Je m'étais promis qu'un
jour je glisserais le terme Gentrification
dans l'un de mes articles pour ne pas passer par la case ''Grand
Remplacement'' même si l'on peut observer dans un cas comme dans
l'autre le même type de comportement. Datant de 2020, Des
vampires dans le Bronx
d'Osmany Rodriguez fait étonnamment écho avec l'actualité
britannique de ces dernières semaines. Mais comme votre serviteur
n'a certainement pas envie de reléguer un sujet aussi anxiogène que
celui qui frappe nos voisins ''du dessus'', c'est par la case fiction
qu'il a choisi de mettre des mots sur un terme dont la signification
n'est pas forcément connue de toutes et tous. Alors, Gentrification,
kezako ? Pour aller droit au but, disons qu'il s'agit d'une
méthode visant à remplacer les habitants d'un quartier par une
population nettement plus... fortunée ! Et ça tombe bien
puisque le sujet est au cœur de Des vampires
dans le Bronx
dans lequel, on l'aura compris, les habitants d'un quartier du
Bronx seront ''invités'' à vendre leur bien immobilier au profit
d'une tribu de vampires dignes de ceux rencontrés dans l’œuvre
éponyme que John Carpenter réalisa voilà vingt-six ans en arrière.
Des créatures charismatiques (à l'image de Thomas Ian Griffith qui
à l'époque interpréta le maître vampire, Jan Valek), à la tête
desquels trône un certain Frank Polidori (l'acteur américain Shea
Whigham). Des vampires blancs face à une communauté noire ne se
doutant pas du funeste projet qui se prépare derrière la promesse
de mirifiques ventes immobilières. Un peu plus de cinquante ans
après le film culte Blacula
de William Crain en 1972 et sa suite Scream
Blacula Scream
réalisé par Bob Keijan un an plus tard, voici qu'en 2020 le
réalisateur Osmany Rodriguez nous rappelle au bon souvenir de la
riche Blaxploitation,
ce courant culturel propre au cinéma afro-américain qui se
distinguait non seulement par sa volonté de revaloriser la
communauté noire en offrant les principaux rôles à des acteurs de
couleur tout en s'appropriant parfois des thématiques qui jusque là
n'avaient été envisagé que par des cinéastes ou des producteurs
blancs ! Le fantastique n'ayant pas échappé,
pour le bonheur des amateurs de Blaxploitation,
à
cette relecture en ''couleur'' des mythes gravés dans le marbre par
des auteurs tels que Mary Shelley, Bram Stoker ou Robert Louis
Stevenson, l'on vit fleurir des œuvres aussi improbables (mais
néanmoins réjouissantes) que le Blackenstein
de
William A. Levey en 1973 ou le Dr Black, Mr Hyde
de William Crain en 1976...
La
majeure partie d'entre elles ayant d'ailleurs été tournées dans le
courant des années soixante-dix, il arrive parfois que le genre
ressuscite ponctuellement. Comme en 2020, donc, avec Des
vampires dans le Bronx qui
en outre peut être également envisagé comme une version
afro-américaine de ce pan entier du cinéma américain qui fit
d'abord florès dans les années quatre-vingt en conviant dans les
rôles principaux des bandes d'amis adolescents lancés dans de
passionnantes aventures (Les Goonies
de Richard Donner en 1985, Explorers
de Joe Dante la même année ou encore Stand by
Me
de Rob Reiner en 1986)... Prenant donc pour cadre le Bronx, le
long-métrage d'Osmany Rodriguez met en scène trois adolescents de
la communauté afro-américaine qui vont rapidement se rendre compte
que la nouvelle agence immobilière qui vient de s'implanter dans
leur quartier est en réalité un repaire de vampires dont le projet
et de faire partir les habitants afin de prendre leur place. Sous ses
airs de comédie fantastique, Des vampires dans
le Bronx procurera
de doux souvenirs aux amateurs de films de vampires tant il transpire
parfois l'hommage. À commencer par cette agence immobilière du nom
de Murnau
Properties,
laquelle fait bien évidemment référence au réalisateur allemand
Friedrich Wilhelm Murnau qui en 1922 fut l'auteur du chef-d’œuvre
du cinéma fantastique, Nosferatu, eine Symphonie
des Grauens.
Le patronyme du propriétaire de l'agence faisant lui-même référence
à un certain John Polidori qui en 1819 écrivit la nouvelle The
Vampyre !
À chacun, ensuite, de trouver d'autres références, et elles ne
sont pas rares. De quoi en profiter pour réviser ses classiques.
Des vampires dans le Bronx
est au regard de nombre de films du genre, plutôt innocent dans la
forme bien qu'assez sérieux dans le fond. Comme dans tout bon film
de Blaxploitation,
l'homme blanc est décrit comme l'antagoniste du récit. Ce qui en
soit, et justement en terme de Blaxploitation,
n'est pas réellement répréhensible. Tout n'est que question de
point de vue. Les aventures de Miguel, Bobby et Luis (respectivement
incarnés par Jaden Michael, Gerald W. Jones III et Gregory Diaz IV)
ne sont pas désagréables à suivre mais ne sont pas non plus très
innovantes. Bref, on passe un agréable moment de divertissement sans
pour autant être certains d'y replonger un jour...
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