Avec son titre un peu
ronflant, du moins dans sa version française (Psychose
meurtrière),
le second des deux seuls longs-métrages de fiction qu'aura réalisé
Chris Walas durant toute sa carrière aura eu le mérite de
surprendre. The Vagrant
incarne en effet le visage de ces œuvres dont on n'attend pas grand
chose. D'autant plus que son réalisateur fut trois ans plus tôt en
1989 l'auteur d'une Mouche 2
d'assez piètre qualité. Une suite au chef-d’œuvre de David
Cronenberg sans véritable valeur artistique autre que celle d'avoir
été mise en scène par l'un des spécialistes des maquillages
prosthétiques dans le domaine du cinéma fantastique et d'horreur.
En effet, Chris Walas est tout d'abord connu pour avoir œuvré sur
Scanners réalisé
lui aussi par David Cronenberg, Enemy
de Wolfgang Petersen, Gremlins de
Joe Dante ou encore M.A.L. : Mutant aquatique en
liberté de
Sean S. Cunningham. Attiré par les sirènes de la mise en scène, il
tourne donc en 1989 La mouche 2,
film très en deçà de l'immense remake de La
mouche noire réalisé
par le célèbre réalisateur canadien en 1987. Après avoir ensuite
réalisé un épisode de la série Les contes de
la crypte,
il met à nouveau de côté sa carrière de maquilleur pour mettre en
scène cet étrange objet filmique (presque) non identifié que l'on
rangera dans la même catégorie que le génial After
Hours
de Martin Scorsese même si les deux récits n'ont absolument aucun
rapport. L'un et l'autre ont en ceci de commun qu'ils évoquent une
certaine idée d'un cauchemar éveillé, de folles courses-poursuites
nocturnes, d'univers décalé, tout étant recouvert d'une épaisse
couche d'humour... Signifiant le
vagabond,
The Vagrant
met en scène le génial acteur américain Bill Paxton. Acteur aux
cent rôles trop tôt disparu à la suite d'une intervention
chirurgicale ayant été suivie de complications. Parmi les
personnages les plus remarquablement emblématiques qu'il aura eu à
interpréter, l'amateur aura bien sûr retenu ceux du punk dans
Terminator
de James Cameron, de Hudson dans Aliens, le
retour
lui aussi réalisé par James Cameron, de Severen dans Near
Dark
de Kathryn Bigelow, mais peut-être également celui de Jim Reston
dans le remarquable Brain Dead
d'Adam Simon qui, non, n'a rien à voir avec le film gore que réalisa
le néo-zélandais Peter Jackson la même année !
Bill
Paxton aura en outre réalisé deux longs-métrages dont l'un mérite
d'être évoqué tant il surprend par ses qualités et sa noirceur.
Le bien nommé Emprise
qui dans sa langue d'origine s'intitule Frailty
(ou,
fragilité). Mais pour en revenir à The
Vagrant,
le film de Chris Walas le met en scène dans le rôle d'un employé
parfaitement lisse, d'un amant relativement terne et qui depuis qu'il
s'est installé dans sa nouvelle demeure semble poursuivi par un
horrible vagabond dont l'apparence aurait pu le voir hanter les
coulisses de la franchise Creepshow,
soit dit en passant... Visage et mains très abîmés, œil crevé,
hygiène désastreuse, celui-ci s'introduit chez Graham Krakowski
sans que celui-ci ne l'y ait invité. Très rapidement, Graham
s'inquiète des allées et venues de cet homme épouvantablement laid
et téléphone régulièrement aux autorités afin qu'elles viennent
chasser l'inopportun de sa demeure. Notons que la police est ici
incarnée par Derek Mark Lochran mais aussi et surtout par Michael
Ironside qui outre sa participation à de nombreux projets
cinématographiques est surtout connu des téléphages pour son rôle
de Ham Tyler dans la série culte de science-fiction, V.
Le vagabond est quant à lui incarné par l'acteur Marshall Bell,
lequel s'y exprime généralement à travers des borborygmes
incompréhensibles... On distingue deux étapes dans The
Vagrant.
La première consistant en un melting-pot entre comédie et thriller
pas toujours très convainquant. Le film, en ayant le cul entre deux
chaises, bat le chaud et le froid et l'on ne sait jamais s'il faut
s'inquiéter de la présence de ce clochard relativement agressif ou
s'il faut en rire malgré sa supposée relation avec un meurtre qui
vient d'être commis dans le quartier où est installé notre héros.
Les choses prennent ensuite une tournure inattendue, certes, mais
sacrément bienvenue. Prenant la fuite afin d'échapper
définitivement à son ''harceleur'', Graham plonge désormais dans
un univers totalement loufoque et décalé. Le film affiche alors son
véritable caractère de comédie délirante qui aurait pu devenir
culte si son réalisateur n'avait pas tant tardé à changer de
braquet. L'on rencontre au fil du récit d'étranges personnages,
comme Ray (Teddy Wilson), un vieil homme aveugle et propriétaire de
ce qui semble être un camping en plein désert ou Doattie (Patrika
Darbo), une voisine obèse mais très charmante de Graham une fois
celui-ci installé comme gérant du camping... Sans oublier la très
belle Mitzi Kapture dans le rôle d'Edie Roberts, la fiancée de
Graham, dont l'attitude ne cesse ici de nous étonner.... Bref, The
Vagrant
est une excellente surprise. Entre comédie, macabre et thriller, le
film devient subitement passionnant durant sa seconde moitié. À
voir, donc...
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