Volte/face de
John Woo, Échange standard de
David Dobkin, La Personne aux deux personnes
de Nicolas et Bruno, Transfer
de Damir Lukacevic, Bis de
Dominique Farrugia et bien d'autres encore... Il y a, au cinéma,
bien des manières d'aborder le sujet du transfert d'âme dans le
corps d'un autre individu. De soit-même lorsque l'on n'était encore
qu'un adolescent, dans celui d'un ami ou d'un membre de sa propre
famille. Thriller, science-fiction et comédie, aucun genre n'échappe
à la règle, à part, bien entendu, la pornographie pour laquelle le
concept ''dans le
corps d'un autre''
prend un sens bien différent. Dernière comédie française à être
sortie sur les écrans le 30 juin dernier, Le
sens de la famille
fait craindre de par son sujet, une énième alternative qui
démontrerait une fois encore que les scénaristes hexagonaux sont
décidément en panne sèche. Seul moyen alors de donner du sens à
un long-métrage ne faisant qu'exploiter une vieille recette:
démultiplier la notion même de transfert et d'échange de corps.
Ici, ce ne sont plus seulement deux esprits qui se réveillent après
une soirée arrosée dans le corps de l'autre mais tous les membres
d'une même famille. À savoir, le père Alain, la mère Sophie,
leurs trois enfants Chacha, Léo et Valentine ainsi que la grand-mère
Thérèse. Autant dire que le scénario de Jean-Patrick Benes, Allan
Mauduit, Martin Douaire et Thibault Valetoux a tout intérêt à
maîtriser son sujet s'il ne veut pas perdre les spectateurs en
route. Ou comment un post-it
ou un tee shirt floqué peuvent vous sauver la mise...
Toute
la difficulté de l'entreprise tient dans le fait que le film doit
être en perpétuel renouvellement en terme de situations cocasses.
De ce point de vue là, Le sens de la famille
rempli parfaitement son contrat. Et même s'il n'évite pas certains
écueils du fait qu'il empiète sur un terrain de jeu déjà
exploité, Jean-Patrick Benes et ses scénaristes s'en sortent
relativement bien. Le long-métrage a de fortes chances d'être
considéré comme l'une des meilleures comédies françaises de cette
première moitié d'année, et à bien des égards, il pourrait le
mériter à défaut de la moindre concurrence. Le
sens de la famille
est le deuxième film de Jean-Patrick Benes après la science-fiction
dystopique de Arès
en 2016, le réalisateur étant plus couramment évoqué pour les
scripts d'une poignée de longs-métrages pas toujours très fins
(Quatre Garçons pleins d'avenir
de Jean-Paul Lilienfeld en 1997 et Les Dents de
la nuit
de Stephen Cafiero et Vincent Lobelle en 2008) mais dont Le
sens de la famille
tient surtout sur l'incarnation de ses interprètes qui de ce côté
là font un sans faute. Une belle brochette d'acteurs d'ailleurs, à
commencer par la toujours pétillante Alexandra Lamy qui passe avec
une aisance incroyable et un talent inné de la mère de famille
jusqu'à son propre mari et en passant par leur adolescente de fille,
Valentine. Franck Dubosc l'accompagne dans cette aventure forcément
hors du commun, collier de barbe et doudou bien serré au fond de sa
main lorsque vient le tour de la plus jeune de leur fille alors âgée
de huit ans d'investir son corps. Avec eux, Christiane Millet dans le
rôle de la grand-mère, la très jeune et talentueuse Rose de
Kervenoaël dans celui de Chacha, Mathilde Roehrich en Valentine et
Nils Othenin-Girard que l'on avait déjà pris plaisir à découvrir
dans Venise n'est pas en Italie
de Ivan Calbérac en 2019 et L'Aventure des
Marguerite
de Pierre Coré l'année suivante...
Cocasseries et quiproquos en tous genres sont le fond de commerce de
cette comédie légère dont les dialogues ne sont pas toujours très
soignés. Du comique de situation où les rires fusent un peu moins à
mesure que le récit avance mais qui réserve cependant quelques
éclats de rires à certaines occasions. Passée la découverte des
membres de la famille de l'étrange ''malédiction'' dont ils sont
atteints, nous pouvions craindre un certain relâchement mais non,
tout va bien, le film suit son cours jusqu'à son terme. Et puis,
voir une septuagénaire fumer de l'herbe et la revendre dans une
maison de retraite, une adolescente bécoter avec l'amant de sa
grand-mère (Jacky Berroyer dans le rôle de Roger), un père de
famille dans le corps de son épouse se faire masser par son amant
(l'acteur et humoriste Artus dans le rôle de Christophe) ou une
gamine de huit ans à peine fumer cigarette sur cigarette et prendre
la direction de la famille a de quoi faire sourire. Et pourtant, le
film dès sa conclusion et malgré le bon moment passé ne donne pas
forcément envie de le revoir. Ou en tout cas, pas de sitôt... Frais
et divertissant...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire