Vu que l'anthologie
Masters of Gialli est un
concept qui ne semble pas avoir encore inspiré un quelconque
créateur de séries télévisées, inclure l'immense réalisateur
italien Dario Argento dans la série américano-canadienne Masters
of Horror
s'avérait une nécessité. Après avoir offert durant presque trois
décennies nombres de formidables longs-métrages horrifiques, il
était temps d'honorer de sa présence l'anthologie créée en 2005
par le cinéaste et producteur américain Mick Garris. Le réalisateur
derrière lequel se cachent notamment plusieurs adaptations
télévisuelles de l'écrivain Stephen King et parmi lesquelles on
compte Le fléau
en 1994 ou Shining
en 1997. Une mini-série plus proche des visions du plus prolifique
auteur de romans d'épouvante américain que l'adaptation de
l'ouvrage éponyme réalisé en 1980 par Stanley Kubrick ! Deux
saisons de Masters of Horror
verront le jour entre 2005 et 2007, une troisième ayant été
diffusée en 2008 cette fois-ci sous le titre Fear
Itlself.
Nous ne retiendrons donc que les deux premières, constituant un
groupe de vingt-six épisodes qui virent les plus grands noms du
cinéma d'horreur et d'épouvante participer au projet. S'il en
manque évidemment beaucoup (George Romero ne participera notamment
pas à l'aventure), les amateurs du genre auront le plaisir et
l'occasion de retrouver Don ''Phantasm''
Coscarelli, lequel ouvrira le bal en tournant le tout premier épisode
La Survivante (Incident
On and Off A Mountain Road),
Stuart ''Re-Animator''
Gordon, Tobe ''Texas Chainsaw Massacre''
Hooper, Joe ''Piranhas''Dante
ou encore John ''The Thing''
Carpenter. Mick Garris lui-même réalisera le cinquième épisode de
la première saison et le huitième de la suivante. Après avoir mis
en scène Jenifer,
quatrième épisode sur les vingt-six, Dario Argento sera à nouveau
de la partie lors de la seconde saison puisqu'il réalisera l'épisode
J'aurai leur peau
(Pelts)
dans lequel interviennent John Saxon dans le rôle d'un ''redneck''
du plus bel effet dont le métier de braconnier va lui coûter très
cher ainsi qu'à son fils Larry qu'interprète Michal Suchaneck. Mais
la vedette de J'aurai leur peau,
c'est tout d'abord l'acteur Meat Loaf, célèbre chanteur américain
qui dans le cas présent incarne un épouvantable bonhomme. Jake
Feldman est en effet un directeur de manufacture de fourrures
ventripotent et totalement obnubilé par une jolie strip-teaseuse.
Rêvant de gagner beaucoup d'argent grâce à la confection et à la
vente d'un manteau à base de fourrures de ratons-laveurs, il ne se
doute pas que les peaux qu'il vient d'acquérir de bien malhonnête
façon sont maudites et sèment la mort autour d'elles...
Avec
J'aurai leur peau,
Dario Argento abandonne son genre de prédilection (ce qui est
d'ailleurs le cas depuis quelques années et notamment avec sa vision
personnelle et ratée du Fantôme de l'Opéra (Il
Fantasma dell'opera))
et réalise ici un moyen-métrage que ses fans ainsi que les autres
retiendront sans aucun doute d'abord pour ses excès gore. Il faut
dire que le maquilleur Greg Nicotero et ses collaborateurs n'y vont
pas avec le dos de la cuillère. Le futur producteur de la série
télévisée The Walking Dead
semble avoir les mêmes prédispositions qu'un certain Tom Savini
pour les maquillages gore les plus démonstratifs. Le moyen-métrage
de Dario Argento repose donc moins sur ses qualités narratives ou
scénaristiques que sur la débauche d'effets sanglants, laquelle
participe de l'intérêt d'un épisode qui sinon aurait sans doute
possible été assez peu remarquable dans la carrière de son auteur.
On notera la présence au générique de Claudio Simonetti, l'un des
fondateurs du groupe de rock progressif culte Goblin
qui offre à l’œuvre de Dario Argento son ambiance parfois
envoûtante avec son piano et ses nappes arabisantes. Le réalisateur
en profite pour y injecter quelques petites touche d'érotisme à
travers le personnage de Shanna qu'interprète l'actrice Ellen
Ewusie. La strip-teaseuse en question, au corps superbe, véritable
objet de fantasme de la part d'un Jack/Meat Loaf que l'on pourrait
comparer au méprisable détective privé Loren Visser (l'acteur M.
Emmet Walsh) du tout premier long-métrage des frères Joel et Ethan
Coen, Blood Simple
en 1984. Récit creux, mise en scène réduite au minimum (pas
d'effet de caméra spectaculaires), dans la carrière de Dario
Argento J'aurai leur peau se
montre étonnamment gore (Même si à l'époque de sa sortie, Tenebre
était déjà relativement sanglant). Un visage défoncé à l'aide
d'une batte de base-ball, une autre coupée en deux par un piège à
loups, un troisième homme qui s'ouvre le ventre à l'aide d'une
paire de ciseaux avant d'en extraire ses intestins, etc... De ce côté
là, Dario Argento se montre particulièrement généreux. Au final,
le moyen-métrage du réalisateur italien n'est ni le meilleur ni le
pire de ce qui fut produit pour l'anthologie Masters
of Horror.
Crade, parfois glauque (la vision des mouches se repaissant du visage
défoncé de John Saxon), voilà ce que l'on retiendra tout d'abord
du moyen-métrage...
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