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jeudi 15 novembre 2018

The Shuttered Room de David Greene (1969) - ★★★★★★★☆☆☆



The Shuttered Room (bizarrement traduit chez nous sous le titre La Malédiction des Whateley) est intéressant à plus d'un titre. Tout d'abord parce que ce long-métrage réalisé par le cinéaste britannique David Greene semble avoir été son premier film à sortir sur grand écran, parce qu'il s'inspire d'une œuvre du célèbre écrivain H.P.Lovecraftt, et parce qu'il mêle les genres avec un certain brio. Le récit tourne autour de Susannah, héritière d'un vieux moulin sur lequel règne une légende entretenue par Agatha, la propre tante de la jeune femme. Mariée à Mike Kelton, Susannah revient sur les terres de son enfance afin de prendre possession du moulin, une bâtisse délabrée qui intéresse pourtant Ethan, son cousin. Rustre et arriéré, Ethan est le chef d'une bande de petites frappes ignorantes qui passent leur temps à gentiment se chamailler. Lorsque Susannah et Mike arrivent à Dunwich, ils sont froidement accueillis par les habitants. Malgré les conseils de ses proches qui lui conseillent de repartir très vite pour New York, Susannah insiste pour rester sur l'île afin d'y restaurer le vieux moulin, faisant ainsi fi de la malédiction qui rôde en ce lieu...

Incarné par Gig Young et Carol Lynley, The Shuttered Room à de faux airs de Straw Dogs que le cinéaste Sam Peckinpah réalisera pourtant deux ans plus tard en 1971. En effet, bien qu'il baigne dans une ambiance fantastique, le long-métrage de David Greene évoque également les milieux ruraux, évoquant les rednecks, ces ploucs de la campagne confrontés à ceux de la ville. Mais alors que Dustin Hoffman « acceptera » de subir très longtemps son sort, le personnage qu'incarne Gig Young fait preuve d'un courage et d'une habilité qui contraste avec la rudesse des habitants de Dunwich, au sommet desquels on retrouve l'acteur Oliver Redd dans la peau d'Ethan. Inquiétant, vif, sanguin, et particulièrement dangereux, pour un individu de cette classe sociale au bas de l'échelle, le lien parental n'a aucun effet et on le découvre attiré par une cousine qu'il ne cessera de harceler. Plus encore que la "créature" que l'on devine très vite enfermée derrière l'une des portes du vieux moulin, c'est bien Ethan qui inquiète. Fiévreux et arborant l'imposante carcasse du principal interprète de The Devils de Ken Russell ou de Burnt Offerings de Dan Curtis, Oliver Reed est réellement flippant.

Alors que les décors rappellent fort logiquement le Norfolk et le Kent où le film fut tourné, le récit se base cependant aux États-Unis. David Greene accentue la différence entre ceux de la ville et les gens de la campagne à travers tout ce qui peut les distinguer. De leur manière de s'exprimer, jusqu'à leur façon de se comporter. On ressent une très forte hostilité dès lors que Susannah et Mike débarquent sur l'île. De ce point de vue là, David Greene a parfaitement rempli son contrat. A tel point d'ailleurs que le reste n'est plus alors que partie congrue. A trop vouloir caractériser ses personnages de rednecks, David Greene en aurait presque oublié le récit tournant autour de la créature présente dans le moulin. On ne lui en voudra cependant pas un seul instant puisqu'en matière d'ambiance, il parvient à installer un véritable climat de peur. Alors, qu'elle naisse d'une présence hostile immédiatement identifiée comme humaine, ou d'une bête que l'on devine immonde (à tort ou à raison), le résultat est là :The Shuttered Room est une très bonne surprise...

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