Michele Soavi est et
restera sans doute à jamais pour les fans de cinéma d'épouvante le
réalisateur du slasher Deliria (plus connu sous le
titre Bloody Bird)
en 1987 ou de la comédie horrifico-fantastique Dellamorte
Dellamore
en 1994. Pourtant, entre les deux, l'homme réalisa deux
longs-métrages sur lesquels il demeure intéressant de se pencher.
La Chiesa
en 1989 ainsi que La Setta
en 1991 et sur lequel je reviendra sans doute très prochainement...
Sorti sur le territoire français sous le titre Sanctuaire,
le premier des deux s'ouvre sur une séquence situant son action au
Moyen Âge. L'on y découvre des chevaliers teutoniques éradiquer
jusqu'au dernier les habitants d'un village soupçonné de pratiquer
la sorcellerie. Les cadavres sont ensuite réunis dans une fosse,
puis recouverts de terre. Une fois le charnier entièrement comblé
et afin de protéger le site et de faire barrage à tout retour
éventuel à la vie de ses habitants massacrés, une immense croix
est construite au dessus. Puis c'est au tour d'une cathédrale de
voir ensuite le jour. Lieu dans lequel vont se dérouler la majorité
des événements qui par la suite se situeront à notre époque.
Enfin, surtout à la toute fin des années quatre-vingt, à une
période où le cinéma fantastique et d'horreur transalpin semble
devoir se déliter après avoir connu une riche amplitude
s'inscrivant entre les années soixante et cette décennie qui verra
donc le genre péricliter. Michele Soavi est à cette époque et aux
côtés de Dario Argento, un cas relativement isolé. Si ce dernier
continue d'attirer les foules à l'époque avec Opera
ou sa participation aux côtés de l'américain George Romero au
projet Due Occhi Diabolici en
réalisant le segment Il Gatto Nero,
d'autres ont fait tomber le genre dans la disgrâce. Sans être d'une
maîtrise totale dans tous ses compartiments, La
Chiesa
n'en demeure pas moins un exercice de style plutôt intéressant. Du
moins sur certains points. Un soubresaut artistique qui tente de
maintenir l'horreur et le fantastique italiens sur des rails solides.
Réalisateur, scénariste et interprète (on le voit, tout comme dans
Bloody Bird,
incarner le rôle d'un policier), Michele Soavi a le soucis du
travail bien fait. Il demeure cependant dans La
Chiesa
comme dans bon nombre d’œuvres originaires de la Botte une
tendance à l'accumulation de situations dont l'invraisemblance est
renforcée par un montage qui semble être propre au cinéma
italien !
Une
étrange approche de la mise en scène que l'on pouvait déjà
remarquer chez Lucio Fulci et qui ici paraît se démultiplier à
l'envi... Rien de préjudiciable pour quiconque est un habitué mais
le profane, lui, risque parfois de n'y rien comprendre. S'il est un
événement qui par contre est parfaitement identifiable, c'est cette
malédiction qui semble devoir toucher la cathédrale et ses
''usagers''. Un superbe édifice du nom d'Église
Notre-Dame-de-l'Assomption de Budavár, laquelle est toujours située
à Budapest mais qui fut cependant reconstruite à plusieurs
occasions (un incendie la ravagera notamment en 1526 après une
attaque ottomane à l'issue de quoi elle sera transformée en Mosquée
!!!). La Chiesa est
incarné par des interprètes d'horizons diverses, comme le
britannique Hugh Quarshie qui joue le rôle du père Gus, l'américain
Tomas Arana qui lui, interprète celui d'Evan, l'évêque étant
quant à lui incarné par l'acteur italo-américain d'origine russe
Fiodor Fiodorovitch Chaliapine (Michele Soavi le sélectionnant sans
doute après l'avoir découvert dans le chef-d’œuvre du
réalisateur français Jean-Jacques Annaud, Le
nom de la rose).
Quant à l'italienne Barbara Cupisti, elle interprète le rôle la
restauratrice Lisa. Notons la présence d'Asia Argento alors âgée
de seulement quatorze ans dans le rôle de Lotte et dont le père,
Dario Argento, a produit le film. Ou celle de l'acteur Giovanni
Lombardo Radice que les amateurs de cinéma d'horreur connaissent
alors très bien puisqu'il apparu notamment dans Pulsions
cannibales
d'Antonio Margheriti en 1980, Frayeurs
de Lucio Fulci l'année suivante (dans lequel il connu une mort
atroce) ou dans le tout aussi gore Cannibal Ferox
d'Umberto Lenzi la même année et dans lequel il incarna l'ignoble
Mike Logan... La Chiesa
est bourré de bonnes idées pourtant parfois si mal agencées que
l'on se perd un peu dans le récit. Approchant les cent minutes, le
film aurait mérité d'être un peu dégraissé car il a tendance à
tourner en rond dans sa dernière partie. Le film de Michele Soavi
n'en demeure pourtant pas moins un très bon divertissement pour
amateur d'horreur et de fantastique à l'italienne. Quelques effets
gore, une Asia Argento toute mimi, un cadre religieux relativement
saisissant, bref, l'on passera outre l'interprétation sinon
calamiteuse, du moins perfectible d'une partie de ses interprètes
pour se laisser porter par ce récit entre religieux, horreur et
fantastique...
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