Lorsque Donna Wilkes
accepte de tourner dans Angel
de Robert Vincent O'Neil en 1983, la jeune actrice n'a qu'un peu
moins de vingt-cinq ans. Quasiment un quart de siècle et pourtant,
elle y incarne la toute jeune héroïne de l'histoire. Une étudiante
du nom de Molly Stewart qui le jour use ses fonds de culotte sur les
bancs d'une université tandis que lorsque tombe la nuit, elle se
fait appeler Angel et sillonne les rues de Los Angeles afin de vendre
ses charmes à ses clients. En effet, Molly n'a que quinze ans mais
est contrainte depuis trois ans de se prostituer pour subvenir à ses
besoins. Son père a quitté le domicile conjugal voilà neuf ans. Sa
mère est a son tour partie aux bras de son amant six ans plus tard.
Sa nouvelle famille, Molly l'a trouvée aux côtés du travesti Mae
(l'acteur Dick Shawn), de ''Kit Carson'' (Rory Calhoun) et des
quelques prostituées qui comme elle tentent de gagner leur vie.
Premier volet d'une tétralogie dont le second volet intitulé
Avenging Angel sera
une nouvelle fois réalisé par Robert Vincent O'Neil en 1984 tandis
que le troisième faussement nommé Angel III:
The Final Chapter
le sera par Tom DeSimone en 1988 avant que Richard Schenkman ne clôt
définitivement les aventures de l'héroïne en 1993 avec Angel
4: Undercover,
ce premier long-métrage mêle drame, thriller et policier. Dans un
contexte anxiogène qui est celui de la nuit où se retrouve une
faune hétéroclite pas toujours bienveillante, Molly devient donc
Angel, troquant ainsi sa tenue d'écolière contre des jupes courtes
et des chaussures à talons ! Pourtant bien entourée, la jeune
femme persiste à gagner de l'argent de cette manière bien qu'elle
sache très précisément les risques qu'elle encoure. La police
veille et pourtant, un maniaque sévit depuis plusieurs jours.
S'attaquant exclusivement aux prostituées, ses deux dernières
victimes firent partie de l'entourage de Molly. Incarné par l'acteur
originaire du Queens à New York, Cliff Gorman, le lieutenant Andrews
enquête sur la série de meurtres qui endeuille depuis quelques
temps le monde de la prostitution. Alors que la meilleure amie de
Molly vient d'être assassinée par le tueur fou qui hante les nuits
de Los Angeles, notre héroïne a entre-aperçu le meurtrier quelques
heures plus tôt aux bras de celle-ci...
Désormais,
le lieutenant Andrews compte sur la collaboration de Molly dont il
découvre en outre la vérité sur le mode de vie de la jeune
femme... Angel est
une excellente surprise. Un cinéma typique des années quatre-vingt
dans lequel le réalisateur et scénariste (auprès de Joseph Michael
Cala) décrit un Los Angeles nocturne plutôt inquiétant. L'aspect
dramatique du récit est renforcé par la description de l'existence
de Molly par l'adolescente elle-même. Abandonnée par ses parents,
relativement distante de ses camarades de classe, ''adoptée'' par
des êtres de la nuit assez marginaux (dont un vieux bonhomme
affirmant à qui veut bien l'entendre qu'il est Kit Carson, ce fameux
général du dix-neuvième siècle originaire du comté de Madison
dans le Kentucky qui fut en outre l'un des pionniers de la Conquête
de l'Ouest américain)... Dans le rôle de Molly/Angel, l'actrice
Donna Wilkes dont l'apparente juvénilité passe très bien à
l'écran s'avère remarquablement brillante. On est touché par cette
gamine à peine entrée dans la maturité sexuelle qui pour survivre
paie très cher de son corps. Surtout lorsqu'elle évoque la fuite de
ses parents et que le lieutenant Andrews découvre sa chambre aux
couleurs de l'enfance... Face à ces deux individus qui en matière
de relation sont en général antinomiques, un tueur. Implacable.
Dément. Incarné par un John Diehl qui durant toute sa carrière
aura eu l'opportunité de travailler aux côtés de John Carpenter,
de Joel Schumacher, de Stephen Frears, de Wim Wenders ou de tourner
dans le troisième volet de la franchise Jurassic
Park
réalisé en 2001 par Joe Johnson en lieu et place de Steven
Spielberg après les deux premiers volets. Visage grêlé, attitude
foncièrement mauvaise, taille et carrure imposantes, si le tueur de
Angel
n'est sans doute pas aussi notable et ''charismatique'' que celui
formidablement incarné par Joe Spinell en 1980 dans le film culte de
William Lustig, Maniac
(qui lui situait son action à New York), ce qui par contre rapproche
très clairement les deux œuvres sont ces deux univers parallèles
liés au monde de la nuit. Débauche, sexe, violence, jusqu'à cette
bande musicale non pas signée par Jay Chattaway mais par Craig Safan
et qui donne leur ton glaçant à un certain nombre de séquences
nocturnes. Si Robert Vincent O'Neil relâche parfois la pression lors
des scènes diurnes (la rencontre entre la directrice de l'université
et la... ''mère'' de Molly ou la bagarre entre cette dernière et le
tueur) lorsque vient la nuit, l'ambiance change drastiquement de
caractère. Bref, ce premier volet de la franchise est une excellente
surprise disponible chez nous chez Carlotta...
C'est dingue quand même, rien qu'aux affiches, on devine la décennie dont est issu le film... En particulier les 80's.
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