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jeudi 2 novembre 2017

Mon Ange de Harry Cleven (2017) - ★★★★★☆☆☆☆☆



L'acteur, scénariste et réalisateur belge Harry Cleven débarque en cette année 2017 avec un quatrième long-métrage aussi personnel qu'étrange. A la lecture du synopsis, on ne peut que fonder tous nos espoirs devant une idée aussi originale. D'autant plus que Thomas Gunzig, le co-auteur du scénario de l'excellent Le Tout Nouveau Testament de Jaco Van Dormael a participé à l'écriture de celui de Mon Ange dont il est question ici. Une œuvre inclassable. Qui peut se révéler aussi poétique qu'ennuyeuse. Le paradigme de la cécité, de l'invisibilité. L'innocence de deux êtres possédant chacun, une particularité qui les ont empêché jusqu'à leur rencontre, de communiquer avec des individus extérieurs à leur cellule familiale respectives.

Le premier avec lequel on fait connaissance, c'est Mon Ange. Un drôle de prénom pour un gamin né invisible dans le sanatorium où vit ses dernières années, sa mère, dépressive. Dès lors, on se pose la question. Mon Ange existe-t-il réellement ? Ou n'est-il que le fantasme d'une femme qui n'a pu avoir d'enfants ? Pire : peut-être en a-t-elle perdu un avant d'accoucher? La réponse nous parviendra finalement assez vite puisque Mon Ange nous servira d'yeux. Ce personnage hors du commun devient concret lorsqu'il repose sa tête sur un duvet. Ou tète sa mère lorsqu'il n'est encore qu'un enfant. Mais la manière de se convaincre qu'il existe vraiment n’apparaît que lorsqu'il fait face à la jeune Madeleine. Une gamine de son âge qui, elle, est aveugle. Une fillette qui définira assez justement sa vision du monde. Du moins, celle qu'elle aura connu jusqu'à ce qu'une opération lui permette de recouvrer la vue.
Après une séparation de plusieurs années, ceux qui ont appris à s'aimer malgré leur différence se retrouvent. Désormais le cinéaste Harry Cleven table sur l'hypothétique histoire d'amour entre Mon Ange et Madeleine. Le premier se concrétise davantage. Surtout aux yeux d'une Madeleine d'abord effrayée, mais tellement éprise de celui pour lequel elle est revenue qu'elle accepte sa condition d'homme invisible. C'est là qu'intervient toute la force du film. Des visions poétiques floutées. Un érotisme soft. Des effets-visuels discrets mais plutôt réussis.

Mon Ange arbore le plus souvent les atours d'une œuvre d'art et essai. Autant dire que dans la majeure partie des cas, le film est relativement... chiant ! Un long-métrage que l'on aurait davantage aimé découvrir au format court. Le sujet, du moins dans sa première partie, la plus ennuyeuse, s’essouffle assez rapidement. On a du mal à reprendre notre respiration. Le cinéaste multiplie les mises en scènes délicates, presque aussi surannées que celles d'un certain David Hamilton, mais à force, on lâche prise. Le pire, c'est que cela arrive très rapidement. Il faudra alors pour certains s'armer d'une patience et d'un courage formidables pour tenir jusqu'au bout. L'un des aspects les plus inconfortables demeure dans le choix de filmer le personnage de Mon Ange en vue subjective. Une option pourtant forcément logique puisqu'il est invisible et que mettre en place une vision des choses différente aurait très certainement demandé un investissement financier et personnel beaucoup plus important.

C'est drôle, mais le film ne pénètre l'esprit qu'après visionnage. Alors que je m’apprêtais à le brûler sur l'autel de l’infamie, voici que je me pose des questions, allant me demander s'il ne mériterait pas un second visionnage. Certainement, oui. L’œuvre de Harry Cleven demeurera donc inconfortable pour une grande partie du public. Contemplative et léthargique, on appréciera tout de même l'implication de l'actrice française Fleur Geffrier dont il s'agit ici de premier grand rôle au cinéma et sur laquelle repose presque entièrement   Mon Ange. Un film poétique, esthétique et difficile à appréhender...

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