L'acteur, scénariste et
réalisateur belge Harry Cleven débarque en cette année 2017 avec
un quatrième long-métrage aussi personnel qu'étrange. A la lecture
du synopsis, on ne peut que fonder tous nos espoirs devant une idée
aussi originale. D'autant plus que Thomas Gunzig, le co-auteur du
scénario de l'excellent Le Tout Nouveau Testament de
Jaco Van Dormael a participé à l'écriture de celui de Mon
Ange dont il est question ici. Une œuvre inclassable. Qui
peut se révéler aussi poétique qu'ennuyeuse. Le paradigme de la
cécité, de l'invisibilité. L'innocence de deux êtres possédant
chacun, une particularité qui les ont empêché jusqu'à leur
rencontre, de communiquer avec des individus extérieurs à leur
cellule familiale respectives.
Le premier avec lequel on
fait connaissance, c'est Mon Ange. Un drôle de prénom pour un gamin
né invisible dans le sanatorium où vit ses dernières années, sa
mère, dépressive. Dès lors, on se pose la question. Mon Ange
existe-t-il réellement ? Ou n'est-il que le fantasme d'une
femme qui n'a pu avoir d'enfants ? Pire : peut-être en
a-t-elle perdu un avant d'accoucher? La réponse nous parviendra
finalement assez vite puisque Mon Ange nous servira d'yeux. Ce
personnage hors du commun devient concret lorsqu'il repose sa tête
sur un duvet. Ou tète sa mère lorsqu'il n'est encore qu'un enfant.
Mais la manière de se convaincre qu'il existe vraiment n’apparaît
que lorsqu'il fait face à la jeune Madeleine. Une gamine de son âge
qui, elle, est aveugle. Une fillette qui définira assez justement sa
vision du monde. Du moins, celle qu'elle aura connu jusqu'à ce
qu'une opération lui permette de recouvrer la vue.
Après une séparation de
plusieurs années, ceux qui ont appris à s'aimer malgré leur
différence se retrouvent. Désormais le cinéaste Harry Cleven table
sur l'hypothétique histoire d'amour entre Mon Ange et Madeleine. Le
premier se concrétise davantage. Surtout aux yeux d'une Madeleine
d'abord effrayée, mais tellement éprise de celui pour lequel elle
est revenue qu'elle accepte sa condition d'homme invisible. C'est là
qu'intervient toute la force du film. Des visions poétiques
floutées. Un érotisme soft. Des effets-visuels discrets mais plutôt
réussis.
Mon Ange arbore
le plus souvent les atours d'une œuvre d'art et essai. Autant dire
que dans la majeure partie des cas, le film est relativement...
chiant ! Un long-métrage que l'on aurait davantage aimé
découvrir au format court. Le sujet, du moins dans sa première
partie, la plus ennuyeuse, s’essouffle assez rapidement. On a du
mal à reprendre notre respiration. Le cinéaste multiplie les mises
en scènes délicates, presque aussi surannées que celles d'un
certain David Hamilton, mais à force, on lâche prise. Le pire,
c'est que cela arrive très rapidement. Il faudra alors pour certains
s'armer d'une patience et d'un courage formidables pour tenir
jusqu'au bout. L'un des aspects les plus inconfortables demeure dans
le choix de filmer le personnage de Mon Ange en
vue subjective. Une option pourtant forcément logique puisqu'il est
invisible et que mettre en place une vision des choses différente
aurait très certainement demandé un investissement financier et
personnel beaucoup plus important.
C'est drôle, mais le film ne pénètre l'esprit qu'après
visionnage. Alors que je m’apprêtais à le brûler sur l'autel de
l’infamie, voici que je me pose des questions, allant me demander
s'il ne mériterait pas un second visionnage. Certainement, oui.
L’œuvre de Harry Cleven demeurera donc inconfortable pour une
grande partie du public. Contemplative et léthargique, on appréciera
tout de même l'implication de l'actrice française Fleur Geffrier
dont il s'agit ici de premier grand rôle au cinéma et sur laquelle
repose presque entièrement
Mon Ange. Un film poétique, esthétique et
difficile à appréhender...
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