Mettre la main sur un
ancien exemplaire de Vidéotopsie, c'est un peu comme de
tomber sur un bon vin dont les années n'ont pas altéré le goût.
Datant de février 2014, ceux qui n'ont découvert le bébé de David
Didelot que très récemment penseront sûrement que ce numéro là
est bien moins copieux que les derniers en date. Pourtant, si contre
les cent quatre-vingt huit pages du numéro 20, le numéro 14 en
oppose 'seulement'
soixante-dix huit, que les amateurs de cinéma bis se rassurent :
il y a là, de quoi très largement les contenter. L'édito en page 3
de David donne une idée assez précise de son contenu même si déjà,
à travers la très belle première de couverture 'mat',
les superbes reproductions laissent augurer d'un article passionnant
sur un acteur-réalisateur sur lequel certains lecteurs (comme moi)
ne mettront un visage sur le nom qu'après la quatrième page. Car
oui, l'homme auquel ont décidé d'accorder un long article de pas
moins de vingt pages David et l'auteur du dossier, Alexandre Jousse,
n'est autre que Jack Starrett. Impossible de ne pas reconnaître
l'infâme flic moustachu qui s'en prenait à un Rambo
désireux de prendre un repas et une douche en ville au début du
long-métrage éponyme. On savait donc le bonhomme acteur, mais
combien d'entre nous savaient qu'il avait également effectué une
carrière de cinéaste ? C'est ainsi que le dossier Jack
Starrett, dont le contenu est admirablement documenté, nous permet
d'en savoir un peu plus sur lui et de découvrir, selon l'auteur du
dossier, que sous leurs airs de série B fauchées, certaines
semblent avoir inspiré plusieurs grands cinéastes. Nous apprendrons
notamment que Jack Starrett aura repris les commandes de Course
Contre l'Enfer,
le plus 'connu'
de ses longs-métrages après que Lee Frost lui ait passé le relais.
Et Lee Frost, on connaît ici, puisqu'il fut l'auteur du génial et
délirant The Thing with two Heads !
Ensuite,
place à la rubrique 'Review
Bis'.
Un catalogue de seize pages consacrées à diverses productions
proposant érotisme soft, monstres marins (l'excellent article de
Claude Gaillard consacré à Apocalypse dans
l'Océan Rouge
de John Old Jr. (pseudo derrière lequel se cache le tâcheron
Lamberto Bava), puis plus loin, le Cruel Jaws
de Bruno Matteï, ou comment sublimer un médiocre long-métrage par
l'écrit, du post-apocalyptique signé David Worth, du slasher
espagnol, un sous-exorciste ibérique, un étonnant mélange des
genres (Horreur dans la Ville),
un 'remake'
du tout premier film gore de l'histoire, une double-page passionnée
(et passionnante) consacrée à Dead and Buried
de Gary A. Sherman, ainsi qu'une autre, double elle aussi, au
secondes aventures de Reggie, Mike et le Tall Man de l'effrayant
Phantasm
de Don Coscarelli. Outre Claude Gaillard, on retrouve fort
logiquement David à l’écriture, ainsi que les rédacteurs Jocelyn
Manchec, Simon Laperriere, Didier Lefevre, Stéphane Prieur et
Christophe Gaquière.
Ensuite,
ce 14ème exemplaire de Vidéotopsie
nous propose une très intéressante interview de l'actrice danoise
Lone Flemming dont les amateurs de chair putréfiée reconnaîtront
sa participation à l'excellente quadrilogie des Templiers de Amando
de Ossorio. Un entretien réalisé un an auparavant par David Garcia
et généreusement proposé dans un numéro de Vidéotopsie, décidément très instructif.
Cachez
ce sein que je ne saurais voir diraient certains à la vue du joli
mamelon qui surgit sans crier gare en page quarante-six. Celui d'une
Linda Blair, loin d'être effarouchée et s'éloignant de la gamine
'hantée'
de L'Exorciste
de William Friedkin. Un article la consacrant à travers sa
filmographie. Un article qui permettra surtout de se rendre compte
(ou pas) que l'actrice ne fut pas seulement l'interprète du seul
rôle de Regan, mais qu'elle joua dans un certain nombre de
longs-métrages estampillés 'Bis'.
Du WIP (Women in Prison), du Rape and Revenge (ce qui revient
'presque'
au même), du Vigilante, de l'Actioner, parfois (souvent?) légèrement
vêtue, la rondouillette Linda offrira quelques fois ses charmes
quant elle ne fera pas qu'apparaître succinctement. De la bien bel
ouvrage constituée par des amoureux de bandes-magnétiques pas toujours
traduites dans notre langue. Quel courage !
Ensuite,
David revient sur l'un des auteurs de la défunte (et très
regrettée) Collection GORE paru chez fleuve Noire entre 1985 et
1990, l'écrivain François Darnaudet, auteur du dyptique Collioure
Trap en
compagnie de Catherine Rabier), et Andernos
Trap.
Lors d'une interview, David et François reviennent principalement
sur ces deux romans.
Ce
numéro 14 se termine ensuite par trois rubriques. Cinéma
Amateur (et à mater!),
Et
pour quelques infos de plus,
ainsi qu'une double page consacrée aux fanzines des 'copains'
dont un Steadyzine
auquel votre serviteur prend toujours un immense plaisir à
collaborer (PUB!). En remontant le temps jusqu'en ce février 2014,
on se rend compte à quel point la passion pour le cinéma bis chez
David et son équipe est présente. Et l'on ne doute pas un instant
que cela était d'ailleurs déjà le cas bien avant cela. Fourmillant
d'anecdotes et d'articles passionnés, il est clair qu'avec un tel
objet entre les mains, la majeure partie d'entre nous ont dû se dire
qu'ils étaient passés à côté de quelques grands moments de
cinéma. Et en cela, je pense notamment à l’œuvre complète de
Jack Starrett. Comme d'habitude, l'acquisition de ce Vidéotopsie
numéro 14 se révèle indispensable. Malheureusement épuisé, il ne
reste plus aux retardataires, qu'à fouiner sur la toile, chez les
bouquinistes ou dans les vides greniers afin d'avoir l'hypothétique
chance d'en trouver un exemplaire...
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