Si Nei Piu Alto Dei
Cieli
du réalisateur italien Silvano Agosti semble échapper à toute
comparaison, il semble pourtant être le point d'encrage qui relie
différents types de cinémas. Aucune chance pour son auteur de
trouver l'absolution auprès de quiconque représente l’Église
tant il semble puiser dans son imagination est celle du scénariste
Stefano Rulli, tout ce qui est en mesure de salir l'image de cette
assemblée (provenant étymologiquement du grec Ekklesia)
de pèlerins parmi lesquels certains se sont apprêtés qui d'une
soutane, qui d'une robe chasuble, avec l'espoir de rencontrer le
Pape. Armés de cadeaux à l'attention du Souverain Pontife, une
dizaine de femmes, d'hommes et d'enfants pénètrent un étrange
ascenseur situé au Palais du Vatican. Problème : alors qu'il
s'attendent tous à rencontrer le Pape dans les minutes qui viennent,
l'ascenseur met des plombes à atteindre l'étage où la personnalité
doit les accueillir. Et si en fait, l'appareil était en panne ?
C'est ce que vont découvrir bientôt ces individus fort
raisonnables, propres sur eux et d'une bienveillance toute
chrétienne, qui condamnés à rester ensemble dans l'ascenseur vont
peu à peu modifier leur comportement... Nei Piu
Alto Dei Cieli
rejoint dans ses derniers retranchements le club des œuvres viciées
par des propos religieux ou politiques dont la portée est éminemment
scabreuse. Le Pier Paolo Pasolini de Salo ou les
120 journées de Sodome
ou le Marco Ferreri de La grande bouffe
ne sont pas très loin. On ne s'étonnera donc pas que les trois
films partagent une même origine et qu'elles s'inscrivent toutes
dans une période similaire où tout était permis. Autre chose :
les films d'ascenseur. Si peu soient-ils, sans doute mériteraient-il
d'être regroupés dans un genre à part entière puisque parmi ses
rares représentants (l'on parle évidemment des longs-métrages qui
concentrent leur action presque exclusivement dans l'une de ces
cages), certains ont gagné leur galons d’œuvres cultes. De
Lift
de Dick Maas et son ascenseur de luxe doté d'une vie propre faisant
vivre l'enfer à celles et ceux qui osent le prendre. Ou Abwärts
de Carl Schenkel, œuvre étouffante dans laquelle les passagers
d'un ascenseur se retrouvaient coincés et se laissaient aller à
leurs plus bas instincts. À tel point qu'on pourrait presque
considérer ce film d'origine allemande comme le descendant direct de
Nei Piu Alto Dei Cieli auquel
Carl Schenkel aurait tout de même soustrait sa charge
anti-religion !
Ouais,
vraiment très étrange que le film de Silvano Agosti qui persiste
pourtant très longtemps en une approche dégoulinante de puérilité.
Cette musique d'ascenseur dont n'ont le secret que ses auteurs parmi
les plus fervents chrétiens. Tout comme ce groupe réuni pour une
rencontre exceptionnelle, partageant d'ici là des lignes de
dialogues d'une affligeante vacuité. Mais cet apparat servant tout
d'abord de vitrine à l’Église, va montrer ses limites lorsque
l'angoisse va peu à peu se propager parmi les personnages. Les
apparence s'effritent alors et démontrent que sous la robe et
derrière le crucifix se cachent des individus qui n'ont rien de
différent avec le commun des mortels. Des animaux, nous sommes !
Nei Piu Alto Dei Cieli
force le trait jusqu'au point de rupture. La caricature paraît
abusive jusqu'à en devenir des plus ridicule. Bien que la naïveté
de la mise en scène ou de l'interprétation et cet ascenseur qui
bientôt se transformera en un bouge entre les quatre murs duquel les
pulsions les plus inavouables vont se libérer paraissent
antinomiques, c'est justement le contraste entre la blancheur
immaculée des débuts et ces résidus de merde, ces flaques de sang
et ces chairs libérées de leurs entraves monacales s'étalant par
la suite qui vont rendre le tout particulièrement marquant.
Pourtant, l'aspect parfois puéril de la mise en scène et de
l'interprétation laissent un drôle de sentiment mêlé d'ennui. Ça
traîne en longueur avant d'envoyer le purin et la luxure dans la
gueule du spectateur qui ne pensait sans doute pas que le film irait
aussi loin. Imaginez : un type en soutane violant une
adolescente et ce, visiblement avec le consentement de la gamine en
question. Un autre totalement débarrassé de ses effets personnels,
accroupi et en train de chier alors qu'en arrière-plan deux pèlerins
se tapent une partie de jambes en l'air bestiale. La rutilance de
l'ascenseur avec ses murs blancs et ses gravures dorées transformé
en porcherie. Des saintes-nitouches vouant leur âme et leur cœur au
Seigneur transformées en nymphomanes prêtes à tout pour s'offrir
un peu de bon temps en attendant que l'on vienne les libérer de leur
prison dorée... Nei Piu Alto Dei Cieli exhale
un parfum d'immondice que pas même un certain John Waters n'aurait
sans doute osé mettre en scène au temps de son apogée... Culte !
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