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jeudi 21 juin 2018

A Woman Under the Influence de John Cassavetes (1974) - ★★★★★★★★★☆



C'est la cinquième fois que l'actrice Gena Rowlands tourne sous la direction de son époux John Cassavetes, et la seconde pour Peter Falk. En Comparaison avec Husbands, réalisé quatre ans auparavant, A Woman Under the Influence semble avoir partiellement fait l'impasse sur la stricte improvisation de certaines scènes clés du cinquième long-métrage de son auteur. Désormais, tout paraît y être sous contrôle. De la mise en scène jusqu'à l'interprétation. Et pourtant, ce qui demeure encore aujourd'hui comme l'une des plus grandes œuvres de John Cassavetes ne trahit aucune concession. Le regard du cinéaste est lucide, sincère, et peu ou pas manichéen. Il exprime cette vérité que d'aucun a l'habitude de camoufler sous le fard divertissant de la fiction. Les personnages, ici, nous semblent familiers. Comme ces voisins de pallier s’entre-déchirant, criant leur désespoir sans se soucier du qu'en dira-t-on. Voyeuriste diront certains tandis que d'autres y verront justement ce cinéma-vérité dont John Cassavetes se faisait le chantre.
Une fois encore, c'est l'occasion pour le cinéaste de laisser éclater le talent de ses interprètes. Peter Falk et Gena Rowlands tenant à bout de bras ce fragile édifice écrit par John Cassavetes lui-même. Un auteur complet, qui n'hésitait pas à prendre des risques. Il y a, de toute façon, un public pour ce genre de spectacle. Il faut bien comprendre que l'on s'éloigne du schéma classique. John Cassavetes instaure un climat très particulier. Presque les fondations du found-footage (si l'on ose dire), caméra portée à l'épaule, mais sans les insupportables gimmicks (sauts d'image, tremblements, etc...). Le cinéaste ne satisfait l'ego de personne. Ou bien alors, inconsciemment celui du fidèle spectateur qui depuis ses débuts, est littéralement subjugué par l’œuvre du maître.

Autant, quatre ans auparavant, on pouvait comprendre le rejet de certains pour un Husbands parfois hermétique. Mais désormais, la moindre excuse n'a plus de valeur marchande. A Woman Under the Influence est une œuvre grandiose. Un chef-d’œuvre bouleversant. Un hymne fait à un duo d'interprètes au sommet de leur art. Le septième long-métrage de John Cassavetes présente un couple au bord de la rupture. Parents de trois très jeunes enfants (dont un Matthew Laborteaux que les fans de La Petite Maison dans la Prairie reconnaîtront puisqu'il y interpréta le rôle d'Albert Ingalls), Nick et Mabel Longhetti paraissent imposer à leur couple des difficultés que l'on aura d'autant plus de mal à comprendre que tout pourrait les rendre heureux, si ce satané démon de l'alcool ne s'était pas interposé entre eux. A Woman Under the Influence, c'est aussi et surtout ce besoin de donner de l'amour que refoule parfois Mabel envers un Nick incapable de le recevoir. John Cassavetes n'attend pas des lustres avant de décrire la lente déchéance du personnage incarné par son épouse à la ville. Dès le début, le malaise s'instaure. Ce besoin irrépressible de tendresse de son héroïne étant contrecarré par l'absence de son époux retenu sur un chantier trouve une solution maladroite qui mettra le feu au poudres et déclenchera une série d'événements dont le plus important sera l'internement de cette mère de famille psychologiquement instable.

Plutôt que de faire de l'alcoolisme de son héroïne le seul responsable de sa déchéance, John Cassavetes offre à son ami Peter Falk un rôle des plus ambigu, et qui ne manque pas d'interroger le spectateur sur sa propre responsabilité. A sa manière, aussi instable que son épouse, Nick manque de cette chaleur dont a besoin Mabel, laquelle la trouve en se réfugiant dans l'alcool. A ce propos, nous noterons l'extrême pudeur du cinéaste qui n'abuse à aucun moment des séquences où son héroïne boit. De même que cette relation adultère alcoolisée ouvrant pratiquement le film nous est épargnée à travers une ellipse. Nous ne sommes pas là pour juger mais pour être les témoins de la destruction partielle d'une cellule familiale, laquelle sera sauvée in extremis. Le duo Gena rowlands-Peter Falk explose littéralement à l'écran. John Cassavetes nous offrant un très grand moment de cinéma.
Il est difficile de rester indifférent devant telle performance. Et même quasiment impossible. Que l'on adhère ou pas, A Woman Under the Influence est une œuvre qui quarante-quatre ans après sa sortie a conservé toute sa force. Un très grand film...

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