Artisan du septième art
auteur d'une centaine de longs-métrages en quarante ans de carrière,
le réalisateur mexicain René Cardona Jr. fut le fils de René
Cardona et le père de René Cardona III. Trois mêmes noms pour
trois cinéastes. Une lignée de réalisateurs particulièrement
prolifiques comme le souligne leur filmographie respective. Quant à
René Cardona Jr., il signa quelques pépites chéries par les
amateurs de petites productions de catégorie B parmi lesquelles on
trouve notamment ce Cyclone
de 1978 qu'il réalisa juste après Triangulo
diabólico de las Bermudas la
même année. Agrémenté de stock-shots et bricolé à l'aide
d'effets-spéciaux faits mains, Cyclone tire
davantage son intérêt des rapports humains particulièrement tendus
que vont entretenir les passagers d'un minuscule bateau de croisière
que de la présence de requins qui sillonnent les fonds marins à la
recherche de viande fraîche. L'action se situe comme l'indique le
titre à la suite des ravages provoqués par un cyclone qui a tout
dévasté dans la région. L'occasion pour le réalisateur d'exposer
des images tirées d'archives bien réelles de dégâts causés par
cette force incontrôlable de mère nature. Cyclone
s'intéresse
alors à un groupe de vacanciers tranquillement installés à bord
d'un petit bateau de croisière avant qu'une catastrophe naturelle ne
vienne ruiner leurs vacances. Femmes et hommes vont bientôt
accueillir contre leur gré les naufragés d'un vol commercial dont
l'avion s'est abîmé en mer, laissant derrière lui une dizaine de
cadavres. En plein soleil, l'eau et les vivres se faisant rare,
certains des passagers vont apporter une solution des plus radicale
afin de survivre à la faim qui bientôt va toutes et tous les
tirailler. L'ombre du long-métrage Alive
(Les survivants)
que Frank Marshall réalisera quinze ans plus tard mais dont l'un des
passagers évoque le cas réel d'hommes contraints de s'adonner au
cannibalisme pour survivre plane sur le récit tiré d'un script
écrit de la main de René Cardona Jr. et de Carlos Valdemar...
Pourtant,
l'on est bien loin des qualités intrinsèques de ce drame subtil qui
fit comprendre les enjeux de la survie en milieu hostile. Ce qui
n'enlève heureusement pas ses qualités au long-métrage du
réalisateur mexicain même si en terme de moyens, il a forcément dû
pallier à un budget anémique. Même sans argent, la catastrophe
décrite au début du long-métrage vaut bien la plupart des
séquences de certains films du genre aux budgets plus confortables.
Car en mêlant images d'archives et effets-spéciaux comme purent les
bricoler avec les moyens du bord Federico Farfán et Miguel Vázquez,
la séquence, toute brouillonne qu'elle puisse être n'en est pas
moins efficace. Du moins si l'on est en mesure de fermer les yeux sur
ses nombreuses imperfections. Comme le bruit du vent qui par exemple
tourne en boucle pour un effet plutôt étonnant, comme si le
bruiteur s'était endormi sur sa table de mixage le doigt appuyé sur
la touche ''repeat''... Contraint d'utiliser des astuces à moindre
coût, le réalisateur fait appel à l'ingéniosité de ses artistes
afin de mettre en scène des séquences qui autrement auraient coûté
un bras. Comme lorsque l'avion s'abîme en mer et que pour simuler
l’amerrissage filmé à bord du cockpit, les responsables des
effets-spéciaux utilisèrent une vitre placée juste à la surface
des eaux. Quelques attaques de requins sont fort heureusement
prévues. Mais là encore, Federico Farfán et Miguel Vázquez
durent faire preuve d'imagination pour que le budget déjà riquiqui
ne soit pas entièrement englouti dans les effets-spéciaux...
Afin
de simuler l'attaque des touristes par des requins affamés, les deux
spécialistes en effets-spéciaux ont dû recourir à une technique
consistant en un rembourrage de vêtements à l'aide de viande sans
doute achetée dans le rayon boucherie d'une grande surface. Si les
scènes se veulent très sanglantes, elles sont malheureusement assez
mal fichues puisque incapables de dissimuler le subterfuge. Nous
disions donc que l'intérêt de Cyclone
était ailleurs et donc, dans les rapports entre les différents
protagonistes dont certains vont se muer en antagonistes. Les
personnalités se révèlent peu à peu et l'on devine assez
rapidement quels vont être les enjeux de la survie. Ça commence par
l'égorgement et le dépeçage d'un petit chien et se poursuit par
l'utilisation d'un cadavre comme appât. La naissance d'un bébé sur
le bateau qui passe son temps à brailler laisse même envisager le
pire concernant ses espérances de vie. La question demeurant alors :
René Cardona Jr. est-il suffisamment pervers pour rendre réel un
acte que notre esprit se refuse à concevoir ? L'un des
principaux soucis de Cyclone,
c'est son interprétation. Alors que l'on aurait dû logiquement
ressentir un certain malaise devant les enjeux de survie des
passagers du bateau, on reste souvent indifférent à leur sort. Le
long-métrage n'en demeure pas moins agréable à regarder malgré
des défauts qui s'empilent les uns au dessus des autres. Accentué
par de vraies ''gueules'' du cinéma, on peut notamment y remarquer
les présences de l'acteur et réalisateur mexicain Hugo Stiglitz qui
fut la vedette du nanar culte Incubo sulla città
contaminata
(L'avion de l'apocalypse)
d'Umberto Lenzi, de l'acteur américain Arthur Kennedy qui joua
notamment dans de nombreux westerns ou encore de Lionel Stander qui
chez nous fut surtout connu pour avoir interprété le rôle de Max
dans la célèbre série télévisée Pour
l'amour du risque.
Cyclone demeure
l'un des meilleurs films de René Cardona Jr....
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