The Shuttered Room
(bizarrement traduit chez nous sous le titre La
Malédiction des Whateley)
est intéressant à plus d'un titre. Tout d'abord parce que ce
long-métrage réalisé par le cinéaste britannique David Greene
semble avoir été son premier film à sortir sur grand écran,
parce qu'il s'inspire d'une œuvre du célèbre écrivain
H.P.Lovecraftt, et parce qu'il mêle les genres avec un certain brio.
Le récit tourne autour de Susannah, héritière d'un vieux moulin
sur lequel règne une légende entretenue par Agatha, la propre tante
de la jeune femme. Mariée à Mike Kelton, Susannah revient sur les
terres de son enfance afin de prendre possession du moulin, une
bâtisse délabrée qui intéresse pourtant Ethan, son cousin. Rustre
et arriéré, Ethan est le chef d'une bande de petites frappes
ignorantes qui passent leur temps à gentiment se chamailler. Lorsque
Susannah et Mike arrivent à Dunwich, ils sont froidement accueillis
par les habitants. Malgré les conseils de ses proches qui lui
conseillent de repartir très vite pour New York, Susannah insiste
pour rester sur l'île afin d'y restaurer le vieux moulin, faisant
ainsi fi de la malédiction qui rôde en ce lieu...
Incarné
par Gig Young et Carol Lynley, The Shuttered Room
à de faux airs de Straw Dogs
que le cinéaste Sam Peckinpah réalisera pourtant deux ans plus tard
en 1971. En effet, bien qu'il baigne dans une ambiance fantastique,
le long-métrage de David Greene évoque également les milieux
ruraux, évoquant les rednecks,
ces ploucs de la campagne confrontés à ceux de la ville. Mais alors
que Dustin Hoffman « acceptera »
de subir très longtemps son sort, le personnage qu'incarne Gig Young
fait preuve d'un courage et d'une habilité qui contraste avec la
rudesse des habitants de Dunwich, au sommet desquels on retrouve
l'acteur Oliver Redd dans la peau d'Ethan. Inquiétant, vif, sanguin,
et particulièrement dangereux, pour un individu de cette classe
sociale au bas de l'échelle, le lien parental n'a aucun effet et on
le découvre attiré par une cousine qu'il ne cessera de harceler.
Plus encore que la "créature" que l'on devine très vite enfermée
derrière l'une des portes du vieux moulin, c'est bien Ethan qui
inquiète. Fiévreux et arborant l'imposante carcasse du principal
interprète de The Devils
de Ken Russell ou de Burnt Offerings de
Dan Curtis, Oliver Reed est réellement flippant.
Alors
que les décors rappellent fort logiquement le Norfolk et le Kent où
le film fut tourné, le récit se base cependant aux États-Unis.
David Greene accentue la différence entre ceux de la ville et les
gens de la campagne à travers tout ce qui peut les distinguer. De
leur manière de s'exprimer, jusqu'à leur façon de se comporter. On
ressent une très forte hostilité dès lors que Susannah et Mike
débarquent sur l'île. De ce point de vue là, David Greene a
parfaitement rempli son contrat. A tel point d'ailleurs que le reste
n'est plus alors que partie congrue. A trop vouloir caractériser ses
personnages de rednecks,
David Greene en aurait presque oublié le récit tournant autour de
la créature
présente dans le moulin. On ne lui en voudra cependant pas un seul
instant puisqu'en matière d'ambiance, il parvient à installer un
véritable climat de peur. Alors, qu'elle naisse d'une présence
hostile immédiatement identifiée comme humaine, ou d'une bête que
l'on devine immonde (à tort ou à raison), le résultat est là :The
Shuttered Room
est une très bonne surprise...
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