Nous avons, chaque année
en France, l'occasion de découvrir une légion de comédies
françaises. Si une grande majorité d'entre elles ont le malheur de
manquer d'originalité et de se faire très vite oublier, il en
demeure fort heureusement quelques-unes qui sortent du lot. Un
Profil pour Deux fait partie de ces comédies qui nagent
entre plusieurs eaux. Le triangle amoureux autour duquel tourne
l'intrigue n'est pourtant pas lui non plus un sujet tout neuf.
Pourtant, la générosité de ses interprètes et les différents
changements de ton lui confèrent une aura toute particulière. Car
le film de Stéphane Robelin qui réalise ici son troisième
long-métrage après Real Movie et Et si on
Vivait tous Ensemble ? est un petit bijou. Le
réalisateur étant parti d'un scénario dont il a lui-même assuré
l'écriture, le film met en scène Pierre, un septuagénaire vivant
seul depuis la mort de son épouse. Sa fille, désespérée, demande
au compagnon de Juliette de donner des cours d'informatique au vieil
homme afin de lui permettre de découvrir les possibilités offertes
par Internet.
C'est ainsi qu'Alex lui apprend comment manipuler son
nouvel ordinateur et utiliser les sites de rencontres. Pierre use de
ses talents de conteur pour séduire une certaine Flora63, laquelle
tombe sous le charme du vieil homme dont elle ignore tout de la
véritable apparence. En effet, Pierre lui a envoyé une photo d'Alex
prise quelques jours auparavant et le jour où Flora et lui décident
de se rencontrer pour la première fois à Bruxelles, le vieil homme
supplie Alex d'approcher la jeune femme à sa place. Malgré sa
réticence, le jeune homme accepte de se rendre en Belgique aux côtés
de Pierre, d'autant plus qu'entre Juliette et lui, le torchon brûle.
Sa rencontre avec Flora va bouleverser son existence, ainsi que celle
de la jeune femme et celle de Pierre...
Première impression positive : la présence de l'immense Pierre
Richard. Celui qui nous faisait rire grâce aux pitreries et à la
distraction de ses personnages a depuis quelques années mûri. Même
si sa façon d'aborder la comédie est bien différente que par le
passé, le retrouver sur grand écran demeure toujours un réel
plaisir. Ici, on le retrouve dans la peau d'un homme vieillissant.
Étouffé par la présence de proches relativement antipathiques. Une
existence finalement assez morne qui va changer du jour au lendemain
grâce à Alex, personnage incarné par l'acteur Yaniss
Lespert qui pour l'instant n'a joué que dans très peu de
longs-métrages pour le cinéma et est surtout apparu à la
télévision dans une petite dizaine de téléfilms et de séries.
Aux côtés des deux hommes, la ravissante et talentueuse Fanny
Valette. La jeune arlésienne apporte au long-métrage de Stéphane
Robelin une véritable fraîcheur. L'actrice incarne une Flora
sensible, touchante, rêvant du prince charmant tout en espérant
trouver celui auquel elle pourra redonner le goût de vivre à
nouveau une histoire d'amour. Car contre attente, de ce petit jeu
malsain auquel s'adonnent les personnages interprétés par Pierre
Richard et Yaniss Lespert va éclore une très belle romance.
Stéphane
Robelin table sur un imbroglio compliqué à mettre en place. A
la:manière d'une pièce de théâtre où les portes claquent,
s'ouvrent et se referment, épargnant les uns après les autres des
personnages qui ne sont jamais censés se croiser, le cinéaste
maîtrise sur le bout des doigts son propre récit. On sent l'amour
du réalisateur pour ses interprètes. Battant le froid et le chaud,
sa mise en scène surprend. Un
Profil pour Deux
passe
allégrement de la comédie douce-amère au drame. L’œuvre de
Stéphane Robelin ne fera généralement pas hurler de rire. On
s'éloigne très largement des poncifs du genre, et pourtant, cela
fonctionne à merveille. Cependant, le film évite toute forme d’apitoiement. Le cinéaste n'oublie pas d'y injecter quelques
moments savoureusement loufoque comme la scène du petit-déjeuner,
et d'autres, beaucoup plus émouvant, comme la merveilleuse scène
située dans l'appartement de Flora.
Même
si les intrigues n'ont que très peu de rapports, Un
Profil pour Deux nous
chavire le cœur comme avait pu le faire en son temps, une œuvre
aussi forte que Le Tout
Nouveau Testament de
Jaco van Dormael dont certaines critiques assassines demeurent encore
aujourd'hui incompréhensibles. Alors que le film de Stéphane
Robelin démarrait assez tristement, la suite allait se révéler
fort réjouissante. Sans doute l'une des meilleures surprises de
cette année 2017...
DFS
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