Tout amateur de cinéma
de genre se doit d'accorder de son temps chaque fois que le duo
Alexandre Bustillo/Julien Maury revient sur le devant de la scène.
Et ce même s'ils n'ont jamais vraiment marqué l'histoire du
cinéma en dehors de leur première tentative gore en 2007. A
l'intérieur avait
su retourner les estomacs et promettait aux deux hommes une riche
carrière dans le cinéma d'horreur. Livide
en 2011, Aux yeux des vivants
en 2014, Leatherface
en 2017, Kandisha
en 2020 puis The Deep House
l'année suivante. Pas de quoi sauter au plafond mais d'honnêtes
productions, majoritairement horrifiques, contentant la plupart des
spectateurs pas trop regardant sur la mise en scène ou le scénario.
Cette année, les voici de retour avec Le mangeur
d'âmes.
À l'origine, un roman éponyme écrit par le journaliste et
scénariste Alexis Laipsker et publié l'année dernière aux
Éditions
Michel lafon.
Alexandre Bustillo et Julien Maury changent quelque peu de braquet et
s'intéressent au thriller avec cette histoire un peu farfelue dans
laquelle l'on retrouve une commandante de police aux prises avec une
affaire de meurtres d'adultes particulièrement sanglants et de
disparitions d'enfants. Première bonne nouvelle, les deux
réalisateurs ont confié le rôle d'Élisabeth Guardiano à
l'actrice Virginie Ledoyen dont l'imprescriptible charme et le
naturel permanent devrait faire réfléchir toutes celles qui passent
leur temps sur le billard, qui pour se faire raboter le tarin, qui
pour se faire gonfler les lèvres, qui pour se faire injecter du
botox ou se faire lifter ! Le plaisir de retrouver celle qui
tourna aux côtés d'Elie Chouraqui, d'Olivier Assayas, de Benoît
Jacquot, de Danny Boyle, de François Ozon ou de Francis Veber.
Imaginez si le duo lui avait préféré la pleureuse de service et
pathétique Muriel Robin (cette ancienne humoriste qui ne fait plus
rire personne) ou Judith Gode-rêche et son rire de hyène qui pour
se refaire une célébrité est dernièrement réapparue sous les
traits de la nouvelle iconne MeToo...
Deux
''figures'' (j'insiste sur les guillemets) de la scène et de l'écran
dont l'une s'étonne de n'avoir jamais eu de grand rôle au cinéma
(Heu... fillette ! Jean-Marie Poiret t'a offert l'opportunité
de reprendre le rôle de Valérie Lemercier dans Les
visiteurs 2,
t'as vu ce que tu en as fait?) tandis que la seconde, dans l'esprit
''Moi-je'' caractéristique de celles et ceux qui s'auto-intronisent
''êtres d'exception'', réalisait et interprétait récemment
l'hyper narcissique Icon of French Cinema
s'inspirant de sa propre vie. Question : qui s'intéresse
réellement à la vie de Judith Gode-rêche ? Allez, faites un
effort. Levez la main... Non ? Tant pis. Bon, revenons au sujet
qui nous intéresse car j'ai l'impression d'en avoir perdu
quelques-uns en route... Virginie Ledoyen est donc la vedette de ce
Mangeur d'âmes situant
son action dans les Vosges sur différents sites dont l'ancien
sanatorium d'Altenberg situé à Stosswihr dans le haut-Rhin. Œuvre
éminemment noire dont l'ambiance et le climat sont accentués par
l'austère photographie de Simon Roca, Alexandre Bustillo et Julien
Maury nous proposent dès le générique une resucée de
l'angoissante séquence d'ouverture du Shining
de Stanley Kubrick. Même ambiance forestière anxiogène, même type
de musique ici signée par Raphaël Gesqua. Aux côtés de l'actrice
française, le franco-américain Paul Hamy incarne le capitaine de
Gendarmerie Franck De Rolan. Les deux réalisateurs développent tout
d'abord l'idée d'une guerre intestine entre Police et Gendarmerie.
Un fait qui fut parfois avéré lors d'authentiques affaires
criminelles. Ne se départissant pas de leur goût pour
l'hémoglobine, Alexandre Bustillo et Julien Maury nous offrent
quelques sympathiques plans gore lors d'un récit qui par contre
s'avère décevant. Ils vont même jusqu'à employer l'actrice
Sandrine Bonnaire dans un rôle très inhabituel. Maîtrisant
relativement mal l'outil qu'ils ont entre les mains, la crédibilité
est sans cesse remise en question. Frisant même parfois le ridicule
avec cette ''créature'' dont l'existence ne repose que sur la
légende propre à la région où se situe l'action. Récit un peu
confus où intervient en outre le sujet d'une drogue aux effets
dévastateurs, Le mangeur d'âmes
est au final une petite déception...
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