Le concept de The
Human Centipede (Firsr Sequence) est
parti d'une blague selon son auteur Tom Six. Fasciné par les œuvres
et les univers de David Cronenberg, David Lynch et Takashi Miike
(imaginez le mélange), le cinéaste néerlandais avoue avoir surtout
été fortement inspiré par l’œuvre sulfureuse de l'italien Pier
Paolo Pasolini, Salò ou les 120 Jours de Sodome.
En tentant à sa manière de retranscrire ce même sadisme, cette
même violence et dans une certaine mesure, cette même vision de la
dépravation sexuelle, Tom Six a accouché d'un long-métrage
étonnant, parfois indigeste, mais usant en tout état de cause de
l'imagerie nazie avec son cortège de symboles dont le Docteur
Heiter, interprété ici par l'acteur allemand Dieter Laser n'est pas
des moindre. A l'image de Josef Mengele, officier allemand et médecin
du camp d'extermination d'Auschwitz ayant pratiqué des expériences
médicales sur de nombreux détenu durant la second guerre mondiale,
Heiter est le type même de médecin-boucher s’érigeant en Dieu,
et pratiquant sur ses prisonniers, des expériences absolument
affreuses. Reconnus comme grand chirurgien, c'est dans le secret de
sa luxueuse demeure que ce spécialiste des opérations de
séparations de siamois qu'il va tenter l'impensable : unir
trois de ses semblables (deux femmes et un homme), et ainsi créer le
premier cas de mille-pattes humain. Un projet fou, sorti de l'esprit
d'un malade.
Dans
une ambiance froide et clinique (Heiter a tranformé la cave de sa
maison en salle d'opération), Tom Six ne nous épargne presque rien.
Sans vraiment donner à The Human Centipede
(Firsr Sequence) des
airs de boucherie gore, c'est pourtant dans le détail que son
'héros'
explique à ses victimes ce qu'il a l'intention de leur faire subir.
Et dans le genre, le film reste assez peu ragoutant. Sur un scénario
basique écrit par le cinéaste lui-même, le film tourne autour du
huis-clos qui s'engage entre le médecin fou et ses trois cobayes.
Les uns aux autres, il seront reliés par la bouche et l'anus. On
comprend alors que pour ces trois individus, et surtout celui placé
au milieu de la chaîne, le cauchemar ne fait que commencer.
The Human Centiped
(Firsr Sequence) est
davantage psychologique que graphique. Les effets gore sont
relativement discrets et l'occasion de voir déverser le sang sont
proportionnellement inverse au sujet évoqué. Pas effrayant pour un
sou, le film joue d'abord sur le sentiment de dégout que peut
éprouver le spectateur devant les pratiques médicales hors normes
de Heiter. L'imaginaire se développe ensuite avec l'évocation des
conséquences d'un tel traitement. Tom Six évacue tout sens de
l'humour. On s'éloigne d'un quelconque slasher ou du banal serial
killer pour entrer dans l'univers d'un artiste du bistouri ayant
apparemment perdu quelques neurones en chemin. Quelques passages se
révèlent éprouvants. Comme celui durant lequel la victime
masculine (le japonais Katsuro incarné par l'acteur Akihiro
Kitamura) ressent le besoin de déféquer. Je vous laisse le soin
d'imaginer les conséquences pour la jeune femme directement
rattachée à son anus (Ashley C. Williams) !!! Autre détail
bien dégueu : l'infection dont est victime la touriste
américaine située... en fin de chaîne (Ashlynn Yennie).
Plus
troublant encore fut le comportement de l'acteur allemand lors du
tournage. Dieter Laser a en effet choisi de demeurer dans la peau de
son personnage durant tout le tournage. Ce qui n'est pas un
comportement inédit. Mais en revanche, il hurla constamment sur
l'équipe technique et demeura à l'écart des autres interprètes
afin d'éviter de s'y attacher. L'acteur refusa de se nourrir
autrement que de mets qu'il apporta lui-même sur le plateau et la
majeure partie des vêtements que portent son personnage à l'écran
faisaient partie de sa propre garde-robe. Pendant le tournage,Laser a
même (accidentellement) porté un coup à l'acteur japonais ce qui
entraîna une bagarre entre les deux hommes. L'allemand blessa
également l'actrice Ashley C. Williams lors d'une scène où elle
subit une injection. Autant dire que le tournage n'a pas été de
tout repos pour les différents participants.
Au
final, The Human Centipede (Firsr Sequence) est
une œuvre relativement malsaine, jouant sur la répulsion du public
envers certaines pratiques chirurgicales (on pense notamment à la
chirurgie esthétique). Bien que n'étant qu'essentiellement
suggérée, la scatologie fait partie des thèmes évoqués. Film
d'horreur médical, le film de Tom Six peut secouer mais en terme
d'écriture, il demeure malheureusement trop simpliste pour faire
partie des grandes œuvres horrifiques que les sources d'inspirations
de son auteur évoquent. A savoir que Tom Six lui-même a réalisé
deux suites en 2011 et 2014 : The Human
Centipede II (Full Sequence)
et The Human Centipede III (Final Sequence)...
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