Il y aurait beaucoup,
mais alors vraiment, beaucoup de choses à raconter sur ce curieux
long-métrage italo-hispanique réalisé par l'espagnol Alfonso
Balcazar sorti chez nous le 7 janvier 1972. Une année qui vit tout
de même la sortie du sublime The Other
de Robert Mulligan qui, je l'avoue, n'a rien de commun avec La
Casa de las Muertas Vivientes si
ce n'est que les deux longs-métrages flirtent chacun à leur manière
avec l'épouvante. D'un côté comme de l'autre, apportant leur lot
de traumatismes. Des blessures psychologiques engendrées par le
premier à travers l'incroyable histoire de deux frères jumeaux et
par l'état de stase dans lequel nous plonge le second. Il faut dire
que Alfonso Balcazar ne semble pas être le meilleur réalisateur à
même de nous conter cet étrange cas de mort par accident dont le
souvenir va réveiller l'âme et la conscience de celui (et celles)
qui en fut le témoin. Une jeune femme, apparemment prise de vertiges
est effectivement passée par dessus la balustrade en bois d'un
escalier pour aller s'écraser et mourir un étage plus bas. Tout
ceci sous les regards plus ou moins éberlués de son époux, et des
sœur et belle-mère de celui-ci ! Un an passe et l'ex mari en
question s'est remarié avec Ruth (l'actrice Daniela Giordano) dont
le prénom, il est vrai, aurait nettement mieux sied à la belle-mère
Sara (Nuria Torray) dont les appétits sexuels envers son beau-fils
Oliver (José Antonio Amor) semblent insatiables. La conviant à
venir s'installer dans la luxueuse demeure des Bromfield (le
patronyme du marié en question et de sa nouvelle épouse), Ruth est
accueillie on ne peut plus froidement par Sara et Jenny (personnage,
au fond, relativement secondaire interprété par Teresa Gimpera) qui
n'est autre que la sœur d'Oliver. Au point que des événements
auxquels participent les spectateurs que le réalisateur espagnol
choisi de prendre à témoin ne laissent aucun doute sur la
machination qui semble avoir été mise en route afin de nuire à la
jeune mariée. Un adorable petite chaton meurt sous ses yeux ?
Voilà Ruth hurlant à pleins poumons pour découvrir quelques
instants plus tard en compagnie d'Oliver et des deux mégères que la
petit boule de poils est bien vivante. Il manque au volant d'une
voiture les clés qui permettraient à la jeune femme d'aller faire
un tour en ville ? Quelques secondes plus tard, le même Oliver
lui montre preuve à l'appui que le trousseau est toujours raccordé
au contact du véhicule...
Quelques
chose ne tourne donc pas très rond dans cette demeure à l'hostilité
presque palpable. Mais plutôt que de cultiver le mystère, Alfonso
Balcazar préfère nous placer du côté de Ruth et faire des
spectateurs des témoins à décharge. Que l'idée soit
bonne ou non, l'une des principales faiblesses de La Casa de
las Muertas Vivientes est
qu'il ne s'y passe pas grand chose durant au moins deux bons tiers de
long-métrage. Le réalisateur tente bien d'instaurer un climat de
confusion, d'hostilité et de malaise parmi les quatre personnages
mais cela n'empêche pas le récit de traîner en longueur. Si
quelque chose ou quelqu'un semble vouloir faire passer Ruth pour une
dingue, ce sont bien les trois autres qui paraissent n'avoir pas
toute leurs facultés mentales. Sara demeurant peut-être la pire de
tous, se comportant en véritable nymphomane, évoquant lointainement
l'inceste même si elle n'est que la belle-mère d'Oliver. Un
contexte relativement malsain, entretenu de manière presque
obsessionnelle par Alfonso Balcazar dont le scénario ne paraît pas
devoir s'écarter d'un iota de ses ambitions premières :
cultiver une ambiance trouble et délétère et même quasiment
nécrophile puisqu'à lui seul, le titre du film un brin mensonger,
évoque moins des hordes de morts-vivants déferlant sur la propriété
des Bromfield que la présence entre les murs de l'ex-épouse Helen
(l'actrice Gioia Desideri) pourtant morte et enterrée un an
auparavant. Le compositeur italien Piero Piccioni signe une partition
musicale qui elle est par contre plutôt efficace. On pense notamment
à la séquence particulièrement morbide lors de laquelle Sara
s'introduit de nuit dans le lit du couple pour y prendre la place de
Ruth. Point culminant d'une œuvre qui enfin se réveille même si
l'on constatera (malheureusement) que l'acte de déviance extrême
qui en découlera ne sera que pur fantasme de la part de la
belle-mère. Si l'on ne devait retenir qu'une séquence, il s'agirait
bien de celle-ci. Conséquence logique, bien que trop tardive, d'une
lente dérive psychologique. La participation de la domestique Clara
(la charmante Alicia Tomas) et du faux oncle mais véritable
détective privé (l'acteur Osvaldo Genazzani) parviennent
malheureusement assez mal à donner de l'épaisseur à un récit qui
tourne un peu trop autour du même sujet. Une curiosité qui dans ses
derniers retranchements s'approprie même certains codes du giallo...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire