch dans le morbide et hitchcockien Sœurs
de sang
de De palma en 1973) dans un institut faisant des recherches sur les
personnes détentrices de pouvoirs paranormaux. Hester est un peu le
pendant de Miss Andrea Collins, la prof de sport de Carrie
au bal du diable
qui avait pris sous son aile la frêle adolescente. Mais Hester est
aussi et surtout l'incarnation de ces amours contrariés, de cette
passion amoureuse se terminant par une tragédie dont Brian De Palma
sera coutumier durant une bonne partie de sa carrière (on pense
notamment au couple formé par John Travolta et Nancy Allen dans le
formidable Blow
Out,
remake de Blow-Up
de
Michelangelo Antonioni et influencé par Conversation
secrète
de Francis Ford Coppola)...
Furie
a
beau avoir quelque peu vieilli, il n'a cependant rien perdu de son
charme même si quelques séquences apparaissent désormais désuètes.
Dans le rôle de Robin Sandza, nous retrouvons l'acteur Andrew
Stevens et surtout Dennis Franz dans celui du flic Bob et dont le
visage est sans doute plus connu que le nom mais qui restera fidèle
à Brian De Palma puisqu'on le retrouvera dans pas moins de quatre
autres films du réalisateur. Notons qu'au tout début, lorsque Amy
Irving qui joue le rôle essentiel de Gillian Bellaver, une
télépathe, se promène avec sa meilleure amie, on peut voir dans le
tout petit rôle du détective Raymond Dunwoodle l'acteur William
Finley qui ne fut autre que le saisissant fantôme du Paradise dans
l'un des immenses chefs-d’œuvre de Brian De Palma, Phantom
of the Paradise.
Avec un sadisme que l'on pouvait déjà lui reconnaître, Brian De
Palma s'inspire d'un ouvrage éponyme écrit par John Farris et
''tue'' indirectement l'une des vedettes du film en utilisant la main
de celui qu'elle aime. Une cruauté que l'on retrouve parfois chez ce
cinéaste, comme peut être par exemple cruel le meurtre horrible
commis dans un autre très grand film du réalisateur, Body
Double
et dans lequel Deborah Shelton /Gloria Revelle était assassinée à
l'aide d'une perceuse au foret monstrueux sous le regard voyeuriste
de Craig Wasson/Jake Scully. Plutôt sanglant mais aussi peut-être
un poil trop long, Furie
bénéficie de la partition musicale du célèbre compositeur John
Williams, laquelle accompagne chaque séquence et renforçant
l'aspect dramatique des événements. Peut-être visuellement moins
impressionnant que la plupart de ses longs-métrages en terme de
technique d'image, le film offre cependant quelques très belles
séquences comme lorsque Amy Irving/Gilliam se saisit de la main du
docteur Jim McKeever et voit défiler des images de son passé, tout
ceci reproduit en arrière-plan tandis que la caméra tourne autour
de l'actrice. Une œuvre que l'on prend beaucoup de plaisir à revoir
mais que le jeune public risque peut-être de trouver un brin trop
vieux...
Vu à la télé il y a peu. J'essaie au fur et à mesure de me mettre à jour sur De Palma, au moins jusqu'avant l'an 2000. C'est un cinéaste pour lequel il me semble que la mise en scène est plus importante que le scénario. Ce film ne déroge pas à cette règle. Il y a toujours l'assurance d'au moins un moment de bravoure par film, même si je trouve qu'il lorgne parfois trop sur son glorieux modèle (Hitchcock). Mes préférés : "L'impasse" et "Les incorruptibles".
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