Alors que Jack
l’Éventreur 'nettoya' les
rues de Whtichapel en ne tuant officiellement 'que' cinq
prostituées, nombreux furent les longs-métrages s'inspirant de ce
sordide fait-divers survenu à la fin du dix-neuvième siècle. L’ukrainien Andreï Tchikatilo tua quant à lui des dizaines d'enfants
(une cinquantaine sera retenue par la justice de son pays) mais
n'inspira que trois longs-métrages et une petite poignée d'ouvrages
littéraires. Sur écran, on le vit d'abord incarné par Jeffrey
DeMunn dans l'excellent Citizen X de
Chris Gerolmo en 1995, et vingt ans plus tard dans l'adaptation
cinématographique du roman éponyme de Tom Rob Smith, Child
44,
ainsi réalisé par Daniel Espinosa. Entre les deux est sorti
Evilenko,
qui même si les personnages portent des noms différents, s'inspire
fortement du fait-divers entourant cet homme que l'on appelait alors
l'Ogre de Rostov.
Afin d'incarner son alter ego Andrej Romanovic Evilenko, le cinéaste
fait appel à l'acteur anglais Malcolm McDowell, principalement connu
pour avoir interprété le rôle d'Alex DeLarge dans le chef-d’œuvre
de Stanley Kubrick, Orange Mécanique.
David Grieco semble ici s'attacher davantage au personnage de Andrej
Romanovic Evilenko qu'à l'enquête menée par l'inspecteur Vadim
Timurouvic Leslev (l'acteur d'origine hongroise Marton Csokas).
Persuadé d'être protégé par une hypothétique immunité que lui
conférerait son appartenance au Parti, le tueur d'enfants, ancien
professeur renvoyé après avoir tenté de violer l'une de ses
élèves, va trouver sur son chemin un enquêteur plus zélé que les
autres. Un comportement courageux dans un pays qui n'accordait
généralement à l'époque que très peu d'intérêt et de
reconnaissance pour aux tueurs en série, un concept, alors,
inenvisageable...
Evilenko ne s'attarde pas sur l'enfance du tueur,
atteint d'énurésie nocturne, et battu par sa mère chaque fois
qu'il fait pipi au lit. Cependant, on en apprend beaucoup sur ce
personnage de fiction ne trompant personne sur la source
d'inspiration ayant aidé le cinéaste à construire son œuvre. Là
encore, le tueur travaille dans l'enseignement, comme en son temps
Andreï Tchikatilo. Avec le temps, Evilenko est amené à donner sa
démission après qu'il ait osé pratiquer des attouchements sur
l'une de ses élèves (ici, curieusement décrite comme une enfant
passablement perverse). Lorsque lui est proposé un emploi par le
KGB, l'homme se croit à l’abri, et c'est ainsi qu'on le découvre
se livrant à toute une série de meurtres accompagnés de rituels
particulièrement répugnant. Car comme Tchikatilo, Evilenko torture,
viol, assassine, mais dévore également ses victimes. Tueur en série
pédophile et cannibale, le portrait qu'en fait David Grieco est
parfois outrageusement écœurant. Malcolm McDowell incarne à
merveille ce tueur assassinant sans vergogne des dizaines d'enfants,
exprimant le plaisir qu'il a d'emporter avec lui un souvenir
(souvent, des vêtements tâchés du sang de ses victimes) afin de se
repaître du souvenir des actes barbarie accomplis.
Le long-métrage le décrit comme un individu hypnotisant avec une
étonnante facilité ses futures victimes qui le suivent alors jusque
dans ces forêts où il a l'habitude de commettre ses meurtres.
Contrairement aux deux autres long-métrages inspiré du fait-divers,
celui-ci s'attarde beaucoup moins sur l'aspect politique du pays
d'alors. Il tente d'apporter une réponse aux actes d'Evilenko sans
pour autant chercher à les excuser. D'ailleurs, lorsqu'un détail
anatomique laisse entendre qu'il pourrait s'agir de la raison pour
laquelle le tueur s'est lancé dans cette quête irrépressible de
mort, la fin ne laisse aucun doute sur la perversité de l'homme,
unique raison pour laquelle il tue ses semblables. Véritable monstre
humain, David Grieco lui offre pourtant l'opportunité de livrer son
humanité à travers un long plan final qui clôt de la plus belle
des manières, l'un des plus formidables portraits de tueur en série
du septième art...
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