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vendredi 22 juin 2018

Vol au-Dessus d'un Nid de Coucou de Miloš Forman (1975) - ★★★★★★★★★★



Après avoir réalisé ses trois premiers longs-métrages dans son propre pays, le réalisateur américain d'origine tchécoslovaque Miloš Forman débute une nouvelle carrière aux États-Unis en 1971 avec son premier long-métrage américain, Taking Off que l'on a cru longtemps perdu, et qui n'est sorti sous nos latitudes que trente-neuf ans après sa sortie dans son pays. Entre ce premier essai sur le territoire américain et son deuxième en 1975, quatre années ont passé. Projet datant du milieu des années soixante et initié par Kirk Douglas (repris par la suite par son propre fils Michael), c'est pourtant sur les conseils du producteur Saul Zaentz que Michael Douglas propose à Miloš Forman de lire le roman dont s'inspire le film éponyme One Flew Over the Cuckoo's Nest avant d'en accepter l'adaptation cinématographique. Très enthousiaste, le cinéaste accepte volontiers de réaliser ce qui deviendra chez nous Vol au-Dessus d'un Nid de Coucou, peut-être le plus grand film de son auteur. Une œuvre d'une puissance émotionnelle rare, interprétée par un casting en béton mené par un Jack Nicholson au sommet de son art.
Épaulé par des stars en devenir, l'acteur est entouré d'un Brad Dourif prodigieux dans le rôle du jeune Billy, de Will Sampson dans celui du 'chef' Bromden, de Danny DeVito incarnant Martini, de Christopher Lloyd (futur Dr Emmett « Doc » Brown de la saga Retour vers le Futur) dans la peau de Taber, ou encore de Louise Fletcher dans celui de la froide et intransigeante infirmière Mildred Ratched. Les plus attentifs reconnaîtront également l'acteur noir Scatman Crothers qui cinq ans plus tard donnera une nouvelle fois la réplique à Jack Nicholson dans l'excellent Shining de Stanley Kubrick ou bien Michael Berryman, fameux acteur victime à la naissance du Syndrome de Christ-Siemens-Touraine, connu pour avoir incarné Pluto dans le film culte de Wes Craven, La Colline a des Yeux en 1977.

Décrire Vol au-Dessus d'un Nid de Coucou en quelques mots est un projet ambitieux bien que difficilement soutenable. L’œuvre de Miloš Forman véhicule de nombreuses thématiques dont l’enfermement, l'amitié et le traitement infligé aux malades mentaux ne sont pas des moindres. Le cas qui nous est présenté ici est celui de Randall Patrick McMurphy, qui pour éviter certaines contraintes liées à son incarcération pour viol, accepte d'être le sujet d'une étude visant à déceler chez lui un hypothétique dysfonctionnement cérébral. Loin d'imaginer ce qui l'attend, l'homme va non seulement être confronté à un univers plus rude que prévu, mais surtout à une infirmière en chef particulièrement inflexible. Ici, les contraintes sont différentes. Les journées se ressemblent toutes et sont ponctuées par la musique, la prise de médicaments, la thérapie et des horaires stricts. Guidé par le même instinct que celui du prisonnier qu'il était tout récemment, McMurphy va tenter d'imposer sa vue d'esprit et les habitudes carcérales dont il usait mais qui malheureusement n'ont pas cours dans le service psychiatrique. Entre le nouveau venu et l'infirmière, le courant a bien du mal à passer. Alors que McMurphy bouillonne, Miss ratched, elle, demeure invariablement froide.
Un certain malaise s'instaure. Surtout lorsque sont évoquées ces séances de thérapie dont l'obscénité est révélée à travers les questions indiscrètes d'une Miss Ratched s'acharnant sur des patients dont la situation dans le cadre de leur internement se révélera fort stupéfiante.

Nommées thérapies, ces séances de torture mentale paraissent conforter les malades dans leurs névroses plutôt qu'elles ne les en libère. L'un des cas les plus intéressant demeure dans le portrait de Billy, incarné par l'excellent Brad Dourif, lequel semble avoir un immense soucis d’œdipe avec sa génitrice. Miss Ratched jouant sur la corde sensible du jeune homme, les questions que l'infirmière lui pose tourmentent Billy plus qu'elles ne l'apaisent. Aidées par des chiens de garde parfois si violents dans leurs propos qu'on les croirait en rupture avec toute forme d'empathie pour les patients, Miss Ratched reflète à elle seule cette institution où certains ont volontairement choisi d'être enfermés. Une rigueur maladive, faignant de soigner des patients tout en projetant sur eux ses propres démons, le cinéaste choisi de n'explorer que l'histoire de ses patients et non pas celle de la femme dont le métier et de les libérer de leurs démons.

Le personnage incarné par Jack Nicholson fait le tour de ses co-détenus un peu étranges. S'offusquant pour de menus détails, et vouant peu à peu pour ce personnage du milieu psychiatrique sensiblement atypique, une véritable fascination. Finalement, celui qui pourrait les libérer de l'emprise de la folie dont ils se sont persuadés être prisonniers. Chose que ne peut bien évidemment pas accepter l'infirmière Ratched. En détaillant chacun des patients de l'étage, du moins ceux dont la présence se révèle concrète (les autres demeurant remisés au fond de la salle et n'étant que subrepticement filmés), Miloš Forman fait le tour de la question de la folie. Du moins, de la manière la plus subjective possible car le film ne s'intéresse pas aux cas les plus critiques de la psychiatrie (la schizophrénie n'est par exemple, pas abordée) mais préfère se pencher sur les rapports humains entre individus ici, supposés de même condition. Vol au-Dessus d'un Nid de Coucou est une œuvre bouleversante, émaillées de scènes tour à tour drôles, rageantes ou émouvantes. Après l'avoir vu, qui pourrait oublier cet éternel fatigué qu'est Bancini (Josip Elic), ce jeune et touchant bègue interprété par Brad Dourif, ce grand chef indien, sourd, muet, et fort comme un roc, cette infirmière en chef insupportable, ou tout simplement McMurphy, ce criminel, au fond, beaucoup plus humain que l'institution chargée de ses soins... ? Un chef-d’œuvre incontournable qui remporta cinq Oscars en 1976 dont ceux du meilleur réalisateur pour Miloš Forman, du meilleur acteur pour Jack Nicholson (un prix qui aurait pu être également décerné à Brad Dourif, Danny De Vito, etc...), et de la meilleure actrice, évidemment décerné à l'incroyable Louise Fletcher. Un monument du septième art à redécouvrir de toute urgence...

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