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dimanche 3 mars 2024

Wolfkin de Jacques Molitor (2022) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Avec une telle affiche, un titre pareil et un début de récit lors duquel un gamin griffe un camarade de classe et mord l'un de ses jeunes voisins, il faudrait avoir un esprit de déduction étonnamment étriqué pour ne pas percevoir le sujet central de Wolfkin de Jacques Molitor. Si le film évoque tout d'abord l'hypertrichose, une étrange maladie génétique qui provoque une étonnante prolifération de poils sur tout ou partie du corps d'un individu, nous sommes bien devant un phénomène de type fantastique découlant originellement de cette affection et qui donna lieu dès le début du vingtième siècle à de nombreux longs-métrages autour du thème des loups-garous. Rien n'est plus fascinant qu'une œuvre qui sort des contingences habituelles. Plusieurs réalisateurs semblent avoir pris compte de cela et proposèrent durant les dernières décennies quelques longs-métrages particulièrement intéressants. On pense notamment aux brésiliens Juliana Rojas et Marco Dutra et à leur As Boas Maneiras, au norvégien Jonas Matzow Gulbrandsen et à son Skyggenes Dal ou plus récemment et sur notre territoire à l'excellent Le Régne animal de Thomas Cailley. Bien qu'il s'inscrive tout d'abord dans un contexte social relativement réaliste, Wolfkin rappelle pourtant sensiblement l'un des grands classiques de la lycanthropie. En effet, lorsque le jeune Martin (Victor Dieu) et sa mère Elaine (Louise Manteau) viennent s'installer dans la luxueuse demeure des beaux-parents de celle-ci, au bout d'un certain temps, il apparaît très clairement qu'il y règne un esprit de communauté certes plutôt réduit mais dans le même esprit que dans le Hurlements de Joe Dante. Le long-métrage de Jacques Molitor n'est pas qu'un pur produit horrifique mais s'inscrit dans un contexte social dramatique dans lequel une jeune mère de famille rencontre de grandes difficultés avec son fils, lequel se montre agressif envers ses jeunes camarades. Après avoir été renvoyée de emploi de cuisinière dans un restaurant et après que Martin ait été écarté de l'établissement scolaire où il étudiait, Elaine décide qu'il est temps pour eux d'aller rendre une petite visite aux parents de Patrick (l'acteur Benjamin Ramon) avec lequel on la découvre en préambule avoir une rapport charnel en pleine nature.


Une relation qui débouchera sur la naissance de Martin qui ne connaîtra pas son père puisque celui-ci disparaîtra immédiatement des radars. Élevant seule son enfant et vivant à Bruxelles, la jeune femme espère donc sans doute trouver en la présence de Joseph (Marco Lorenzini) et d'Adrienne (Marja-Leena Junker), un réconfort, un peu d'aide et pourquoi pas une manière de comprendre ce qui arrive à son fils. Un moyen, sans doute aussi, de se dégager quelque peu de ses responsabilités même si l'amour de la mère pour son enfant est très clairement établi ici. Derrière l'accueil chaleureux des grands-parents de Martin et celui nettement plus froid de Jean (Jules Werner), le frère de Patrick, l'on devine très rapidement que derrière le cercle familial dans lequel viennent de s'inviter la mère et son fils se cache un lourd patrimoine génétique. Une tare concernant une longue lignée d'individus victimes d'une malédiction qui provoque donc chez elles de douloureuses transformations en loups-garous. Contemporain mais impliquant parfois des enjeux archaïques (situation géographique, mode d'existence aristocratique, apprentissage de la chasse), Wolfkin est une œuvre qui se veut riche mais qui s'avère parfois expéditive dans sa manière d'aborder le sujet de la lycanthropie et l'observation des pratiques ancestrales de cette famille qui plus que d'être simplement atteinte par ce mal extraordinaire est à l'origine d'une autre thématique : celle de l'anthropophagie. La relation entre la mère et l'enfant y est traitée avec beaucoup de sensibilité même si très rapidement l'on se rend compte que la maladie et le dérèglement psychologique de Martin vont prendre le pas sur sa relation avec sa génitrice. Le film n'excédant pas les quatre-vingt six minutes, Jacques Molitor se voit contraint d'expédier quelques étapes du récit alors que l'on aurait sans doute aimé un peu plus d'attention durant certaines d'entre elles. Il reste que Wolfkin demeure une sympathique alternative, moins originale que prévu, certes, mais ses origines francophones comme purent l'être il y a quatre ans celles du sympathique Teddy de Ludovic et Zoran Boukherma ont font un objet de curiosité qui attirera tout d'abord les fans de fantastique et ensuite, plus précisément les amateurs de lycanthropie...


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