Rien ne peut justifier le
viol d'une femme. Encore moins son assassinat. Mais lorsque débarque
la belle Jennifer dans la luxueuse demeure de son amant Richard, il
est difficile de s'identifier à elle et par conséquent de s'y
attacher. Blonde lolita entre les lèvres de laquelle se glisse une
sucette figurant la fellation à venir, cet unique personnage féminin
interprétée par la magnifique actrice italienne Matilda Lutz
incarne la pute sous toutes les coutures. Même pas un baiser
échangé avec son amant. La jeune femme descend directement au
niveau de sa ceinture afin de lui prodiguer quelques faveurs à l'aide de sa bouche pulpeuse. Après cela, c'est au tour des deux amis de l'américain,
les français Stan et Dimitri de débarquer. Comme chaque année à
la même période, les trois hommes partent chasser. Arrivés plus
tôt que prévu, Stan et Dimitri n'auraient pas dû croiser la route
de Jennifer, cette jolie jeune blonde aux courbes harmonieuses qui
passe son temps en petite culotte, trémoussant à l'occasion ses
superbes fesses et aguichant les nouveaux venus dès le premier soir.
Alors non, rien ne
justifie que Stan la viole ni que pour s'en débarrasser ensuite, lui
et ses deux amis la jettent du haut d'une falaise en bas de laquelle,
Jennifer fini empalée sur l'épaisse branche d'un arbre mort. Les
trois hommes la croient morte, les spectateurs aussi (comment
survivre à une chute de plusieurs dizaines de mètres, le corps
traversé de part en part par un énorme morceau de bois?). Et
pourtant, malgré tout le sang perdu, la jeune femme vit encore et
arrive même à se sortir du pétrin. La motivation, sans doute.
Celle qui la poussera à se venger de ses trois tortionnaires. Car il
ne faut pas croire, mais la passivité de Dimitri relève elle aussi
de la culpabilité.
Revenge empiète
sur les plates-bandes d'un genre très encombré revenu à la mode
depuis quelques années maintenant. Quelques longs-métrages sont
devenus depuis des classiques mérités tels que L'Ange
de la Vengeance d'Abel
Ferrara, le cultissime Thriller
- en grym film du
suédois Bo Arne Vibenius, La
Dernière Maison sur la Gauche
de Wes Craven ou encore Day
of the Woman de
Meir Zarchi. En France, les spectateurs ont été généralement
tenus à l'abri. Tout juste évoquerons-nous La
Traque de
Serge Leroy bien que les coupables d'un viol n'y aient pas laissé
l'occasion à la victime (l'actrice Mimsy Farmer) de se venger. En
2018, c'est une française qui choisit de bousculer l'ordre des
choses en s'attaquant à un genre généralement abordé au cinéma
sur le territoire américain. Encore un 'rape
and revenge'.
Celui de trop ? Peut-être pas, non, car la réalisatrice
Coralie Fargeat, dont c'est le premier long-métrage, signe rien de
moins que l'un des tout meilleurs du genre.
Réalisatrice
ET scénariste de son film, la cinéaste propose une œuvre
magnifiquement mise en images (superbe photographie de Robrecht
Heyvaert) et impeccablement interprétée par l'actrice italienne
ainsi que par le trio d'acteurs qui l'accompagnent dans ce
cauchemar : le belge Kevin Janssens, et les français Guillaume
Bouchède, et surtout Vincent Colombe, ici, sorte de mélange entre
Cyril Hanouna et de Peter Jackson période Bad
Taste.
Parfois comparé à l'excellent Grave d'une autre réalisatrice
française (Julia Ducournau), Revenge
n'a pourtant rien de comparable. Tout juste pourra-t-il être comparé
au décevant Prevenge
d'Alice
Lowe (Girls Power!). Et encore... L’œuvre de Coralie Fargeat est une
réussite totale. Elle se débarrasse des dialogues habituellement
fort puérils rencontrés dans ce genre de production, signe que la
réalisatrice a pris soin de son bébé. Esthétiquement, le film
réserve quelques excellentes surprises en matière de cadrage,
d'éclairage et de mise en scène (le plan séquence vers la fin,
l'excellent passage situé dans la grotte, ou les différents plans
nocturnes). Nous assistons à la lente mutation d'une jolie poupée
en amazone éprise de vengeance envers les hommes qui l'ont humiliée.
Revenge
réserve
également quelques moments forts en terme d'horreur puisque le film
n'est pas avare en matière de gore. C'en est même parfois presque
aussi risible que les premiers pas de Peter Jackson dans le domaine.
Pas toujours crédible donc, mais le film de Coralie Fargeat n'a certainement
pas à rougir face à la concurrence. On a hâte de découvrir ses
travaux futurs en espérant qu'elle saura transformer ce brillant
essai...
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